
QUESTION D'ÉLEVEUR
« J'ai eu vingt non-délivrances sur cent vingt vêlages. Seuls six animaux auxquels j'avais injecté ces vitamines ont expulsé correctement leur placenta. Pourtant, je distribue, même en été, un minéral spécial pour taries riche en oligoéléments et en vitamine E, et les vaches ont accès à l'extérieur pour le soleil. »
LA RÉPONSE DE L'EXPERT YVES DEBEAUVAIS, VÉTÉRINAIRE ET PÉDICURE BOVIN EN HAUTE-SAVOIE
« Il est possible que les apports minéraux ou l'exposition au soleil n'aient pas été suffisants pour que vos animaux aient leur dose de vitamine D. Dans ce cas, faire une injection est une bonne réassurance. »
L'expulsion du placenta est assurée par trois phénomènes conjoints. Tout d'abord, une réaction immunitaire : une fois le veau sorti, la vache n'a plus de tolérance pour un tissu qui n'est pas le sien. Ensuite, la diminution de la circulation sanguine (réduction du volume des cotylédons) et la contraction de l'utérus (par l'ocytocine) provoquent le désengrènement et l'expulsion des enveloppes foetales.
Les deux principaux facteurs de risque de non-délivrance sont donc, d'une part, un défaut d'immunité par une carence relative en antioxydants (oligo-éléments dont, bien sûr, sélénium et vitamines A et E). D'autre part, tout ce qui peut entraver l'activation des cellules sécrétoires (de l'ocytocine) et musculaires (muscles lisses de l'utérus). C'est typiquement le cas lors d'hypocalcémie subclinique.
• D'abord, précisons que les apports de VITAMINE E par les produits injectables couramment utilisés sont très faibles : 500 mg par injection, alors que les besoins (dans la ration) sont de 1 000 mg par jour. La plupart des additifs minéraux et vitamines « vaches taries » prennent maintenant en compte cette contrainte, malgré le prix élevé de cette vitamine. Vérifiez sur l'étiquette.
• Pour ce qui concerne la VITAMINE A, les vaches peuvent avoir des réserves hépatiques élevées, grâce à l'ingestion de bêta-carotène (provitamine A) l'été précédent, et à un apport suffisant par le minéral. Si ce n'est pas le cas, l'injection de vitamine est très efficace : apport en intramusculaire de 5 000 000 UI pour un besoin quotidien de 100 000 UI (ingéré), soit au minimum cinquante jours de réserve en plus.
• Quant à la VITAMINE D, c'est en fait une véritable hormone jouant un rôle central dans la régulation du métabolisme des principaux minéraux comme le calcium et le phosphore.
Qu'elle vienne à manquer ou que son activation ne se fasse pas correctement au moment du vêlage, et les vaches tombent en « fièvre de lait ». Ou plus discrètement, mais pas sans conséquence, elles sont victimes d'hypocalcémie subclinique et tardent donc à « délivrer ». Ce rôle de la vitamine D dans le métabolisme des minéraux est connu depuis longtemps, même si on n'a pas encore « tout compris », en particulier à propos des problèmes de phosphore dans lesquels cette vitamine hormone pourrait jouer un rôle clé. Plus récemment, d'abord en médecine humaine et depuis peu en physiologie animale, on a prouvé que la vitamine D est activée dans les globules blancs et joue un rôle essentiel dans l'immunité cellulaire… Elle participerait donc, comme « antioxydante », à la phase immunitaire de l'expulsion placentaire.
Il est possible que dans votre cas, les apports ou l'exposition au soleil n'aient pas été suffisants. Selon une étude danoise, même si les vaches peuvent synthétiser la vitamine D sur toute la surface du corps, elles peinent à en fabriquer assez pendant l'été. Les injections sont une bonne réassurance : 500 000 à 750 000 UI pour des besoins de 20 000 UI par jour, soit au minimum vingt-cinq à trente jours de réserves supplémentaires.
© CLAUDIUS THIRIET
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