
Dans le Tarn, le groupement vétérinaire Vetoccitan a acquis un analyseur AgriNIR afin de parfaire son offre de conseil. Le suivi concerne aussi la reproduction ou les cellules.
NOS CLIENTS ÉLEVEURS SONT DE MIEUX EN MIEUX FORMÉS. Ils demandent un conseil plus poussé mais indépendant, notamment en matière de nutrition », constate Mathieu Taveau, vétérinaire à Sémalens (Tarn). Il travaille avec trois associés et la moitié de l'activité concerne l'élevage laitier et allaitant. Fort de ce constat, le vétérinaire a développé des formules de suivi de troupeaux depuis trois ans. Elles se déclinent par thèmes : reproduction, nutrition, mammites et qualité du lait. Les éleveurs peuvent choisir un service à la carte, en fonction de leurs besoins. À titre indicatif, le forfait global, qui englobe l'ensemble du suivi, coûte 30 €/vache/an. Ce mode d'entrée dans l'élevage a des impacts forts sur la santé du troupeau. Si l'éleveur le sollicite pour un suivi de reproduction par exemple, Mathieu sait qu'il va très vite être amené à parler avec lui de la ration. De la même manière, quand il intervient pour suivre la nutrition, il règle simultanément des problèmes de métrites ou de chaleurs non vues.
« Les éleveurs ont le choix entre différents interlocuteurs pour la gestion de l'alimentation, de la reproduction ou des cellules, poursuit Mathieu. Et s'ils ne pensent pas spontanément au vétérinaire pour la nutrition, ils savent maintenant que nous avons suivi une formation pointue dans ce domaine. La connaissance des maladies, l'approche scientifique ainsi que l'indépendance vis-à-vis de la vente d'aliments sont des atouts que les éleveurs recherchent. » Le plus souvent, le forfait prévoit une visite mensuelle du vétérinaire. « C'est un moment privilégié car nous sortons de l'urgence. L'approche est trèsdifférente et les éleveurs apprécient. » En dehors de cette visite, les échanges sont permanents. Mathieu travaille avec des logiciels, tels Vet'Elevage et Larelev, et demande aux éleveurs de lui transmettre les informations dont ils disposent. Pour le suivi des mammites, par exemple, il analyse les données du contrôle de performances. Ceci lui permet d'identifier les sources de contamination et de mettre en place des stratégies de prévention, notamment grâce à la méthode de « traite dynamique ». Chose impossible quand il n'intervient que ponctuellement sur les récidives ou les cas graves.
LA RAPIDITÉ D'AGRINIR PERMET D'ÊTRE RÉACTIF
En matière de nutrition, le vétérinaire utilise un ensemble d'outils : prises de sang, analyse des bouses et de la ration, analyse informatique des taux… En cas d'évolution transmise par l'éleveur, il peut proposer une adaptation de la ration, même sans se déplacer. Parce qu'il connaît l'élevage.
Pour l'analyse des fourrages, Mathieu butait sur un problème de délai d'obtention et de fiabilité des résultats. « Il faut trois semaines. C'est trop car, quand on ouvre un nouveau silo, par exemple, les changements de composition sont immédiats. » Dans le Tarn où l'ensilage de maïs constitue la base de la ration toute l'année, il n'est pas rare de voir les taux d'amidon du silo passer de 20 à 30 %. Cela nécessite une réaction. Il est donc crucial de connaître rapidement la valeur de ces fourrages. « J'observais que certains résultats d'analyse infrarouge paraissaient douteux, peut-être du fait de calibration des appareillages avec des fourrages prélevés hors de notre secteur. »
Pour remédier à cette difficulté, le groupement vétérinaire auquel Mathieu Taveau appartient s'est équipé de l'analyseur infrarouge AgriNIR. Cet appareil peut mesurer instantanément la composition d'un échantillon de fourrage. « Nos cliniques vétérinaires, quatre situées dans le Tarn et une dans l'Aveyron, ont décidé d'acheter l'appareil. C'était indispensable car l'investissement se monte à22 500 €. S'y rajoutent les frais annuels de 5 000 € pour la calibration et environ 2 000 € pour la maintenance. Le matériel est arrivé à l'automne dernier », raconte le vétérinaire.
Durant l'hiver, il a tourné dans le Tarn, changeant de clinique chaque semaine. Un peu éloigné, le cabinet de l'Aveyron envoyait ses échantillons aux autres pour les analyser. La calibration de l'appareil avec des fourrages issus de la région où seront faites les analyses est primordiale. « Sans cela, les résultats ne sont pas fiables », précise Mathieu Taveau.
ANALYSE ÉCONOMIQUE
Prochaine étape pour Mathieu : approfondir l'analyse économique. Car il ne se trompe pas sur la finalité de la performance technique. En alimentation, ses calculs de ration tiennent compte du coût des différents ingrédients. À l'éleveur de choisir. Il organise aussi des réunions pour mettre en avant l'impact économique des décisions. Car si l'effet d'une dégradation des taux cellulaires peut vite se traduire sur la paie de lait, celui d'une mauvaise reproduction est moins net à première vue. Il s'agit notamment d'expliquer le coût d'un retard de gestation ou d'une insémination tardive. Cette stratégie va clairement dans le sens d'une certaine vision de l'évolution de son métier, que Mathieu partage avec certains confrères. « Nous ne sommes pas là que pour jouer les pompiers et prescrire des traitements. Nous disposons des compétences et de l'indépendance nécessaires pour offrir un service performant aux éleveurs en proposant une médecine de troupeau, en plus des soins individuels. » Si certains éleveurs restent réticents à l'idée de payer le conseil, d'autres, de plus en plus nombreux, y trouvent de l'intérêt.
PASCALE LE CANN
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