MISE À LA REPRODUCTION : JUGER L'ÉTAT NE SUFFIT PAS

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Les pertes de poids chez la vache laitière en début de lactation ne sont ni systématiques ni homogènes. Témoin une étude conduite en 2011, au sein du Clasel.

CHEZ LA VACHE HAUTE PRODUCTRICE, LA DEMANDE ÉNERGETIQUE APRÈS PARTURITION est trois fois plus élevée qu'avant. En effet, en début de lactation, l'ingestion de nutriments ne peut répondre aux besoins énergétiques car la matière sèche ingérée n'augmente que modérément avant le pic de production. Toutefois, il semble exister des différences très significatives, variant de 8 à 57 kg de gras corporel (Tamminga et al, 1997 ) entre animaux dans la mobilisation du gras corporel pendant les huit premières semaines de lactation.

Forte de ces données, Adeline Bougoin, élève ingénieur, a réalisé, en 2011, une étude sur l'évolution des poids vifs des vaches laitières après vêlage. Cible de son travail : 221 prim'holsteins de la zone Clasel (Mayenne et Sarthe), traites au robot, qui pouvaient être pesées. Moyenne laitière: 9 700 kg par vache laitière à 7 % de matière utile.

Contre toute attente, les résultats montrent que toutes les vaches ne maigrissent pas de façon homogène... voire, plus surprenant, ne maigrissent parfois pas du tout. On y retrouve cinq groupes:

- Le groupe 1 (19 % des vaches) avec une perte de poids très rapide mais stable dès neuf jours, puis une reprise forte et rapide. Le poids au vêlage est quasi retrouvé à soixante et un jours.

- Le groupe 2 (28 %) avec une perte de poids régulière, prolongée, assez importante (- 8 %), et une reprise faible par la suite.

- Le groupe 3 (16 %), avec une perte lente, de faible ampleur (- 3 %) et une reprise modérée.

- Le groupe 4 (19 %) avec une perte très rapide, très importante (- 14 %) qui se prolonge jusqu'au 33e jour. La reprise est ensuite modérée.

- Le groupe 5 (22 %) se singularise par l'absence de perte de poids et une croissance intervenant dès le 9e jour.

DES PERTES DE POIDS NÉGLIGEABLES SUR LES ANIMAUX LÉGERS

On constate donc pour quatre profils, une perte jusqu'au 12e jour environ. On observe aussi une perte modérée jusqu'à vingt jours pour les profils 1 et 3, alors que les deux autres sont toujours en état de perte. Enfin, il y a une reprise de poids vif à partir du 21e jour pour les profils 1, 3 et 5, et plus tardivement pour les profils 2 et 4 (environ 31e jour).

Les animaux légers (profil 5) au vêlage ont des pertes négligeables. La reprise de poids intervient assez tôt, avant le 15e jour de lactation. Ces animaux se retrouvent dans les profils 5 et 1, qui montrent des reprises de poids vif au 21e jour. En revanche, les animaux lourds au vêlage ont des pertes importantes et brutales. La reprise tardive intervient après le 30e jour. Ceci correspond surtout aux profils 2 et 4.

D'autres travaux (Van Eetvelde et al, 2013) ont observé sur 74 vaches laitières l'absence de corrélation entre l'importance des dépôts adipeux sous cutanés, évalués avec une notation de l'état corporel et une méthode utilisant des ultrasons, et l'importance des dépôts adipeux intra-abdominaux, essentiellement au niveau de l'épiploon (feuillets de péritoine accolés qui relient deux viscères entre eux), constatés et mesurés après abattage.

De ces observations découlent plusieurs hypothèses.

- Une note d'état corporel faible peut exister chez une vache qui, de fait, possède des réserves suffisantes, intra-abdominales, pour la mise à la reproduction.

- À l'inverse, un animal présentant une note d'état correcte peut être trop grasse, du fait de ses réserves intra-abdominales, et donc présenter des risques de pathologies métaboliques.

- Une note d'état correcte peut accompagner une mobilisation intense des réserves intra-abdominales. La vache a donc fortement maigri et n'est que peu éligible à une mise à la reproduction.

De ces travaux, on retiendra concernant la mise à la reproduction, que l'évaluation de la note d'état corporel, qui reste capitale, doit s'accompagner de la connaissance d'autres critères visuels, tels que le remplissage du rumen, le pelage, les aplombs, et autres : évolution de la composition du lait, évaluation du statut métabolique (ndlr : méthode Cetodetect ou Ceto'Scan...).

MURIEL JOHAN ET OLIVIER RECOURSÉ, CLASEL, POUR LE GROUPE EXPERT REPRODUCTION DE FRANCE CONSEIL ÉLEVAGE

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

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