LE TEST PATHOPROOF DÉTECTE VITE LES GERMES DANS LE LAIT

Quatre heures suffisent à analyser un échantillon, là où la méthode de référence demande au minimum quarante-huit heures.© STÉPHANE LEITENBERGER
Quatre heures suffisent à analyser un échantillon, là où la méthode de référence demande au minimum quarante-huit heures.© STÉPHANE LEITENBERGER (©)

Le Contrôle laitier du Pas-de-Calais a investi dans une technologie pour détecter les principaux germes responsables de mammites. Il se révèle facile à utiliser, plus rapide et plus sensible qu'une analyse bactériologique. Gare toutefois aux interprétations

RÉCEMMENT REBAPTISÉ OXYGEN CONSEIL ÉLEVAGE, le Contrôle laitier du Pas-de-Calais n'arrête pas d'innover. Après s'être engagé dans le programme de recherche sur les composants fins du lait Phénofinlait, le laboratoire s'est équipé d'une nouvelle technologie pour rechercher les principaux germes responsables de mammites. « L'analyse bactériologie représente la méthode de référence dans le domaine, mais nous ne l'utilisions pas. Depuis mai, nous proposons le test Pathoproof », déclare Corine Sabatier, animatrice au contrôle laitier.

ONZE GERMES MIS EN ÉVIDENCE

Il s'agit d'une nouvelle méthode d'analyse par PCR (Polymerase Chain Reaction). Alors que l'ancienne technique repose sur la culture de bactéries, celle-ci consiste à détecter leur ADN. Pas moins de onze germes peuvent être mis en évidence simultanément. « La société finlandaise Finnzymes a développé ce test. Après une étude réalisée dans plusieurs élevages à travers le monde, elle a observé que ces germes étaient responsables de 99 % des mammites. Si en France, nous observons d'autres bactéries impliquées dans les infections mammaires, il sera possible de les ajouter », explique Pierre Broutin, directeur de Bentley Instruments, l'entreprise distributrice de ce test en France. Cette nouvelle méthode se révèle beaucoup plus rapide. Quatre heures suffisent à analyser un échantillon, là où la méthode de référence demande au minimum quarante-huit heures. L'analyse se déroule en deux étapes. Dans un premier temps, l'ADN est extrait grâce à différents solvants qui cassent l'enveloppe des cellules du lait. Ensuite, il est amplifié au cours de trente cycles puis analysé avec un lecteur. Cette machine, qui a coûté 35 000 €, donne un résultat semi-quantitatif. En clair, la présence de germes est affichée en cinq classes. « L'analyse bactériologique donnait parfois des résultats faussement négatifs. Ce test se révèle plus sensible, même une quantité très faible de bactéries peut être mise en évidence. Le gène de résistance à la pénicilline est aussi détecté. Il est fréquemment observé sur les staphylocoques. Si la réponse est positive, d'autres antibiotiques sont à utiliser. »

UN EMPLOI FACILE

Le prélèvement de l'échantillon est aussi plus simple. Les flacons du contrôle laitier avec un conservateur (le Bronopol) peuvent être utilisés. Les bactéries présentes dans le lait sont alors tuées, ce qui permet d'empêcher leur développement. Il est ainsi possible d'observer une image de la flore bactérienne à un moment donné. « Le prélèvement est plus pratique et peut être réalisé par l'éleveur, le peseur, le contrôleur laitier… », précise Corine Sabatier. À la différence d'une analyse bactériologique, l'échantillon peut être prélevé sur du lait de tank. Ceci permet d'avoir une photographie de la « situation mammite » du troupeau. « Il est intéressant de le faire régulièrement pour suivre l'évolution de la situation sanitaire de l'élevage et mettre en place un plan d'action avec des mesures préventives. Attention malgré tout à ce que ce prélèvement reflète bien la réalité de l'élevage. Trop de lait écarté du tank peut fausser l'échantillon. » Le test de plusieurs vaches ou d'une seule est possible. « Il peut s'agir de vaches qui ont beaucoup de cellules, ou de celles qui ont déjà été traitées mais ne guérissent pas. Il est aussi intéressant de le faire sur des vaches sur le point d'être taries pour savoir quel produit utiliser. » L'analyse d'un quartier est également possible. Dans ce cas, il faut faire attention à bien désinfecter le trayon pour ne pas détecter les germes présents sur la mamelle. « On a observé que sur une même vache, les quartiers pouvaient être infectés par différents germes, souligne Pierre Broutin. Le test permet de réaliser des traitements mieux adaptés et de réduire les quantités d'antibiotiques. »

UN COÛT MODÉRÉ

Concernant le coût, compter 27,60 €/test réalisé dans le cadre du contrôle laitier. Sinon, il est possible de commander une seringue bronopolée à 30 € pour prélever l'échantillon. Ce service est offert sur dans toute la France. Aujourd'hui, une centaine de tests est réalisée chaque mois. L'objectif est d'atteindre 600 à 800 tests par mois.

À terme, le contrôle laitier souhaite proposer ce service en routine aux éleveurs. « Lors des analyses du contrôle laitier, nous pourrons leur fixer un niveau de cellules à partir duquel l'échantillon d'une vache sera systématiquement analysé. On pourra aussi leur offrir la possibilité d'analyser les vaches qui ont le plus de cellules, de mélanger leur échantillon pour ne faire qu'un seul test », confie Corine Sabatier.

NICOLAS LOUIS

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