UNE NOUVELLE GRILLE POUR REPÉRER LES VACHES À MAMMITES

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Orne Conseil Élevage lance, auprès de ses adhérents, de nouveaux critères pour déceler les femelles susceptibles de développer une mammite. Il place la barre à 200 000 cellules par millilitre, contre 800 000 jusque-là.

LES COMPTAGES CELLULAIRES INDIVIDUELS sont les premiers repères utilisés dans la gestion des mammites. À partir de leurs résultats, les organismes de conseil en élevage classent la vache dans l'une de ces trois catégories : « vache saine » pour moins de 300 000 cellules/ml, « vache douteuse » entre 300 000 et 800 000 cellzules et « vache infectée » au-delà. Ces repères techniques ont été établis en 1984. Le deuxième niveau permet à l'éleveur d'être en alerte, le troisième de prendre l'animal en charge si une mammite ne s'est pas encore déclarée.

SOUS L'IMPULSION DES PUBLICATIONS INTERNATIONALES

« Ces seuils sont obsolètes, estime Élodie Blin, d'Orne Conseil Élevage (OCL). Des études réalisées dans plusieurs pays montrent qu'au-dessous de 100 000 cellules/ml, le risque que la vache soit infectée est très faible. Au-delà, plus le résultat cellulaire augmente, plus le risque de contamination par un germe pathogène est grand. C'est ce qui a conduit l'Allemagne à fixer le seuil de basculement de “vache saine” vers “vache infectée” à 100 000 cellules et les États-Unis à 200 000 cellules. » Face à la convergence des analyses recensées hors de l'Hexagone (voir page suivante), Orne Conseil Élevage a décidé récemment de réviser ses références. L'organisme vient d'achever la formation de ses conseillers et lance deux nouveaux seuils de repères dans les élevages, l'un pour les multipares, l'autre pour les primipares. Il lui reste à adapter son outil informatique à cette nouvelle grille.

Quelle est-elle ? « Nous supprimons la catégorie “vache douteuse ”, ce qui permet d'être plus précis, et instaurons à 200 000 cellules le seuil de détection des multipares potentiellement contaminées par une bactérie, répond Élodie Blin.

Certes, comme l'Allemagne, nous aurions pu fixer le curseur à 100 000, mais mettre la barre à 200 000 cellules bouscule déjà beaucoup la façon d'appréhender la détection des mammites. » Les primipares sécrétant naturellement moins de cellules, leur seuil est plus sévère : OCL les considère infectées à plus de 150 000 cellules L'organisme de conseil vise quatre grands objectifs.

1. En abaissant le seuil de détection, il souhaite dépister le maximum de laitières susceptibles d'être contaminées. « Dans l'ancien système, une vache entre 200 000 et 300 000 cellules par millilitre était considérée comme saine alors qu'elle pouvait être infectée. C'était une fausse négative. Nous voulons limiter ce type d'animal. » (voir les exemples page précédente)

2. Déclencher plus rapidement la décision de pratiquer le test CMT (test de mammite de Californie, California Mastitis Test). Orne Conseil Elevage le recommande. Réalisé quartier par quartier, il permet d'identifier lequel est malade. « Le résultat de comptage cellulaire est une moyenne de la teneur en cellules de chaque quartier, rappelle la conseillère. La flambée cellulaire de l'un d'entre eux est masquée par les trois autres s'ils sont sains, d'où l'intérêt de réduire le seuil de détection. »

Le test CMT consiste à verser un réactif sur le lait. Le mélange deviendra d'autant plus épais et visqueux que son taux cellulaire sera élevé. Son changement de couleur indiquera le degré d'inflammation du quartier. S'il s'avère positif, un premier traitement antibiotique est envisageable, accompagné d'une analyse du lait pour identifier quel germe pathogène est en cause.

S'il est négatif, dans un souci de prévention, mieux vaut le pratiquer malgré tout plusieurs jours d'affilée. Rappelons que contrairement au test des premiers jets de lait dans un bol à fond noir, à pratiquer systématiquement (voir L'Éleveur laitier de mars 2011, p. 58), le CMT ne repose pas sur l'observation de sa granulation. Il est d'ailleurs conseillé pour le repérage des mammites sans véritables signes cliniques.

3. Mieux déceler ces mammites subcliniques. Les mammites provoquées par le staphylocoque doré, extrêmement contagieux, en sont le parfait exemple : pas ou peu de fièvre, les premiers jets de lait très légèrement caillés, le quartier infecté faiblement gonflé. « Dans les élevages sains, nous espérons une intervention plus rapide sur les animaux atteints pour éviter la contamination des congénères. » De même, dans les troupeaux infectés, les nouveaux repères permettent une plus grande réactivité, en particulier sur les primipares (voir exemple ci-contre). Ils sont un outil supplémentaire dans la lutte contre le germe pathogène incriminé. Plus globalement, des pratiques préventives appropriées à la situation pourront être appliquées sans tarder. Ainsi, si le bâtiment et l'installation de traite le permettent, traire en dernier les plus de 200 000 cellules sera une mesure préventive efficace, en particulier contre les mammites à réservoir mammaire. Dans ce dernier cas, désinfecter également les griffes au peroxyde d'hydrogène après la traite des laitières concernées. Sans doute la nouvelle grille aura-t-elle aussi un impact sur la stratégie de traitement au tarissement. Certains éleveurs appliquent un traitement antibiotique identique à toutes les vaches. D'autres préfèrent obturer les trayons des femelles qu'ils jugent saines. Si les comptages cellulaires en fin de lactation révèlent une laitière à mammite, il sera préférable de renoncer à l'une ou l'autre de ces pratiques et choisir le traitement antibiotique le plus adapté à la situation. La femelle lancera sa nouvelle lactation sur de meilleures bases.

4. Réviser son objectif de troupeau est la conséquence de la nouvelle grille d'Orne Conseil Élevage. Jusque-là, pour être considéré sans problème, il fallait viser plus de 85 % des vaches à moins de 300 000 cellules par millilitre et moins de 5 % à plus de 800 000.

Désormais, il propose 80 % des vaches à moins de 200 000 cellules par millilitre et donc, par déduction, 20 % à plus de 200 000 cellules.

Ce nouvel objectif déclassera t-il les troupeaux jugés sains ? « Non, répond Élodie Blin. Une première analyse réalisée sur vingt d'entre eux montre qu'il est réaliste. »

CLAIRE HUE

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

« L’IA ne remplace pas notre métier, elle le facilite »

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