
Comme Julien Paris, des éleveurs s'accaparent cette technique aujourd'hui accessible pour gérer avec une plus grande souplesse les diagnostics précoces de gestation.
CONNAÎTRE PRÉCOCEMENT LES VACHES GESTANTES est une information capitale et très rassurante », explique Julien Paris, éleveur à Lorleau (Eure). Cela permet la révision de la production laitière, la gestion des réformes et des ventes de génisses et, surtout, la maîtrise de l'intervalle vêlage-vêlage. Le diagnostic de gestation est un outil quasi indispensable en élevage laitier où la maîtrise de la fertilité est souvent problématique. « Des retours en chaleur tardifs, trois mois après l'IA, ou la découverte qu'une vache n'est pas pleine deux mois avant le vêlage présumé alors qu'on a vendu des génisses, cela peut coûter cher. Une vache vide plus de cent jours après l'IA a déjà entamé sa carrière. Faut-il l'inséminer à ce stade ? Elle sera improductive trop longtemps et elle va s'engraisser avec des risques de maladie métabolique. Pour moi, c'est la vache du véto. »
L'automne dernier, il a pris les choses en main en décidant d'acheter un échographe et la formation qui va avec. Avant cela, c'était l'inséminateur qui assurait ce service. « Il fallait prendre rendez-vous et nous regroupions une vingtaine devaches. Elles étaient souvent à plus de cent jours, trop tard pour un constat de gestation. S'équiper soi-même, c'était pour moi acquérir de la souplesse, surtout avec des vêlages dispersés sur l'année », explique Julien. Étienne Canival a créé sa société de conseil en élevage, Zootech.bov, et propose entre autres de la vente d'échographes avec la formation à l'utilisation. Mais n'est-ce pas téméraire que d'investir dans un outil onéreux et complexe pour des diagnostics que l'on dit difficiles à établir ? « D'abord, la technologie a évolué. Il existe aujourd'hui des appareils de qualité à des prix devenus abordables. Ils sont légers, simples à manipuler, avec d'excellentes définitions d'image. Les éleveurs aussi ont évolué : ils sont mieux formés et réceptifs aux nouvelles technologies. Enfin, la maîtrised'un échographe n'a rien d'insurmontable. C'est à la fois une interprétation d'image et un geste technique simple. Après une journée de formation, l'éleveur est autonome. Il lui restera à progresser dans l'interprétation et, surtout, à prendre confiance en lui. Dans l'échographie, le plus difficile n'est pas de détecter la vache gestante, mais d'être certain qu'une vache est vide », explique Étienne Canival.
LA SONDE EST POSÉE SUR LA PAROI RECTALE
Le principe de l'échographie est d'envoyer des ultrasons par l'intermédiaire d'une sonde rectale. Ils sont absorbés et réfléchis de manière spécifique par les différents tissus. La sonde capte ce retour d'écho qui est transformé en signaux visuels sur l'écran de l'échographe. Cette image en noir et blanc permet de distinguer les liquides qui sont perméables aux ultrasons et apparaissent donc en noir . À l'inverse, les os et les calcifications les réfléchissent différemment et apparaissent en blanc sur l'image. Les tissus mous des organes sont plus ou moins perméables aux ultrasons : ils donnent une image grise. L'échographie ne présente aucun risque pour l'animal et l'embryon. La sonde est seulement posée sur la paroi rectale. On ne touche jamais le tractus génital. « Un échographe de qualité coûte environ 2 000 € alors qu'un service d'échographie est facturé 4 à 5 € hors déplacement. Un troupeau de cent vaches, à 2 IA par gestation, fera donc en moyenne deux cents échographies, sans compter les génisses. L'appareilest rapidement amorti », argumente Étienne Canival.
Pour l'éleveur qui possède un échographe, le principe est simple. Il pointe sur son planning de reproduction les vaches à plus de 35 jours d'IA et détermine ainsi chaque semaine les vaches à échographier. « À 35 jours, la détection de l'embryon est réalisable, même pour un néophyte, et on se situe juste avant le retour théorique des 42 jours, qui permettra d'être très attentif à la vache détectée vide et éviter ainsi d'attendre le cycle suivant. Il faut noter aussi que la stimulation rectale liée à l'échographie induira parfois l'expression des chaleurs quelques jours après pour les vaches vides. » L'utilisation de l'appareil peut être simplifiée au maximum. « Il existe un réglage de base pour l'échographie bovine à partir de 35 jours. L'éleveur qui ne souhaite pas entrer plus en détail dans le fonctionnement d'un échographe peut en rester là. On se sert essentiellement de trois touches : marche-arrêt qui réinitialise l'appareil, gel de l'image en plan fixe pour assurer le diagnostic et zoom pour analyser un point de détail », explique Étienne Canival. La sonde rectale se tient comme un stylo que l'on doit poser au niveau de la jonction des deux cornes utérines. On peut comparer le faisceau retour des ultrasons à celui d'une lampe torche. En pied d'image, on distinguera facilement la vessie : elle est représentée à l'image comme une flaque noire souvent ovale, dont la forme change avec le mouvement, et ensuite les deux cornes utérines à la surface grisonnante.
DES PETITS CERCLES DE COULEUR NOIRE
Si gestation il y a, on apercevra à l'intérieur des cornes des petits cercles de couleur noire. C'est le liquide amniotique à l'intérieur duquel se trouve l'embryon qui, lui, s'esquisse comme une petite tache grise. Ces ronds noirs augmentent de diamètres avec le stade de gestation et la forme de l'embryon devient alors plus nette. Dès sa première prise en main de l'échographe, Julien était capable de repérer les vaches gestantes des vaches vides. « L'appareil dispose d'un port USB pour exporter les images sur l'ordinateur afin de les envoyer par mail pour demander un avis d'interprétation à distance. Il peut aussi afficher deux images côte à côte. Au début, cela peut être utile de comparer deux vaches au même stade de gestation », explique Étienne Canival. Julien Paris, qui s'est engagé aussi sur l'insémination, s'avoue conquit : « C'est beaucoup plus facile à maîtriser que l'IPE (insémination artificiel par l'éleveur). Cela permet aussi d'être plus attentif au cycle de ses vaches et aux éventuelles métrites. Mais attention, l'échographie n'est pas un remède aux problèmes de fécondité. »
DOMINIQUES GRÉMY
Étienne Canival, tél. : 06 58 14 89 72 zootech.bov@gmail.com
Utérus vide : on ne distingue que la masse sombre de la vessie(flèche bleue) dont la forme bouge avec les mouvements.
Gestation précoce : on distingue ces ronds noirs caractéristiques du liquide amniotique.
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