La lutte contre l'antibiorésistance nécessite un usage plus strict des antibiotiques. Il y aura de nouveaux outils méthodologiques, des formations et peut-être des restrictions imposées par les pouvoirs publics.
EN 2012, LE MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE LANÇAIT le plan « Écoantibio 2017 ». Son objectif : réduire de 25 % en cinq ans la quantité d'antibiotiques utilisés en élevage en prenant comme référence l'année 2011. L'enjeu est capital en termes de santé publique et de santé animale : diminuer la contribution des antibiotiques utilisés en médecine vétérinaire à la résistance bactérienne. Car le développement de l'antibiorésistance réduit de manière très inquiétante les possibilités de traitement en cas d'infection. Le sujet est d'autant plus grave que la perspective de développement de nouveaux antibiotiques est très réduite. Il faut donc préserver coûte que coûte l'arsenal thérapeutique existant. Ce plan comprend plusieurs axes : promouvoir les bonnes pratiques, développer les alternatives évitant les recours aux antibiotiques, mieux encadrer les pratiques commerciales et la prescription, et améliorer le suivi de la consommation.
Ce plan, piloté par les pouvoirs publics (DGAL), mobilise particulièrement les éleveurs et les vétérinaires. Et des décisions importantes pourraient s'imposer à eux prochainement, comme définir une liste d'antibiotiques d'importance critique (à coup sûr, les fluoroquinolones et les céphalosporines) pour lesquels s'imposerait un encadrement de la prescription, et notamment une interdiction d'usage en préventif. En projet également, la suppression de tous les antibiotiques de la liste positive des médicaments autorisés dans le cadre d'un plan sanitaire d'élevage (PSE). Seraient concernés les intramammaires utilisés hors lactation. Sont visés ici les groupements de producteurs agréés qui délivrent ces médicaments à leurs adhérents. Les vétérinaires libéraux craignent aussi de se voir imposer un découplage de la prescription et de la délivrance des antibiotiques. Ne plus pouvoir vendre cette catégorie de médicaments serait une entaille dans leur modèle économique.
De son côté la profession vétérinaire s'organise, et notamment la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) qui propose, dès le mois de mai, un nouveau référentiel vétérinaire pour le traitement des mammites. Il décrit la démarche diagnostique et thérapeutique du vétérinaire pour le traitement des infections mammaires. Le précédent datait de 2001. Depuis, la pharmacopée s'est étoffée et la lutte contre l'antibiorésistance ne peut plus être ignorée. Ce référentiel mammites comporte plusieurs axes : le premier sera de limiter l'usage des antibiotiques par voie générale et d'utiliser avec une grande parcimonie les antibiotiques critiques. Dorénavant, les vétérinaires devraient s'interdire de pratiquer plus de deux antibiothérapies sur une mammite clinique, et le deuxième traitement imposera systématiquement une bactériologie de façon à l'orienter avec un maximum de précision. Dans la mesure du possible, les obturateurs de trayons seront privilégiés au moment du tarissement. Enfin, il sera vivement conseillé aux éleveurs de ne pas distribuer aux jeunes veaux le lait des vaches traitées aux antibiotiques.
DES FORMATIONS POUR REPÉRER LES POINTS CRITIQUES
Ce nouveau référentiel est un outil de terrain à l'usage des vétérinaires. Il fera l'objet d'un plan de diffusion avec notamment des formations.
Pour autant, les éleveurs ne sont pas oubliés. En parallèle, la SNGTV met à la disposition des praticiens un module de formation destiné aux éleveurs et intitulé « Identifier et maîtriser le risque d'antibiorésistance dans son élevage ». Il s'articule en plusieurs phases. Tout d'abord, sensibiliser les éleveurs aux enjeux de l'antibiorésistance en élevage et comprendre les facteurs favorisant. Au cours d'exercices collectifs avec le vétérinaire, les éleveurs pourront ainsi identifier les points à risque spécifiques dans leurs pratiques personnelles. Enfin, des mises en situation sur des cas d'élevage apporteront de l'interactivité. Cette formation, conduite par le vétérinaire praticien, devrait être éligible au cahier de charges du fonds d'assurance formation Vivéa.
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