
Confrontée à un taux de mortalité anormalement élevé, l'exploitation du lycée de la Motte-Servolex (Savoie) a mis en place, avec son vétérinaire traitant, un protocole de soins visant à renforcer l'immunité de ses veaux.
DEPUIS QUATRE ANS, le troupeau laitier du lycée agricole de La Motte-Servolex est confronté à une recrudescence de pathologies diarrhéiques sur des veaux âgés de deux à trois semaines. Ces diarrhées, ayant entraîné des retards de croissance et des taux de mortalité supérieurs à 10 %, ont conduit à lutter sur plusieurs fronts. Les diarrhées peuvent être provoquées par des virus (rotavirus, coronavirus), des bactéries (E. coli), des parasites (cryptosporidies, coccidies) ou des agents infectieux, comme les salmonelles ou le virus de la diarrhée virale bovine (BVD). « Ce n'est pas en observant une diarrhée que l'on peut définir l'origine de la pathologie, explique François Roulleau. La première étape du diagnostic consiste donc à faire une analyse des déjections. »
PRÉCOCITÉ RIME AVEC EFFICACITÉ
Sur l'exploitation du lycée, l'analyse a mis en évidence la présence du rotavirus. La multiplication de ce virus dans les cellules de l'épithélium de revêtement de l'intestin se traduit par une baisse des capacités de digestion et d'absorption des nutriments. « L'intervention d'urgence consiste à mettre en place une réhydratation orale ou intraveineuse dès l'apparition des premiers symptômes. La précocité de la détection est déterminante pour l'efficacité du traitement. C'est une difficulté sur l'exploitation du lycée où la main-d'oeuvre est nombreuse, mais souvent inexpérimentée. Or, il faut intervenir dès que la queue est souillée. L'apparition de la diarrhée traduit des pertes en eau et en minéraux. Si l'animal est couché et n'a plus le réflexe de succion, il est en phase de déshydratation déjà avancée et il faudra trois, parfois cinq perfusions pour le remettre sur pieds. » Cette réhydratation n'empêche pas les retards de croissance et a un coût élevé, tant en termes de prix du traitement que de temps passé. La vigilance accrue de chacun sur l'expression clinique des diarrhées s'accompagne donc d'un programme de prévention qui vise à réduire l'exposition des veaux au virus, en optimisant les conditions d'élevage, et à leur assurer un haut degré d'immunité. Pour le nouveau-né, les anticorps présents dans le colostrum sont la source la plus importante de l'immunité. Dans les premières heures qui suivent le vêlage, son intestin est perméable aux anticorps présents dans le colostrum qui, de cette façon, passent dans le sang et lui confère son immunité. Il faut s'assurer qu'il reçoit 1,5 à 2 l de colostrum dans ses deux premières heures de vie, puis un deuxième repas de 1,5 à 2 l dans les six heures après la naissance. Douze heures plus tard, la quantité d'anticorps qui passe dans le sang est divisée par deux, car l'intestin renforce son imperméabilité. Passé un délai évalué à seize heures après le vêlage, la paroi de l'intestin s'imperméabilise et la prise de colostrum devient inefficace. On estime à 50 % le taux de mortalité des veaux n'ayant pas reçu cet apport de colostrum. « À la suite d'un vêlage au beau milieu de la nuit,c'est une erreur d'attendre le lendemain matin pour s'assurer de la prise de colostrum », souligne François Roulleau.
Le protocole de soins mis en place sur l'exploitation prévoit la vaccination des vaches et des génisses en gestation afin d'augmenter la concentration du colostrum en anticorps actifs contre le rotavirus. Cette vaccination n'est pas automatique. Son intérêt est réévalué chaque année lors du bilan sanitaire, au regard des résultats d'analyse.
« Par ailleurs, le vaccin n'est efficace que si la mère est réceptive, précise François Roulleau. C'est-à-dire qu'elle ne doit pas être en situation d'immunodéficience liée au parasitisme, notamment à la douve, ou de carence en vitamines et oligoéléments. Selon le vaccin et l'état de l'animal, l'inoculation interviendra entre trois mois et trois semaines avant la mise bas. »
RÉDUIRE L'EXPOSITION AUX INFECTIONS
Le virus peut être présent sans provoquer de troubles. L'expression clinique des diarrhées repose sur l'équilibre entre le nombre d'agents infectieux et les conditions d'élevage.
Au lycée, les vêlages groupés sur une courte période (juillet-août) et l'émergence avérée par les analyses d'épidémies de cryptosporidiose favorisent les diarrhées. Une situation qui renforce l'intérêt pour la vaccination. « Mais celle-ci n'est efficace que si de bonnes conditions d'élevage sont réunies. Pour que les défenses des veaux soient optimales, il faut qu'ils soient dans une ambiance bien ventilée, sans courant d'air, jamais inférieure à 5°C pour les moins de 15 jours, et l'alimentation lactée distribuée à une température proche de la mamelle, ce qui peut être une vraie difficulté en Savoie. »
JÉRÔME PEZON
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Maïs fourrage : « Un silo mal tassé monte rapidement à 15 % de freinte »
Le marché du lait Spot s’agite avec la rentrée
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
L’Iddri suggère de briser « l’ambivalence » des chambres d’agriculture en matière de transition agroécologique
Pourquoi la proposition de budget de l’UE inquiète le monde agricole