
La pression épidémiologique des maladies réglementées est moins forte. Cependant, l'éleveur ne doit pas s'affranchir de la détection d'autres infections contagieuses lorsqu'un nouvel animal est introduit dans son troupeau.
L'INTRODUCTION D'UN BOVIN PRÉSENTE UN RISQUE SANITAIRE pour son troupeau et celui des voisins. Aussi, dès lors qu'il y a un mouvement d'animal entre deux élevages (achat, location, mise en pension), le contrôle dès son introduction est obligatoire. Il repose sur une visite vétérinaire, appelée visite d'achat, qui doit être effectuée dans les dix jours suivant la livraison. À cette occasion, le vétérinaire contrôle le passeport (daté et signé) et en fonction du statut sanitaire de l'élevage d'origine mentionné sur la carte verte (Asda), il procède aux interventions : prise de sang pour dépister l'IBR, la brucellose si nécessaire, et la tuberculination. Le praticien transmet l'Asda au laboratoire avec les prélèvements. La nouvelle carte verte sera délivrée par les services d'identification à l'issue des examens sanitaires.
L'IBR, SEULE OBLIGATION RÉGLEMENTAIRE
Historiquement, la visite d'achat est garante de la protection du troupeau contre la diffusion des maladies dites réglementées : IBR, brucellose et tuberculose. « Tous les élevages français sont certifiés indemnes de brucellose et de tuberculose et, compte tenu du faible risque épidémiologique sur ces maladies, les mesures de détection obligatoires ont été allégées », précise Claude Joly, président du GTV du Pas-de-Calais.
En effet, le dépistage de la brucellose et de la tuberculose sur un animal dont le temps de transport n'excède pas six jours n'est plus obligatoire, sauf cas particulier d'animaux en provenance de départements à risques (voir tableau). Concernant l'IBR (rhinotrachéite infectieuse bovine), le dépistage reste obligatoire, mais des dérogations sont possibles : « Si le vendeur est certifié indemne d'IBR (mention spécifiée sur l'Asda) et si le transporteur peut justifier d'un transit sans contact avec d'autres animaux, l'introduction de l'animal peut se faire sans contrôle, explique Rémi Coullon, conseiller au GDS 62. Sur justificatif, la dérogation peut également s'appliquer si les vaccins du bovin sont à jour. » Le formulaire de demande de dérogation est à retirer auprès du GDS.
Signalons le cas des ateliers d'engraissement en bâtiment fermé qui peuvent également déroger à l'obligation de dépistage de l'IBR. C'est la DDPP qui accorde la qualification d'atelier dérogatoire dans le cadre de visite de conformité annuelle. Enfin, pour l'achat d'animaux destinés à l'engrais par des ateliers non dérogatoires et ne bénéficiant pas de l'appellation « cheptel indemne d'IBR », il est possible de simplifier les démarches en faisant vacciner directement tous les animaux, au lieu de réaliser une analyse et de vacciner par la suite les animaux positifs. En France, 60 % des élevages ont la qualification « indemne d'IBR ». Cependant, les animaux qui ne bénéficient pas de cette appellation ne subissent aucune restriction à la vente. C'est du côté des acheteurs que se fait la sélection : un cheptel indemne va privilégier l'achat d'animaux également qualifiés, car il bénéficie de ce fait de la possibilité de déroger au contrôle à l'introduction, à condition que le transport garantisse de toute contamination. « Ce qui est préjudiciable avec la dérogation IBR, c'est qu'elle incite l'éleveur à ne rien faire, avec le risque d'introduire des animaux porteurs sains d'autres maladies contagieuses non réglementées », prévient Rémi Coullon.
