À L'ESSAI, LA CASTRATION AUTREMENT AVEC LE STÉRILET POUR VACHES

La mise en place du DIUB ressemble extérieurement à l'insémination à la différence près du pistolet, qui est légèrement plus gros.
La mise en place du DIUB ressemble extérieurement à l'insémination à la différence près du pistolet, qui est légèrement plus gros. (©)

Venue d'Argentine, une nouvelle technique de stérilisation des vaches, plus simple que la voie chirurgicale, est en cours d'expérimentation dans plusieurs élevages français.

INVENTÉ PAR ENRIQUE TURIN, VÉTÉRINAIRE ARGENTIN, il y a une vingtaine d'années, le DIUB (dispositif intra-utérin bovin) reprend le principe du stérilet au cuivre utilisé comme contraceptif chez la femme.

Cet « Y » en plastique souple existe en trois tailles pour s'adapter à celle des cornes utérines. Il est entouré sur une partie par un filament de cuivre. Celui-ci provoque une réaction inflammatoire non pathogène qui, par voie enzymatique, prolonge la phase lutéale, rendant persistant le corps jaune. Cela bloque le cycle de la vache qui ne rentre plus en chaleurs. Des ergots maintiennent le système en place à l'intérieur des cornes utérines.

UN DISPOSITIF PAR CORNE UTÉRINE

La mise en place du DIUB peut être réalisée par un inséminateur ou un vétérinaire formé au geste. « Les éleveurs qui sont très à l'aise et rigoureux avec l'insémination peuvent envisager de le faire eux-mêmes, précise Aymeric Charrier, ingénieur chez Planet Élevage, la start-up française qui évalue sur le terrain les atouts de ce dispositif. Il doit être placé dans chaque corne utérine, ce qui implique une très bonne maîtrise de l'IPE (insémination par l'éleveur). »

La pose est un peu plus longue qu'une insémination, mais ne dépasse pas quatre à cinq minutes. Les deux stérilets sont insérés l'un derrière l'autre dans le même pistolet. Après avoir dépassé le col de l'utérus, le premier DIUB est déposé dans la première corne. Puis, sans avoir à ressortir de l'utérus, le deuxième est placé dans la seconde corne. Une bonne contention est indispensable, une cage étant l'idéal. A minima, la vache à stériliser sera bloquée au cornadis entre deux congénères.

La mise en place peut se faire à n'importe quel moment du cycle. Cette souplesse permet de regrouper plusieurs vaches à stériliser. « Cependant, il est plus facile de mettre en place les DIUB quand la vache n'est pas en chaleurs, précise Olivier Marsault, inséminateur dans le Loiret. Il faut dérouler chaque corne utérine qui est plus tonique au moment de l'oestrus. »

UNE ALTERNATIVE POUR VALORISER LA DERNIÈRE LACTATION

En revanche, il faut attendre 30 à 60 jours après le vêlage pour que l'involution de l'utérus soit complète au moment de la pose. Un utérus dilaté (trop tôt après vêlage ou à la suite d'une mauvaise involution) empêche la pose des stérilets. « Ce délai laisse également le temps à l'éleveur d'être sûr de sa décision car, une fois posés, les stérilets ne peuvent pas être retirés », précise-t-il.

Cette alternative à la castration chirurgicale permet de mettre à profit la dernière lactation d'une vache avant sa réforme et/ou la phase d'engraissement. « Pour les laitières, l'absence de chaleurs augmente la production laitière et limite le risque de mammites et de blessures, souligne Olivier Marsault. Sans contraception, les pertes peuvent atteindre 5 à 6 litres par jour pendant deux jours toutes les trois semaines. Sur une lactation, cela représente plusieurs centaines de litres. De plus, l'absence de chaleurs améliore le GMQ de 5 % en allaitant. On estime que cet effet existe également en laitier. Il ne faut pas oublier que de nombreuses vaches arrivent pleines à l'abattoir. Si les chiffres ne sont pas disponibles pour la France, en revanche, en Allemagne et en Grande-Bretagne, respectivement 15 et 40 % des vaches sont abattues pleines. À terme, cela risque de poser des questions d'éthique, surtout lorsqu'il s'agit de gros foetus. »

Pour que le dispositif soit rentable (30 €, frais de pose inclus), il faut qu'il soit mis en place au moins cinq à six mois avant la réforme de l'animal, selon Planet Élevage. La start-up envisage le développement d'une application smartphone qui aidera les éleveurs à calculer cette rentabilité. Comme pour tout, le taux de réussite n'est pas de 100 %. Les échecs peuvent être expliqués par une mauvaise pose ou par des anomalies ovariennes. « Pour l'instant, les données sont encore trop peu nombreuses pour les races présentes en France, souligne Aymeric Charrier. Nous observons entre 60 et 90 % de non-retours en chaleurs. La qualité technique de la pose semble être déterminante dans la réussite de la stérilisation. » Un délai d'un à deux cycles est nécessaire pour que les stérilets soient efficaces.

ÉMILIE AUVRAY

La mise en place du DIUB ressemble extérieurement à l'insémination à la différence près du pistolet, qui est légèrement plus gros.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo

« L’IA ne remplace pas notre métier, elle le facilite »

Monitoring

Tapez un ou plusieurs mots-clés...