
La lutte contre l'apparition des résistances aux antibiotiques dans les troupeaux, source d'impasses thérapeutiques, passe par un recours limité aux injections parvoie générale.
L'ÉMERGENCE DE BACTÉRIES RÉSISTANTES AUX ANTIBIOTIQUES est un enjeu majeur de santé humaine et animale. « Chaque fois qu'on utilise un antibiotique, on prend le risque de faire émerger des résistances dans son troupeau », prévient Jacqueline Bastien, vice-présidente de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV). Pour préserver l'efficacité de l'arsenal thérapeutique, le ministère de l'Agriculture a donc lancé un plan de réduction des risques d'antibiorésistance en médecine vétérinaire. Les décrets d'application devront être adoptés en conseil d'État, mais l'objectif est d'ores et déjà fixé : une réduction de la consommation d'antibiotiques de 25 % en cinq ans. Les éleveurs devront utiliser mieux et moins les antibiotiques.
Dès lors, l'intervention du vétérinaire en amont, dans le cadre d'un suivi sanitaire d'élevage, doit-elle être perçue comme une charge ou comme un investissement visant à prévenir la maladie ?
RENFORCER LE PROTOCOLE DE SOINS PAR L'ANALYSE
En élevage laitier, le contexte pathologique le plus courant justifiant le recours aux antibiotiques concerne les affections de la mamelle, essentiellement traitées par l'éleveur à partir du protocole de soins défini tous les ans avec son vétérinaire. Le protocole s'appuie sur un diagnostic épidémiologique de l'exploitation. C'est sur la base du diagnostic que le praticien va proposer des mesures d'hygiène préventives et les modalités de traitement qui permettront à l'éleveur d'accéder aux médicaments sans examen clinique des animaux, tout au long de l'année.
Pour Jacqueline Bastien, l'utilisation raisonnée des antibiotiques passe par une approche diagnostic la plus fine possible et par le strict suivi du protocole. « Le respect des posologies est essentiel, car toute utilisation inappropriée d'antibiotiques est susceptible de favoriser les résistances, insiste-t-elle. Dans ce contexte, nous lançons notre programme GTV partenaire 2012. Une méthodologie destinée aux vétérinaires de terrain, pour une gestion raisonnée des mammites en lactation et au tarissement. » Ce programme insiste notamment sur la nécessité de renforcer la pertinence du protocole de soins grâce à l'identification des germes à l'origine des infections. « Par exemple, au cours de l'année, des prélèvements de lait pourront être réalisés systématiquement lors d'épisodes infectieux et conservés au congélateur. Au moment d'établir le diagnostic annuel, leur analyse permettra de définir la représentativité des germes présents sur la ferme, pour rédiger un protocole de soins au plus près du profil épidémiologique de l'élevage. »
Confronté à des cas de non guérison, l'éleveur et son vétérinaire devront bien sûr adapter les modalités de traitement. Tout d'abord, en s'appuyant sur des analyses bactériologiques visant à cibler le bon intramammaire et l'intérêt d'un traitement par voie générale (injection intraveineuse ou intramusculaire d'antibiotique et d'anti-inflammatoire). Ensuite, la réalisation d'un antibiogramme pourra déterminer l'apparition d'éventuelles résistances dans le troupeau. Dans le cas du traitement des mammites, le plus gros risque de développer des résistances dans le troupeau concerne l'emploi des antibiotiques par voie générale. « Ce mode d'application favorise la diffusion des molécules dans le tube digestif, provoquant l'émergence des résistances de la flore commensale disséminée dans l'environnement par les déjections. »
PAS D'ACHARNEMENT THÉRAPEUTIQUE
Ainsi défini, le protocole de soins doit désormais restreindre l'application du traitement par voie générale à certains types de mammites. Être raisonnable, c'est aussi savoir renoncer au traitement lorsque les chances de guérison sont nulles. « L'analyse complémentaire peut le révéler, commente Jacqueline Bastien. En effet, certains staphylocoques enkystés dans la mamelle, c'est-à- dire ayant pénétré à l'intérieur des leucocytes, ne peuvent pas être atteints par les antibiotiques. Dans ce cas de figure, l'acharnement thérapeutique ne ferait que favoriser l'apparition de résistance. La seule option reste la réforme, à moins que le traitement au tarissement, celui de la dernière chance, ne vienne à bout de l'infection. »
Une mammite coûte en moyenne 240 €. Agir en amont limite les coûts et préserve durablement l'efficacité des antibiotiques.
JÉRÔME PEZON
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