Pour résoudre un problème sanitaire lié à la mauvaise ventilation de leur bâtiment, les deux associés du Gaec du Clos Fromentin curent, temporairement, trois fois par semaine leur aire paillée. À terme, ils comptent installer des logettes.
TROIS SEMAINES APRÈS LA MISE EN ROUTE DE LEUR ROBOT DE TRAITE, Dominique Bisson et Christophe Heudiard, les deux associés du Gaec du Clos Fromentin, ont eu la mauvaise surprise de voir apparaître une flambée de mammites d'environnement dans leur troupeau. Une situation sanitaire qu'ils avaient déjà rencontrée dans le passé, mais qu'ils avaient réussi à maîtriser.
C'est en 1999 que ce problème survient. À l'époque, après plusieurs tests au fumigène, le diagnostic tombe : le bâtiment est mal ventilé. À l'intérieur, une trop forte humidité favorise la multiplication des bactéries dans la litière et provoque des mammites colibacillaires. Des travaux d'aménagement sont réalisés afin de favoriser les entrées d'air. « La stabulation est orientée au nord-ouest, mais le bardage ne possédait aucune ouverture, précise Dominique. Nous l'avons découpé à la mi-hauteur et posé des grilles perforées sur toute la longueur. Sur la façade inverse, un bardage en bois ajouré permettait déjà les sorties d'air. » Malgré ces travaux, le bâtiment se révèle trop large (30,50 m) pour régler totalement le problème de ventilation. Par précaution, une pompe à chlore est installée pour purifier l'eau car elle contient quelques coliformes. Et un produit de trempage à effet barrière est également appliqué après la traite. Malgré toutes ces solutions, la situation s'améliore peu. En dernier recours, le conseiller d'élevage du Contrôle laitier recommande de curer la stabulation toutes les semaines pour que la température de la litière ne dépasse pas 35°C à 10 cm de profondeur. « Cette technique nous permet enfin de réduire significativement le nombre de mammites. Mais ce problème sanitaire n'est pas totalement résolu puisque nous administrons encore 55 à 60 traitements chaque année, récidives comprises. »
10 % DE LA PRODUCTION NON COMMERCIALISÉE
En février 2009, la mise en route du robot va venir perturber ce fragile équilibre. Progressivement, le nombre de mammites augmente et durant l'hiver, la situation s'aggrave. « Au plus fort de la crise, une vache s'infectait tous les jours, confie Christophe. Avec le traitement antibiotique qui dure six jours, le lait de près de 10 % du troupeau n'était pas commercialisé. Au total, entre mars 2009 et mars 2010, 150 traitements ont été administrés. » Alors qu'un éleveur doit se fixer comme objectif d'avoir moins de 20 % de vaches ayant eu au moins une mammite clinique dans leur lactation, le Gaec se situe à 49 %, dont 47 % de récidives (l'objectif est d'être inférieur à 30 %).
Face à cette situation, Dominique et Christophe réagissent. Pour améliorer le nettoyage des trayons avant la traite, les brosses du robot sont remplacées. Le temps de brossage est également multiplié par deux. Concernant le post-trempage, la durée de pulvérisation est augmentée. Ce réglage se réalise visuellement jusqu'à ce qu'une goutte de produit tombe du trayon après la pulvérisation. Par contre, l'utilisation d'un produit filmogène n'est pas possible.
Le problème persistant, une prise de la température de la litière révèle qu'elle chauffe encore beaucoup trop rapidement. « Cinq jours après le curage, le thermomètre atteignait 37°, raconte Patrick Broquette, conseiller d'élevage du Contrôle laitier. Un paillage trop important et l'humidité du bâtiment ont pour effet de favoriser le développement des bactéries. J'ai donc conseillé de curer l'aire paillée trois fois par semaine. » Depuis le début de l'année, la stabulation est donc vidée les lundi, mercredi et vendredi. « Au bout de deux semaines, nous avons constaté une baisse des mammites, explique Dominique. Aujourd'hui, leur nombre a été divisé par trois. »
DEUX FOIS PLUS DE PAILLE APRÈS CHAQUE CURAGE
Malgré l'efficacité de cette solution, les éleveurs ne peuvent pas l'envisager de manière durable. Elle est trop contraignante. Concernant le temps de travail, le curage de la stabulation se fait plutôt rapidement, en trente minutes. Mais durant ce temps, les vaches sont bloquées aux cornadis et n'ont pas accès au robot. « De plus, même si nous sommes autosuffisants en paille, nous devons en étaler deux fois plus après chaque curage. En moyenne, nous en mettons 13 kg/vache/jour. »
Depuis quelques semaines, Dominique et Christophe ont donc décidé d'installer des logettes à la place de l'aire paillée. Le nettoyage deux fois par jour devrait résoudre définitivement leur problème sanitaire. Le bâtiment se prête bien à la pose de deux rangées de logettes de trente places. Elles seront paillées pour ne pas passer en système lisier et continuer à produire du fumier. Pour un meilleur confort des animaux, les logettes et l'aire d'exercice seront recouvertes d'un tapis. Malgré ces précautions, les éleveurs craignent quelques problèmes de boiteries. À l'avenir, ils seront donc plus rigoureux sur le choix des taureaux et sélectionneront davantage ceux qui améliorent les membres et les aplombs. Le parage des animaux, plus fréquent, s'effectuera deux fois par an contre un actuellement.
DES ANNUITÉS DE 7 000 EUROS SUR SEPT ANS
Au total, l'investissement se chiffre à 47 000 € et comprend l'équipement, un racleur et les tapis. Il sera remboursé en sept ans et les annuités s'élèveront à 7 000 €. Malgré ce coût, ces éleveurs espèrent en retour faire des économies. Leur objectif est de limiter le nombre de mammites à une vingtaine chaque année. Comparé aux 150 traitements sur les douze derniers mois et en estimant le coût de chaque mammite à 100 €, environ 13 000 € devraient être économisés.
« Moins de paille sera également consommée, poursuit le contrôleur laitier. Jusqu'ici, 210 t étaient nécessaires pour l'aire paillée. Avec les logettes, 70 t devraient suffire à raison de 4 kg/VL/j. Si l'on considère un prix de vente de 35 €/t bottelée, le gain se chiffre à 4 900 €. »
Dans les faits, l'assolement sera probablement modifié et les surfaces en céréales à paille risquent de diminuer au profit de cultures plus rentables. Malgré le déclenchement de ces mammites d'environnement, Dominique et Christophe ne regrettent pas le choix de leur nouvelle installation de traite qui répond bien à leur attente d'améliorer leurs conditions de travail. « Le fait que le robot lave moins bien les trayons et qu'il n'applique pas un produit à effet barrière après la traite a rompu l'équilibre sanitaire qui existait dans notre élevage », conclut Dominique.
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