PRÉSERVER LA PROPRETÉ DES PIEDS POUR PRÉVENIR LES BOITERIES

Un minimum de trois raclages quotidiens serait nécessaire pour contrôler les maladies podales.© SÉBASTIEN CHAMPION
Un minimum de trois raclages quotidiens serait nécessaire pour contrôler les maladies podales.© SÉBASTIEN CHAMPION (©)

La nouvelle grille de notation de la propreté des pieds, élaborée à l'école vétérinaire de Nantes, offre un repère visuel qui doit permettre d'évaluer la situation sanitaire en stabulation, afin de prévenir les boiteries d'origine infectieuse.

LA PROPRETÉ DU PIED DES VACHES A UNE INFLUENCE SUR L'APPARITION ET LA GUÉRISON DES MALADIES infectieuses responsables de boiteries. Dans le cadre d'une étude réalisée à l'école vétérinaire de Nantes (Loire-Atlantique), cet élément a été identifié comme étant plus important que les traitements pour guérir et prévenir les maladies de mortellaro et du fourchet, provoquées par des bactéries anaérobies, caractéristiques des milieux humides.

« La mortellaro est à l'origine de la majorité des boiteries, souligne Aurélie Arnoult, auteur d'une grille de notation de la propreté du pied. Or, à ce jour, on ne constate aucun cas d'éradication de cette maladie. L'enjeu consiste donc à maintenir une aire de vie sèche et propre pour prévenir la contamination des bâtiments par la bactérie ou contenir autant que possible son développement si elle est déjà présente. » En effet, il suffit d'une peau fragilisée, macérée par l'humidité, dans la zone autour du talon, pour que la bactérie s'installe. En revanche, elle n'a pas de prise sur une peau saine et sèche.

L'HUMIDITÉ DES SOLS, PRINCIPAL FACTEUR DE SOUILLURE DES PIEDS

La maîtrise de l'humidité et l'identification de son origine sont donc déterminantes pour une prévention efficace.

La grille de propreté des pieds bovins offre un repère visuel permettant d'apprécier la propreté de la stabulation et, le cas échéant, d'améliorer les conditions d'hygiène en vue de réduire les risques d'infection. En effet, l'échelle de notes est représentative du niveau de souillure des pieds par les bouses et les urines accumulées au sol. « L'humidité des sols, favorable aux éclaboussures et aux projections de bouses, s'est révélée être le principal facteur associé au défaut de propreté des pieds », explique la chercheuse. À partir de ce constat, le tout lisier sur béton raclé est logiquement le mode de logement le plus à risque. « S'il n'y a pas de risque significatif sur aire paillée, il n'existe pas pour autant de logement idéal. Des défauts de conception et/ou d'entretienexpliquent que l'on retrouve dans chaque type de stabulation des élevages très propres ou très sales. »

Sur béton, le raclage au tracteur deux fois par jour serait insuffisant, en raison d'un délai trop long entre deux passages. « Aucune étude ne permet d'indiquer la fréquence de raclage optimale en zéro pâturage. Mais trois passages quotidiens seraient nécessaires pour contrôler les maladies podales infectieuses. »

Lorsqu'il est automatisé, le raclage doit être régulier pour éviter le « raz de marée de bouses » qui recouvre les pieds des bovins. « L'usure du matériel n'étant pas proportionnelle au nombre de passages, il ne faut pas hésiter à programmer quatre ou cinq raclages, indique Jean-Michel Bigotte, responsable en bâtiment à la chambre d'agriculture du Nord-Pas-de-Calais. La quantité réduite de déjections par passage entraîne moins de pression sur le rail. » Plus favorables à l'assèchement des aires d'exercice, les caillebotis doivent aussi être raclés pour réduire l'accumulation de bouses dans les passages peu fréquentés. « On ne peut pas s'en passer, rappelle le conseiller. Sinon, un amas de bouses se forme à la jonction du seuil de la logette et dans les passages entre les logettes. »

FACILITER L'ÉCOULEMENT DES URINES

Pour favoriser l'écoulement de la fraction liquide des déjections entre deux raclages, une pente longitudinale de 1 ou 2 % est recommandée dans les aires d'exercice et dans les passages entre logettes.

Le rainurage joue également ce rôle. « En plus de la pente longitudinale, des travaux récents ont montré qu'une pente transversale de 2 ou 3 %, conduisant vers une rigole centrale située au niveau du rail du racleur, est le plus court chemin pour évacuer rapidement les urines et éviter qu'elles ne stagnent dans l'aire d'exercice (voir photo). » La nature du sol a peu d'influence sur l'écoulement des jus. Gare cependant aux tapis de couloir trop souples ou qui se déforment dans le temps avec l'apparition de creux où stagne le lisier. « De même, avec des matelas trop souples, le poids des vaches crée à l'arrière de la logette une forme concave où stagne l'urine. Ce phénomène est d'autant plus marqué si la pente en logette est insuffisante et en l'absence de produits asséchants. La recommandation est de 3 ou 4 % au maximum. Despentes de 6 %, comme on le voit parfois, gênent les vaches pour se relever et provoquent des problèmes d'aplombs. » Le manque de confort de la logette entraîne également une réduction du temps de couchage, ce qui augmente d'autant le risque de salissure des pieds. En ce qui concerne les aires paillées, le respect des quantités de paille et de la densité animale est déterminant, tout comme le positionnement des abreuvoirs : ils doivent être situés dans l'aire d'exercice, sans accès possible depuis la litière.

MAÎTRISER L'AMBIANCE ET LE CALAGE DE LA RATION

La diminution de l'humidité passe également par une ventilation et une luminosité adaptée. « Attention aux anciennes aires paillées transformées en logettes parfois sombres et mal ventilées. » Dans les bâtiments de grande largeur, les conseillers recommandent de plus en plus des dispositifs de rideaux mobiles sur les longs-pans pour faciliter l'évacuation de l'humidité. Si le bâtiment a des défauts de construction, il s'agit d'être vigilant au respect des densités animales.

Indirectement, le calage alimentaire fait aussi partie de la prévention : les situations d'acidose ou d'excès d'azote soluble, associées à un manque de fibres, les bouses liquides favorisant les projections sur les pieds des vaches. « Des études tendent également à démontrer que des vaches en bonne santé, non stressées, défèquent moins et ont des bouses plus solides », souligne Aurélie Arnoult.

Enfin, le parage permet de relever le talon, remettant ainsi de la distance avec le sol pour limiter les souillures.

JÉRÔME PEZON

Un minimum de trois raclages quotidiens serait nécessaire pour contrôler les maladies podales. La société mayennaise CRD propose un racleur relié à un canal sous le rail où s'écoulent les jus par une fente de 2,5 cm, grâce à une pente transversale de 2 ou 3 %.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

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