
La pluviométrie estivale a créé des conditions favorables à la multiplication de germes pathogènes sur la paille.
L'HUMIDITÉ FAVORISE LES CONTAMINATIONS FONGIQUES ET LES MOISISSURES. C'est pourquoi les conditions météo de la moisson 2014 représentent un risque sanitaire en élevage qui doit inciter à la plus grande vigilance quant à l'utilisation de la paille, qu'elle soit destinée à l'alimentation ou à la litière. En effet, selon Gilles Grosmond, vétérinaire homéopathe(1), même les éleveurs qui ont bénéficié d'une fenêtre climatique favorable pour presser la paille ne sont pas à l'abri du risque : « Le report des dates de récolte dû à l'humidité ambiante a favorisé l'apparition de champignons et de moisissures sur pieds. La paille, après séchage au champs et pressage, est cependant un support essentiellement ligneux qui est peu propice à la multiplication et ces micro-organismes. Ils sont alors bloqués à l'état de spores. Mais dans la litière des animaux, dès que la paille retrouve des conditions chaudes et humides, champignons, moisissures et colibacilles vont se développer très rapidement et avec eux, les risques de mammites d'environnement », prévient le praticien.
Les risques de contamination de la mamelle sont particulièrement prégnants en litière accumulée, même si les logettes paillées sont également concernées. Cet hiver, le thermomètre de litière sera donc un outil à privilégier : « La prise de température régulière, à une dizaine de centimètres de la surface, est un moyen essentiel de surveillance. Au-delà de 35°C pendant plus de quarante-huit heures, l'emballement des fermentations au coeur de la litière fait courir le risque de mammites aiguës. Cette situation devra conduire à curer l'aire paillée au minimum toutes les trois semaines. » Dans la mesure du possible, la paille sera stockée à l'abri dans un bâtiment bien aéré. En effet, le stockage extérieur sous une bâche en plastique induit une condensation de nature à réactiver les spores, les moisissures et, globalement, toute la flore pathogène. En matière de prévention, pour concurrencer le développement de cette flore et rééquilibrer la population bactérienne de la litière, Gilles Grosmond propose également de l'ensemencer avec des bactéries lactiques, une flore biogène dite « amie ». « À ce jour, aucune étude n'a permis de valider scientifiquement cette pratique et une mauvaise utilisation de cette flore pourrait même favoriser la montée en température de la litière, rappelle pour sa part Jérôme Defachelles, vice-président de la SNGTV en charge de la commission qualité du lait. Avec une paille de mauvaise qualité, la prévention consiste à insister sur le curage pour limiter le développement bactérien. » En aire paillée, le vétérinaire évoque le rythme d'un curage tous les sept jours.
PRÉVENIR LA CONTAMINATION DES VEAUX NOUVEAU-NÉS
Lorsque la paille est contaminée, l'utilisation de pailleuses dotées de puissantes souffleries met les spores en suspension dans l'air, où ils sont inhalés par les vaches et les veaux, mais aussi par les éleveurs. Ce phénomène est à l'origine de l'aspergillose, encore appelée maladie du « poumon du fermier ». Dans ce cas, Gilles Grosmond recommande aux éleveurs l'utilisation d'un masque au moment du paillage. Concernant la paille alimentaire, la présence de champignons potentiellement porteurs de mycotoxines peut provoquer chez la vache des problèmes hépatiques qui se traduisent par des baisses de performances.
« Mais tous les champignons n'ont pas de mycotoxines et sur des vaches qui ne consomment que 1 à 2 kg de paille par jour, l'impact est très minime. » En revanche, il ne faut pas sous-estimer le risque chez le veau nouveau-né. « En colonisant le tube digestif dans les premières heures de vie, la flore pathogène est à l'origine de diarrhées récurrentes. Il s'agit donc de respecter les apports de colostrum, mais cela peut s'avérer insuffisant. S'il y a un doute sur la qualité de la paille, là encore, on pourra ensemencer la litière ou apporter directement au veau des probiotiques capables de tapisser la paroi intestinale et ainsi constituer une protection supplémentaire. »
Enfin, concernant les concentrés fermiers, et notamment le triticale, les mauvaises conditions de récolte doivent inciter à faire une analyse de mycotoxines et, le cas échéant, ajouter dans la ration des capteurs de mycotoxines, ou de l'argile (300 g par vache et par jour de bentonite), ou encore du charbon végétal (200 g/VL/j).
JÉRÔME PEZON
(1) Auteur de l'ouvrage « Santé animale et solutions alternatives », aux Éditions France Agricole.
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