
Savoir quoi distribuer à ses vaches en pleine sécheresse sans voir son bilan fourrager virer au rouge, c’est tout de suite du stress en moins. Eva en élevage livre ses sept conseils pour gagner en efficacité et en sérénité.
Baisse de production laitière, diminution de la fertilité, fonte des stocks fourragers, ralentissement de la pousse de l’herbe, arrivée timide et tardive des pluies, discours répétés sur la sécheresse estivale à venir… Les évènements récents ne sont pas optimistes. Pourtant, les sécheresses s’anticipent. Retrouvez ci-dessous sept conseils pour vous aider à passer le cap :
Instaurer une ration hivernale en été
Selon les régions et la pluviométrie passée et annoncée, certains troupeaux voient leur temps de pâturage baisser. Le choix est fait, pour ceux qui sont sortis à l’herbe tôt, de rentrer les vaches en bâtiment. Instaurer une ration hivernale en plein été est donc une solution. Selon les stocks disponibles, l’ouverture des silos d’ensilage (en priorité ceux de 2022, s’il en reste !) est à privilégier, avec un complément de bon foin fibreux fin.
Pour s’affranchir au maximum de concentrés à l’auge, la mise en place d’affouragement en vert de prairies plus lointaines du siège d’exploitation est une solution à envisager. L’intérêt d’instaurer une ration hivernale dès maintenant est de ressortir les animaux dès les premières pluies et repousses de fin d’été.
Valoriser les stocks sur pied
La technique de pâturage en report de stock sur pied consiste à laisser épier certaines parcelles, sans les pâturer et sans les récolter, pour faire pâturer les animaux à une période de baisse de production fourragère. Cette pratique est adaptée aux animaux aux besoins modérés, comme des vaches taries, des vaches allaitantes en gestation ou des génisses pleines. L’herbe ainsi disponible est plutôt équilibrée puisqu’elle est à la fois épiée et fibreuse, mais aussi tendre aux pieds. Un des avantages de cette technique est la réduction des charges de mécanisation.
Les études en fermes expérimentales montrent que, même si les performances zootechniques sont peu impactées, les techniques de mise à l’herbe sont à préciser pour bénéficier d’un pâturage efficace : hauteurs d’herbe en entrée, espèces herbacées utilisées…
Condamner une parcelle pour laisser reposer les autres
Si vous souhaitez laisser le troupeau accéder à l’extérieur, il est judicieux de condamner une parcelle de pâturage pour qu’elle devienne « parcelle parking ». Cela permettra de laisser les autres parcelles du circuit de pâturage se reposer. L’objectif est de laisser les prairies se reposer au minimum 30 jours, et dans l’idéal 60 jours, afin de profiter d’une repousse d’herbe conséquente. Le pâturage d’automne n’en sera que meilleur. Il faudra cependant prévoir de sursemer la parcelle parking à l’automne, avec des espèces agressives.
Diversifier les mélanges prairiaux de l’année suivante
Le ray-grass est sensible à la sécheresse. Il n’est donc pas judicieux de le choisir comme unique graminée dans le mélange prairial. Incorporer des dactyles et des fétuques est intéressant pour assurer une production au printemps et à l’été. Quant aux légumineuses, plus les variétés seront variées, plus elles auront la chance de s’implanter et de tirer profit les unes des autres.
En parallèle, l’utilisation de plantes à tanins est recommandée, toutes proportions gardées. On peut citer pour les plus connues : le plantain, la chicorée, mais aussi le sainfoin, le lotier et le trèfle violet ! Il a été prouvé qu’un apport de tanins végétaux permet d’améliorer la valorisation des protéines de la ration dans des situations où l’azote soluble est suffisant.
Installer des prairies sous couvert de méteil
Si vos prairies ont souffert d’été trop sec ou d’un surpâturage, il est possible de les renouveler en semant une prairie sous couvert de méteil. L’objectif est double : sécuriser le rendement de printemps avec la récolte du méteil et renouveler la prairie. Cette pratique permet de réaliser un semis jusqu’à fin octobre, limiter le salissement grâce à un bon couvert hivernal et gagner en productivité fourragère. Il a été prouvé que le méteil améliore la productivité de la prairie en première année. Le méteil ne gêne donc pas la mise en place de la prairie, qui ne perd pas en productivité les années suivantes.
Intégrer des coproduits dans la ration
Les coproduits, déchets issus des industries agroalimentaires, ont des valeurs alimentaires intéressantes pour l’élevage et l’engraissement. Intégrer des biscuits permet de rehausser les valeurs énergétiques, de matière grasse et d’amidon dans les rations. Il est nécessaire de vérifier l’intérêt économique avant d’intégrer les coproduits. D’autant plus, que leur disponibilité dépend des saisons, des écarts de tri en usines. Connaître les valeurs alimentaires du coproduit acheté et estimer la marge sur coût alimentaire dégagée sont deux étapes essentielles avant de s’engager.
Tenter des cultures fourragères courtes
Les éleveurs les plus audacieux pourront tenter les cultures fourragères courtes à l’été, comme le moha, le millet perlé, le teff grass ; ou encore du colza en septembre. Ces dérobés estivales nécessitent eau et chaleur pour exprimer leur potentiel.
Réserver une surface restreinte à leur implantation peut permettre de prendre le relais du pâturage pendant quelques semaines. Semées en fin de printemps ou tout début d’été, entre deux cultures principales, elles permettent un pâturage entre un à trois passages. Attention aux coûts de semences qui peuvent s’envoler.
Ensilage 2025 : Combien vaut un hectare de maïs sur pied ?
« Ensiler 38 ha de maïs, c’est rentrer l’équivalent de 75 000 € de stock »
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
Quelle évolution du prix des terres en Bretagne en 2024 ?
Facturation électronique : ce qui va changer pour vous dès 2026