PARATUBERCULOSE ET BVD RECOMMANDÉES
Aussi, pour l'achat de reproducteurs, le GTV et le GDS recommandent le dépistage de la BVD, c'est-à-dire la recherche d'animaux IPI porteurs permanents du virus, et de la paratuberculose, maladie qui provoque des diarrhées incurables pouvant entraîner la mort. Le GDS 62 propose un « kit intro » avec un tarif préférentiel sur le coût des analyses. Pour ses adhérents, la formule IBR + BVD + paratuberculose est à 10,93 €/animal. « Un coût dérisoire compte tenu des enjeux. » Concernant la BVD, une femelle gestante introduite dans l'élevage peut s'avérer négative, mais porteuse d'un veau IPI. Le GDS conseille de renouveler le dépistage sur son veau un mois après la mise bas. Dans le Pas-de-Calais, seulement 1,6 % des bovins sont déclarés positifs à la suite du contrôle d'introduction. « Mais il suffit d'introduire une bête positive pour générer une situation sanitaire catastrophique. À titre d'exemple, il faudra au minimum cinq ans pour maîtriser la paratuberculose et deux ans pour la BVD », dit Rémi Coullon.
BLANCHIR LES ANIMAUX DE HAUTE VALEUR GÉNÉTIQUE
Pour les achats d'animaux de haute valeur, il peut être justifié d'aller plus loin et, pourquoi pas, jusqu'à l'analyse de l'état sanitaire de la mamelle. Sur les reproductrices, le dépistage des maladies abortives (fièvre Q, néosporose, chlamidiose) est justifié. La besnoitiose, maladie parasitaire transmise par des mouches piqueuses, concerne surtout huit régions du sud de la France. « C'est lors de la visite d'achat qu'il faut définir avec son vétérinaire le meilleur niveau de dépistage en fonction de la provenance de l'animal, de son âge, de son devenir dans le troupeau et du niveau sanitaire de son exploitation, rappelle Claude Joly. Il est inutile de demander des garanties sanitaires supérieures au statut de son étable. »
D'autres maladies sont souvent négligées lors de l'introduction d'un animal. Au premier rang, la mortellaro, maladie du pied à l'origine de boiteries. « Dans les logettes sur béton, favorables à son développement, cette maladie présente un risque de contagion élevé. Il faut donc profiter de la phase d'isolement pour parer puis désinfecter les sabots. » Le praticien va plus loin et recommande de prendre en compte le risque parasitaire (dartres, gales, douves) et, plus particulièrement, les strongles respiratoires dont les larves enkystées dans les poumons peuvent rester en sommeil pendant l'hiver et se réveiller au printemps. « Le déparasitage systématique pendant la phase de séparation physique dans le local de quarantaine est justifié. » En théorie, tout élevage devrait disposer d'un local de quarantaine garantissant la séparation physique de l'animal introduit vis-à-vis du troupeau, jusqu'à la réception des résultats d'analyses. Sur une exploitation qui achète régulièrement des animaux, la construction d'un local dédié, idéalement à l'extérieur afin que le transporteur ne pénètre pas dans l'élevage, doit être privilégiée. L'idéal est un local d'une surface minimum de 5 x 5 m/vache. Dans le cas contraire, le local de l'infirmerie peut être utilisé, à condition de respecter les mesures de désinfection.
SE COUVRIR AVEC LE BILLET DE GARANTIE CONVENTIONNELLE
« Évitez le box de vêlage, souvent trop proche du troupeau et de la salle de traite, conseille Rémi Coulon. Un parc extérieur peut convenir, à condition d'avoir un minimum de contention pour faire les prises de sang. » Pour se couvrir, la prise de sang doit être réalisée dans les dix jours qui suivent la livraison. Passé ce délai, en cas de résultat IBR positif, le vendeur n'a plus l'obligation de reprendre le bovin. « Si la prise de sang est réalisée dans les délais, en cas de résultat positif, l'acheteur a trente jours pour faire valoir le vice rédhibitoire et retourner l'animal au vendeur. Dans le cadre des maladies réglementées, le vendeur a alors obligation de reprendre l'animal. Concernant la BVD et la paratuberculose, nous conseillons à l'acheteur de signer avec le vendeur un billet de garantie conventionnelle qui certifie l'engagement de ce dernier à reprendre les animaux positifs. » Ce billet de garantie est à retirer auprès des GDS
JÉRÔME PEZON
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