Longtemps nié, l'impact possible des mycotoxines sur les bovins est aujourd'hui parfois exagéré. Face à un troupeau qui « bricole », mieux vaut d'abord se reposer la question des fondamentaux avant d'accuser des champignons.
LONGTEMPS, LES BOVINS ONT ÉTÉ CONSIDÉRÉS comme capables de détoxifier les mycotoxines grâce à leur rumen. Or, ce n'est pas toujours le cas, car les familles de ces toxines susceptibles de dégrader les performances d'élevage sont très variées. Les scientifiques ont pu montrer qu'il est nécessaire de se poser la question d'une contamination non seulement face à une mortalité subite (patuline), mais aussi face à certains problèmes de santé subcliniques dans le troupeau. Par exemple, pour des difficultés de reproduction ou des mauvaises performances de productio
ÉTABLIR LE BON DIAGNOSTIC
Revers de la médaille, cette nouvelle hypothèse « mycotoxine » fait le lit, depuis deux ou trois ans, de propositions commerciales variées et parfois exagérées dans les cours de ferme. Attention donc à la tentation d'un diagnostic trop rapide (« C'est sûrement une mycotoxine ») qui occulterait un autre problème (équilibre de la ration, période de transition, qualité de l'eau…).
Plusieurs enquêtes régionales, nationales (Inra, Arvalis- Institut du végétal, Bayer…) ou internationales (Biomin report) sont conduites régulièrement. Elles montrent que les produits agricoles sont effectivement contaminés, soit au champ (par la DON, appelée également vomitoxine, les la ration, période de transition, qualité de l'eau…). Plusieurs enquêtes régionales, nationales (Inra, Arvalis- Institut du végétal, Bayer…) ou internationales (Biomin fuminosines, la zéaralénone, la toxine T2-HT2), soit lors du stockage (par des aflatoxines, notamment pour les produits importés, ou l'ochratoxine A). Mais qui dit présence de mycotoxines ne dit pas forcément impact en élevage.
UN RÉSULTAT D'ANALYSE NE SUFFIT PAS
Face à l'amélioration de toutes méthodes de détection dont disposent les laboratoires, il faut dépasser le simple « il y en a » pour se demander à quel niveau les mycotoxines sont présentes et si, à ce niveau- là, leur impact est sensible sur l'animal.
C'est la première difficulté pour se faire une opinion face à un troupeau en mauvais état général, car il n'existe aucun tableau clarifiant la relation entre niveau de contamination et impact sur l'élevage. D'autant que seules quelques mycotoxines sont réglementées ou en cours de réglementation : aflatoxines (surtout pour protéger le consommateur de lait), DON, ochratoxine A, patuline, fuminosines B1, B2, B3, zéaralénone, ergot du seigle. Il s'agit pour l'essentiel de mycotoxines de « céréales ». Certaines mycotoxines importantes des fourrages (stachybotryotoxines, coumestrol, sporidesmines, lolitrem) ne sont donc pas encore prises en compte dans les textes. Or, pour les bovins, ce sont les premières à suspecter.
Second problème, les effets des mycotoxines sont très variés, de la lésion du système nerveux central, pour la fuminosine B1, à l'hépatotoxicité des aflatoxines en passant par la nephrotoxicité de l'ochratoxine A. Et nombre d'entre elles influencent les réponses du système immunitaire dont on ne connaît pas encore très bien toutes les subtilités. Les signes cliniques d'une contamination peuvent faire penser à d'autres diagnostics (voir encadré).
DES ÉCHANTILLONS DANS DIFFÉRENTS ENDROITS DE L'ENSILAGE
Concrètement, en élevage, il est donc primordial de valider tous les équilibres de la ration, la qualité de l'eau et, de façon générale, les conditions d'élevage (comme la vitesse d'air ou l'humidité) face à des troubles subcliniques. Vient seulement ensuite la recherche éventuelle de mycotoxines, notamment dans l'ensilage. Dans une expérimentation conduite sur trois années en Belgique, sept des quarante-deux échantillons d'ensilage de maïs présentaient, par exemple, une teneur en DON supérieure aux 12 ppm autorisés par la réglementation européenne. Les chercheurs belges soulignent toutefois l'importance de bien réfléchir à l'endroit des prélèvements d'échantillons d'ensilage adressés au laboratoire : mieux vaut prélever à des endroits apparemment contaminés par des champignons, mais aussi à des endroits apparemment sains, car ils ont prouvé que ces zones peuvent être à risques. « Des toxines produites au champ, présentes donc dans tout l'ensilage, peuvent être dégradées localement par des champignons apparus durant le stockage, donc bien visibles mais sans production de mycotoxines. Elles restent donc dans les parties apparemment saines, même si on n'a pas tendance à aller les y chercher », explique François Van Hove (Université catholique de Louvain-la-Neuve, en Belgique). Dans son expérimentation, les concentrations en certaines mycotoxines, comme la zéaralénone, étaient en effet plus importantes dans les parties apparemment saines que dans les parties chargées en champignons.
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