
QUESTION D'ÉLEVEUR
« Conduites en ration complète avec zéro refus, nos 130 montbéliardes plafonnent à 32-34 kg de lait /VL/j. La reproduction n'est pas au top, avec quelques cétoses subcliniques sur les primipares. Mon nutritionniste me répète qu'il faut qu'elles “fassent des restes”. Qu'en pensez-vous ? »
LA RÉPONSE DE YVES DEBEAUVAIS, VÉTÉRINAIRE POUR VACHES LAITIÈRES EN HAUTE-SAVOIE
« La réussite d'une ration complète sur un grand lot, mélangeant primipares et multipares à différents stades, tient aussi à sa disponibilité permanente dans sa qualité d'origine… sortie de la mélangeuse. »
Contrairement à ce que pourraient vous dire certains conseillers, la RTM (ration totale mélangée) est assez bien adaptée à l'alimentation des grands lots comme le vôtre, même en vêlages répartis, dans les troupeaux mélangeant primipares et multipares, mais à plusieurs conditions : une ration assez concentrée (0,90-1 UFL/kg de MS selon le niveau génétique) pour assurer des apports suffisants aux animaux ayant les besoins les plus importants (pic de lactation), un équilibre énergie-azote-minéraux adéquat pour éviter l'engraissement des moins productifs (en fin de lactation), un confort suffisant (1,2 logette et 1,2 place à l'auge, 10 cm d'abreuvoir… par animal présent, des déplacements faciles entre les différents postes : pieds sains et sols non glissants, accès et couloirs assez larges) correspondant aux besoins des animaux les plus « exigeants » (primipares en début de lactation), et disponibilité permanente de la ration dans sa qualité d'origine (sortie de mélangeuse).
Vu votre niveau de production, la plupart de ces conditions sont sans doute remplies, sauf la dernière ! Une première chose, pour votre conseiller, il s'agit bien de « restes » consommables et de valeur similaire à la ration distribuée. Et pas de « refus », issus du tri répété de la ration distribuée, qui ne seront consommés que si les animaux ont vraiment faim, ce qui ne devrait jamais être le cas. Il me semble évident que votre ration comporte très peu d'éléments « refusés », mais le fait qu'elle ne soit plus disponible dans les quelques heures qui précèdent la distribution suivante pose, entre autres, deux problèmes.
•ADMETTONS QU'IL N'Y AIT PLUS DE « RESTES » pendant deux heures avant la distribution suivante : ingestion possible, au gré des animaux, pendant dix-huit heures au lieu de vingt heures (compter quatre heures pour la traite et les soins divers), soit un déficit quotidien de 10 % des apports théoriquement possibles pour les animaux les plus sensibles au déficit énergétique (début de lactation… période de mise à la reproduction). Vous pouvez compter cela en UF, en points de NEC perdus ou en jours de retard de cyclicité ovarienne !
• CETTE DIÈTE TRANSITOIRE INDUIT UNE ÉLÉVATION DU PH DU RUMEN (« alcalose » ruminale par rumination-salivation ou salivation résiduelle sans ingestion…), bien au-dessus de la moyenne de la journée (succession de petits repas et de phases de rumination-salivation correspondantes). Cette instabilité ruminale, amplifiée par le plus gros repas ingéré à chaque distribution de la nouvelle ration (cette fois-ci diminution exagérée du pH ruminal), entraîne une baisse de l'efficacité alimentaire globale qui s'ajoute au déficit d'ingestion, toujours pour les plus sensibles aux cétoses et aux problèmes de reproduction !
MON CONSEIL : augmentez le nombre de rations distribuées jusqu'à obtenir des restes minimes, que les vaches vont finir en attendant tranquillement la distribution suivante… et faites un comparatif technico-économique (efficacité alimentaire et coût de ration au litre produit) après deux mois.
Un confort suffisant est un point essentiel avec des VHP. Mais il y en a bien d'autres.
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