EN VENDÉE, QUINZE MINUTES SUFFISENT POUR MESURER UN PROBLÈME DE REPRODUCTION

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L'exploitation de la base de données IPG permet de disposer d'indicateurs zootechniques et sanitaires en temps réel. Il suffisait d'y penser.

LE 17 JANVIER 2008, LE DOCTEUR JEAN-MICHEL QUILLET, vétérinaire et président du Groupement technique vétérinaire de Vendée, a rendez-vous avec Hervé Richard, éleveur laitier à Aubigny (Vendée), pour établir le bilan sanitaire d'élevage. Lors de la réunion de travail, le vétérinaire pointe du doigt l'intervalle vêlage-vêlage (IVV) pour la période comprise entre août 2006 et juillet 2007. 74 % des vaches affichent un IVV supérieur à 400 jours : 434 jours pour les primipares actuellement en deuxième lactation et 440 jours pour les autres multipares. L'éleveur confirme : l'infécondité de ses vaches le préoccupe. Ayant augmenté de 2 000 l le niveau d'étable, il a fait le choix d'inséminer ses vaches après 90 jours post-partum. Or, pour la période considérée, l'intervalle moyen vêlage-insémination fécondante affiche 184 jours. « Pour un troupeau moyen de 40 vaches laitières réalisant son quota, un allongement d'un mois de l'IVV moyen, au-delà de douze mois, entraîne une perte financière de 1 600 / an environ, indique Jean-Michel Quillet, soit 40 par vache laitière et par an. »

Pour cet élevage, l'estimation de la perte annuelle dépasse 2 000 €, soit 57 % de ses frais vétérinaires qui s'élèvent à 3 486 €, et 40 % de la note d'électricité qui atteint 5 000 €. Parallèlement, la longévité du troupeau se dégrade avec une durée de carrière des vaches qui est passée, en un an, de 2,85 à 2,37 lactations par vache. Par ailleurs, le taux de réforme des vaches en lactation est passé de 25 à 39 %, d'où un taux de primipares dans le troupeau qui atteint 46 %. Quelles sont les vaches infécondes et quel est leur âge ? S'agit-il d'un problème structurel ou conjoncturel ?

DEUX CLICS DE SOURIS POUR IDENTIFIER LES VACHES INFÉCONDES

L'ordinateur est prêt. Direction le site web du Groupement de défense des maladies animales de la Vendée : www.gdma85.asso.fr et la rubrique « Espace sanitaire privatif ». Un clic sur « SPE » et la rubrique « Reproduction », et l'éleveur et le vétérinaire accèdent à l'histogramme de répartition des vaches en fonction de l'IVV. Un clic sur la barre d'histogramme et les numéros des vaches infécondes s'affichent. Un rapide coup d'oeil sur le bilan de reproduction des vingt-deux génisses signale un âge moyen au premier vêlage de trente-deux mois. Qu'en était-il les douze mois précédant la période ? Une nouvelle période de référence étant déterminée, apparaissent à l'écran les résultats de la fertilité des génisses de la génération précédente. Sur sept génisses, seules deux avaient été fécondées entre vingt-huit et trente-deux mois. « Ces résultats ne se voient pas sur la comptabilité, mais préparent la dégradation », indique Jean-Michel Quillet.

Tous les éleveurs laitiers vendéens, lotois, mayennais et sarthois peuvent vous décrire, en un quart d'heure chrono, indicateurs à l'appui, la structure et le fonctionnement annuels de leur élevage. Ils disposent depuis deux ans de l'accès gratuit à la version électronique du SPE, le support personnalisé d'épidémio surveillance. Cet outil a été conçu pour accompagner la pratique d'une médecine préventive à l'échelle du troupeau.

Le Groupement technique vétérinaire de la Vendée souhaitait s'affranchir de la recherche des informations éparpillées dans les différents documents techniques, de leur saisie et des inévitables calculs. Il a eu l'idée, dès le début des années quatre-vingt-dix, de tirer profit de la connaissance des mouvements d'animaux (naissance, réforme, mort, achat) connus grâce à la base de donnée de l'identification des bovins.

UN TABLEAU DE BORD SIMPLE ET PUISSANT

En effet, le traitement de ces mouvements permet d'obtenir des indicateurs ayant une signification zootechnique et sanitaire. Par exemple, l'intervalle vêlage-vêlage (pour les rangs de vêlage 1 et 2, ou au-delà), l'âge au premier vêlage, la mortalité des veaux de zéro à trois jours, de trois jours à trois mois et de trois mois à huit mois, le taux de réforme des vaches…, soit onze indicateurs, sont enregistrés. Ces derniers sont représentés sous la forme d'une rose des vents permettant à l'éleveur de situer son élevage par rapport à la moyenne du département et de l'optimum technico-économique à viser. Un premier logiciel a été développé en 1995 sous la responsabilité du GTV de la Vendée, en partenariat avec le Groupement de défense des maladies animales (GDMA) de la Vendée, qui a en charge la gestion de la base d'Identification pérenne généralisée (IPG) du département. La réforme de l'IPG en juillet 1998 a accru la fiabilité des données et leur incrémentation dans la base quasiment en temps réel. L'évolution informatique permet aux éleveurs de disposer, en ligne, des informations pour les douze derniers mois, et également sur douze mois au choix jusqu'à six années antérieures. Le SPE mentionne également le nombre d'avortements déclarés par an, pour les cinq dernières années.

La version 2009 comporte le statut de l'exploitation au regard des maladies réputées légalement contagieuses ainsi que les plans de maîtrise (BVD, paratuberculose) mis en place dans l'élevage. « Cette année, le SPE indique également les numérations cellulaires du lait de tank pour 80 % des éleveurs laitiers vendéens », précise Thierry Renaudineau, responsable sanitaire du GDMA 85. Très bien perçu par les éleveurs bovins adhérents au GDMA 85, le SPE, riche d'informations, permet de valoriser les notifications IPG.

CATHERINE BERTIN-CAVARAIT

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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