Ses jeunes veaux souffrant constamment de diarrhées, Claude Bou a tenté une vieille recette oubliée. Dans son élevage, ça fonctionne : la mortalité a presque cessé.
CLAUDE BOU, ÉLEVEUR LAITIER DANS L'AVEYRON, aurait-il trouvé (ou retrouvé) le remède contre la cryptosporidiose ? Quoi qu'il en soit, son expérience étonnante mérite d'être diffusée et, pourquoi pas, reprise en attendant que la recherche ou des laboratoires s'y intéressent (soyons optimistes). La cryptosporidiose est une des causes les plus fréquentes de diarrhée néonatale chez le jeune veau de deux à quinze jours. Elle prend de plus en plus d'ampleur en élevage bovin, causant de lourdes pertes économiques. Le responsable est un parasite de la classe des coccidies, qui s'associe souvent à des infections virales ou bactériennes. Les symptômes sont une diarrhée aiguë, verdâtre et aqueuse qui s'accompagne d'une perte de poids et d'abattement. La déshydratation est rapide et souvent mortelle en l'absence de perfusion.
Les veaux s'infectent dès leur naissance par voie orale dans un environnement contaminé d'ookystes (oeufs de cryptosporidium). Ces ookystes émis par un animal malade sont exceptionnellement résistants aux conditions du milieu : ils peuvent survivre plus de six mois dans une litière et résistent à beaucoup de désinfectants.
UNE QUINZAINE DE VEAUX MORTS
C'est à ce redoutable parasite qu'a été confronté Claude Bou. « J'ai environ une cinquantaine de vêlages par an. J'ai toujours eu quelques cas de diarrhée mais la mortalité restait faible. En 2008 et 2009, il y a eu une aggravation sensible avec une augmentation des cas de diarrhée, des veaux qui ne tenaient plus sur leurs pattes comme s'ils avaient des problèmes neurologiques, avec aussi des pertes de poils par plaques. Début 2010, c'est l'hécatombe, j'ai perdu une quinzaine de veaux en moins d'un an. Les vétérinaires ne pouvaient rien y faire. Nous avons réalisé une analyse. Résultat : cryptosporidiose. » Aujourd'hui, il n'existe aucun traitement efficace pour un animal malade.
La seule molécule commercialisée, le lactate d'halofuginone (Halocur), est indiquée pour la prévention de la maladie en limitant notamment l'excrétion d'ookystes. Elle doit être administrée pendant sept jours consécutifs à tous les veaux naissants et elle est contre-indiquée dès que l'animal a la diarrhée depuis plus de 24 heures. L'antibiotique à base d'Apramycine qui a été prescrit à Claude Bou, n'a eu effectivement aucune efficacité. Il ne pouvait que traiter une surinfection bactérienne. « J'ai essayé d'améliorer l'hygiène en isolant les jeunes veaux et en désinfectant l'étable avec lessive et eau de javel. Rien n'y faisait. C'est démoralisant de perdre ainsi des génisses et de jolis veaux croisés.C'est alors que je me suis souvenu d'une conversation d'il y a cinquante ans entre mes parents et le vétérinaire de Montbazens. Il parlait d'une tisane de chatons de châtaignier pour soigner les diarrhées des veaux. Qu'est-ce que je risquais ? »
Le châtaignier ne manque pas dans la région. Claude n'a eu aucun mal à trouver cette fleur mâle qui tombe au printemps. L'administration aux veaux a suivi un protocole des plus simples. « Pour un veau, je prends approximativement six chatons que je coupe le plus fin possible avec des ciseaux. J'ajoute six pierres de sucre, une cuillère à café de sel et une cuillère à soupe de vinaigre de cidre. Le tout dilué dans 1,5 l d'eau est administré à la sonde, une fois par jour pendant trois semaines. »
DÉCONTAMINER L'ENVIRONNEMENT
Pour Claude Bou, le résultat est immédiat et spectaculaire. « J'ai sauvé vingt veaux d'affilée. Dès que j'arrêtais, j'avais à nouveau de la mortalité. Les veaux ainsi traités dès la naissance semblent résistants. J'en ai même logés dans des cases où d'autres étaient morts, rien ! Ils peuvent avoir la diarrhée mais ils tiennent sur leurs pattes et ne meurent pas. De tous les veaux que j'ai traités depuis un an, je n'en ai perdu qu'un du fait de la diarrhée. » Étonné lui-même du résultat, Claude a voulu le soumettre par écrit à l'Agence de sécurité sanitaire (Anses) qui lui a répondu : « Il est possible que le vinaigre ajouté à votre mélange participe à la prévention de la diarrhée. »
Plusieurs vétérinaires interrogés par nos soins admettent aussi que cette « phytothérapie maison » peut avoir des résultats positifs sur la cryptosporidiose. Il faudrait pouvoir objectiver cela en vérifiant, par exemple, que le traitement réduit la quantité de parasites dans les selles. Mais tous les vétérinaires insistent sur le fait qu'aucune lutte n'est vraiment efficace contre la cryptosporidiose si on ne limite pas la contamination de l'environnement. C'est d'ailleurs ce que préconise l'Anses dans sa lettre à Claude Bou : « Il semble que votre élevage se soit chargé au cours du temps, les malades contaminants de plus en plus le milieu à un tel niveau que tous les veaux naissants sont désormais atteints. Une fois installée, la maladie s'auto-entretient dans l'élevage. Pour casser le cycle, il faut désinfecter et, si possible, faire un vide sanitaire avec un nettoyage approfondi du milieu et du matériel utilisés pour les veaux. En complément, isolez scrupuleusement les veaux malades. » Cette désinfection doit être réalisée avec un produit spécifique (souvent à base de formol, d'ammoniaque ou d'eau oxygénée). L'eau de javel ne suffit pas. L'élimination des parasites peut être faite aussi par un nettoyage à haute pression avec de l'eau chauffée à plus de 65°C, suivi d'un séchage.
DOMINIQUE GRÉMY
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