ETAT D'ALERTE PERMANENT CONTRE LA CONTRE BESNOITIOSE

Cette pathologie insidieuse, qui peut engendrer des pertes économiques importantes, nécessite un dépistage le plus précoce possible pour contenir les nouveaux foyers.

LA BESNOITIOSE EST UNE MALADIE ÉMERGENTE, apparue dans les Pyrénées il y a plus de cinquante ans, et qui n'a cessé de s'étendre. Elle progresse petit à petit dans le Sud-Est, le Sud-Ouest, en Rhône-Alpes, et en Pays de la Loire. En 2013, de nombreuses autres régions sont touchées. Aujourd'hui, toute la France est potentiellement menacée. Autant le dire tout de suite, c'est une pathologie inquiétante, qui ne se guérit pas et qui peut entraîner des pertes économiques importantes en élevage bovin. Elle est due à un parasite microscopique de la famille des coccidies, qui se transmet par des piqûres d'insectes, essentiellement les stomoxes et les taons. L'utilisation de seringue à usage multiple peut aussi diffuser le parasite dans le troupeau. On dit que la besnoitiose est une maladie qui « s'achète ». Car l'introduction d'un bovin malade est souvent la principale voie d'entrée. Cela peut être aussi un voisin de pâturage. Les contaminations ont lieu surtout en été, période de vol des insectes, mais des transmissions en automne-hiver ne sont pas impossibles. Contrairement à la FCO, il faut un repas interrompu de l'insecte hématophage et des piqûres multiples pour transmettre le parasite. Il est donc nécessaire que le bovin contaminant soit très proche de son congénère pour lui transmettre le parasite.

LES TROIS PHASES DES SYMPTÔMES

La maladie incube pendant au moins une semaine après la contamination par piqûres. Les premiers signes cliniques sont une phase fébrile de trois à dix jours avec larmoiements, forte fièvre (40°-41°C), essoufflement, perte d'appétit. Ces premiers symptômes peuvent facilement passer inaperçus, surtout sur des animaux au pâturage. Ils peuvent aussi être confondus avec un coryza, la FCO ou l'ehrlichiose. Suit une phase d'oedèmes (pendant une à deux semaines) qui se forment sous la peau au niveau de la tête et des membres. La peau est chaude, épaissie et douloureuse, mais la température de l'animal est revenue à la normale. Enfin, la phase de sclérodermie commence à partir d'un ou deux mois après le début de la maladie avec une peau qui s'épaissit, formant des crevasses (peau d'éléphant) avec une dépilation importante. Des kystes peuvent apparaître sur le blanc de l'oeil. L'état général de l'animal se dégrade peu à peu. Cela peut parfois le conduire jusqu'à la mort ou l'euthanasie afin d'abréger ses souffrances.

UNE MALADIE SOURNOISE

La besnoitiose est une maladie difficile à détecter précocement car les premiers symptômes, souvent non spécifiques, sont peu connus des éleveurs. Par ailleurs, tous les bovins contaminés ne déclarent pas la maladie (seulement un ou deux sur six). Cela dépend de l'animal lui-même et de son état sanitaire général. Les mâles et les jeunes de moins d'un an seraient plus sensibles, mais les vaches en lactation ne sont pas épargnées. Les animaux porteurs sains sont contagieux et ne peuvent être détectés que par sérologie individuelle. Et pour compliquer encore la détection, il existe un délai de quatre à six semaines entre l'infection et l'apparition des anticorps (séroconversion). Pour autant, un bovin ayant connu une phase clinique présente une densité très supérieure de parasites. Il est donc beaucoup plus contaminant pour ses congénères.

Enfin, l'animal ne guérit jamais de la besnoitiose et il reste un réservoir pérenne du parasite. À l'heure actuelle, aucun vaccin n'est disponible. Seul un traitement, appliqué dès les premiers symptômes, avec des doses massives de sulfamides, peut calmer les symptômes dans certains cas. Mais rares sont les bovins qui retrouvent leur niveau de production et leur valeur commerciale après avoir déclaré la maladie.

L'EXEMPLE HAUT-SAVOYARD

La besnoitiose est apparue en Haute-Savoie en 2010. Un premier troupeau a eu neuf vaches malades. La sérologie sur les bovins de plus de six mois a montré que 46 % étaient positifs. Un deuxième élevage a été touché la même année avec un seul malade et 36 % de bovins positifs. En 2012, le département a connu trois autres foyers. « Dès la première suspicion de besnoitiose, il est impératif d'isoler immédiatement l'animal malade afin de limiter la contamination du troupeau. Plutôt qu'engager un traitement lourd aux sulfamides, l'éleveur peut choisir de l'euthanasier aussitôt. Des sérologies individuelles sur tous les animaux de plus de six mois permettent ensuite d'établir le niveau de prévalence dans le troupeau. Dans la mesure du possible, il est recommandé d'éloigner les animaux positifs de ceux qui n'ont pas été touchés. Nous conseillons aussi de mettre en place un traitement insecticide, notamment en été. C'est un outil de prévention supplémentaire, même si l'efficacité n'est pas totale. Enfin, dans la mesure où l'éleveur nous donne son accord, nous informons le voisinage et établissons une enquête de terrain qui évalue les risques de contamination entre les troupeaux : mélange d'animaux, pâtures voisines, etc., pour vérifier ensuite par des sérologies l'étendue du foyer. C'est de cette façon que nous réussirons à maîtriser la maladie. Nous sommes aidés en cela par le Conseil général qui finance les frais de prélèvements et d'analyses. Ce soutien nous facilite bien des choses et il nous a permis aussi de mieux comprendre la circulation du parasite », explique Séverine Gerfaux, responsable du dossier besnoitiose au GDS 74.

Une fois l'élevage touché, deux stratégies peuvent s'envisager : accepter de vivre avec la maladie ou tenter de l'éradiquer. Si moins de 25 % des animaux sont positifs, il est possible d'assainir le troupeau en les réformant. Il faut y ajouter un plan de prévention très strict, en particulier sur les achats d'animaux (sérologies). Au-delà de 25 % de positifs, l'éradication apparaît difficile. L'éleveur ne peut que limiter les effets de la maladie en réformant les animaux jugés les plus atteints (porteurs de kystes) qui sont le plus gros réservoir de parasites.

ÊTRE ATTENTIF AUX PREMIERS SIGNES

Les animaux non contaminés seront, de préférence, isolés des autres, surtout pendant le printemps et l'été. Cela suppose aussi une conduite de pâturage permettant la séparation des cheptels. Ce sont là des contraintes fortes dans l'organisation du travail qui s'ajoutent aux pertes économiques. « C'est toujours l'éleveur le premier touché par la besnoitiose qui subit le plus de dommages, car le diagnostic est souvent tardif et la prévalence dans le troupeau importante. Pour mieux lutter contre la maladie, Il nous manque aujourd'hui un kit de détection précoce. Il faut aussi que tous les éleveurs connaissent les symptômes et soient toujours en alerte de façon à agir dès la moindre suspicion. Lorsqu'on est confronté à la maladie, échanger avec les éleveurs voisins est essentiel pour mettre en place des mesures de lutte et de prévention concertées. La besnoitiose n'est pas une maladie honteuse Mais elle n'est pas à déclaration obligatoire. En tant qu'éleveur, je peux le regretter. Cela faciliterait le suivi épidémiologique », assure Christophe Convers, administrateur au GDS de Haute-Savoie.

DOMINIQUE GRÉMY

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