
François Hollande a été hué et insulté par des éleveurs peu après son arrivée samedi au Salon de l'agriculture, qui s'ouvre dans un climat de crise profonde.
« Si je suis là aujourd'hui c'est pour montrer qu il y a une solidarité nationale », et « on va tout faire » pour aider l'agriculture, car « en défendant l'agriculture je défends toute la nation », a déclaré le président, accueilli à 6 h 46 par le président de la FNSEA Xavier Beulin. « Vous arrivez dans un contexte difficile. Un contexte de crise profonde. Elle dure », et « il y a beaucoup de désespérance, beaucoup de colère », lui a confié Xavier Beulin, entouré de membres du syndicat drapeaux à la main.
Mais le calme n'a pas duré : une heure après le début de sa visite, des éleveurs, revêtus pour certains de t-shirts noirs, ont hué le président en scandant « Démission », a constaté l'AFP. « C'est l'état d'urgence pour l'élevage ! », lance l'un d'eux. « Bon à rien », « on n'est pas des migrants », « connard », « fumier » et autres insultes ont fusé tandis que le président progressait au milieu d'une haie hostile d'éleveurs. « Il s'en fout complètement de nous », clame un autre. « Ça fait un an qu'on mène des actions en France, personne ne nous écoute », renchérit un troisième.
Avec l'effondrement généralisé des cours agricoles qui frappe en particulier les éleveurs, plus de 40.000 exploitations sont en situation d'extrême urgence, selon Stéphane Le Foll. Plus de 60.000 (sur 490.000) ont réclamé de l'aide alors qu'un éleveur de porcs, en Bretagne, perd jusqu'à 6.000 euros par semaine.
« Le cœur n'y est pas »
Stéphane Le Foll, accablé par des sondages défavorables (73 % des Français jugent qu'il a un bilan négatif, selon OpinionWay pour le Figaro, et 53 % disent qu'il est « plutôt un mauvais ministre » selon Odoxa pour Le Parisien et France Info), et le Premier ministre Manuel Valls n'ont rien ménagé ces derniers jours pour calmer les esprits à l'approche de ce rendez-vous annuel. Même le commissaire européen, l'Irlandais Phil Hogan, est venu jeudi à la rescousse, pour assurer les agriculteurs français de sa détermination à trouver des solutions.
Malgré le désespoir ambiant, les professionnels n'ont pas boycotté ce salon, foire-exposition de l'excellence des terroirs français et d'un modèle qui s'interroge sur son avenir. « On y va même si le cœur n'y est pas. C'est souvent la seule semaine de vacances des agriculteurs, mais ils sont à fleur de peau » confie Florent Dornier, secrétaire général de Jeunes agriculteurs (JA). « C'est peut-être un des salons les plus compliqués depuis 20 ou 30 ans ». « Les politiques, il va falloir qu'ils fassent très attention à ce qu'ils nous disent. Il y a un risque de douche froide », a-t-il prévenu.
Par ailleurs le contexte sécuritaire et l'état d'urgence ont réduit les festivités : outre les contrôles renforcés aux entrées, les nocturnes et la soirée des professionnels, le jeudi, ont été annulées. Pourtant, à l'approche du compte-à-rebours électoral de 2017 et en vue des primaires à droite, plus que jamais le rendez-vous du Salon sera aussi celui des politiques - surtout de l'opposition - qui vont fouler en rangs serrés les allées parmi les près de 700.000 visiteurs attendus jusqu'au 6 mars. Entre taureaux de compétition et bêtes à concours, se glisseront ainsi Manuel Valls lundi matin, et dans l'opposition Marine Le Pen (mardi), Nicolas Sarkozy et François Fillon (mercredi), Alain Juppé (jeudi) et Bruno Le Maire, ancien ministre de l'agriculture qui a prévu un triplé minuté - lundi, mardi, mercredi. A tous, la FNSEA a adressé un questionnaire en 13 points sur les problématiques agricoles. « Ceux qui n'auront pas répondu feront mieux de ne pas s'arrêter à notre stand » prévient Xavier Beulin. « Le cul des vaches, le petit verre qui va bien et le sourire sur photo... aujourd'hui on est sur autre chose » avertit-il carrément.
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