LA PRISE EN COMPTE DE LA DOULEUR EST L'UNE DES CLÉS POUR AMÉLIORER L'ÉLEVAGE. Sans remettre en cause notre modèle, il est possible de la réduire ou d'en supprimer les causes. C'est le thème du film Même pas mal , produit par Patrick Morel et le Centre d'élevage de Poisy (Haute-Savoie). Dans ce long-métrage, Thierry Hetreau, coauteur et vétérinaire, formateur et éleveur à Poisy, nous guide dans les différents moments de la vie d'un bovin qui peuvent être source de douleurs, certains ponctuels comme le vêlage, l'écornage, d'autres plus diffus comme la vie dans le bâtiment, l'alimentation. Les séquences tournées en élevage alternent avec des interviews de scientifiques qui travaillent sur le sujet. Ce film, qui sera projeté en salle de cinéma dans les grandes régions d'élevage, est aussi l'occasion de s'interroger, sans aucun anthropomorphisme, sur notre rapport avec l'animal d'élevage.
DOMINIQUE GRÉMY
LE DÉFAUT D'INTERVENIR TROP TÔT
- Le vêlage est un épisode qui peut être très douloureux. Souvent, par crainte de perdre le veau, on intervient trop vite ou trop tôt, sans laisser le temps aux tissus de se dilater, à la nature de faire son « travail ».
- À savoir. Quand la poche des eaux est sortie, vous avez encore beaucoup de temps, jusqu'à huit heures. Laissez la vache poursuivre ses contractions si tout progresse. Les outils d'assistance à la surveillance du vêlage de dernière génération donnent un repère précis en affichant l'heure de la sortie de la poche des eaux.
- Mais aussi. L'hygiène au vêlage, pour la vache comme pour le veau, fait partie de l'arsenal antidouleur en prévenant les risques d'infections. Même l'alimentation avant le vêlage, par son incidence sur les maladies métaboliques comme les fièvres de lait, sources de traumatismes, est à prendre en compte.
AU MOMENT DE L'INSÉMINATION
- L'insémination artificielle, comme d'autres actes quotidiens, n'est pas douloureuse en soi pour l'animal, mais une bonne contention facilitera le geste de l'opérateur. Il faut savoir qu'un animal qui souffre (blessure, infection, etc.) secrète moins d'ocytocine, cette hormone dite du « bien-être » qui influence favorablement la fertilité.
- Évident. Le choix du taureau sur son aptitude à faire des veaux naissant de petite taille participe à prévenir des vêlages douloureux. Mais un état d'engraissement excessif de la mère conduit aussi aux mêmes risques d'un vêlage ou d'un après-vêlage difficile
LA RÈGLE DES VACHES CALMES, UN ÉLEVEUR CALME
- Si tout va bien, la vache doit avoir envie d'aller à la traite. Mais une machine à traire mal réglée, des manchons en mauvais état, des courants parasites ou un trayeur brusque peuvent créer de la douleur ou du stress.
- Les signes d'alerte. Des vaches qui bougent, d'autres qui bousent pendant la traite, une traite longue car les vaches ne donnent pas facilement leur lait, tout cela montre que quelque chose ne va pas.
- À savoir. Éviter de faire des piqûres ou toute autre intervention douloureuse dans la salle de traite. Vérifiez la bonne mise à la terre des tubulaires. Restez zen, même si cela se passe mal.
LA DOULEUR DU VEAU TROP SOUVENT NÉGLIGÉE
- La souffrance de la brûlure ne cesse pas une fois que le cornillon a été traité. Elle peut durer plusieurs heures et certains veaux hésitent à s'alimenter les deux ou trois jours après l'intervention. L'utilisation d'une pâte caustique n'est pas moins douloureuse que l'écornage à chaud. La première des précautions est de ne pas intervenir trop tardivement sur des cornillons trop développés. Cela peut être fait dès quinze jours après la naissance quand on devine le bourgeon de la corne.
- Les précautions indispensables. Utiliser un écorneur qui assure une température suffisante et disposer d'une bonne contention pour le veau permettent une intervention rapide, donc moins traumatisante.
L'ANALGÉSIE, PEU PRATIQUÉE
- La réglementation française n'impose le recours à un analgésique que pour les veaux de plus de quatre semaines. Cette réglementation n'est guère respectée pour plusieurs raisons : ignorance de l'éleveur, coût apparent par animal (2 à 3 €), arsenal thérapeutique réduit pour l'éleveur. Pourtant, quel confort pour une intervention que ni l'éleveur ni l'animal – ni le consommateur – n'apprécient !
- À savoir. L'éleveur ne peut disposer que d'anti-inflammatoires non stéroïdiens. De même, l'usage d'anesthésique local ou d'un sédatif n'est possible que par le vétérinaire. Pourtant, quel confort pour l'homme et l'animal !
ELLES SONT SOUS-ESTIMÉES
- Il n'y a pas que le stade avancé de la vache fortement boiteuse qui soit douloureux, les stades intermédiaires, souvent non détectés par l'éleveur, le sont également. La dermatite digitée ou maladie de Mortellaro commence par un petit « bobo » qui ne se distingue pas au premier coup d'oeil. Dès ce stade, toute pression sur la zone sensible est insupportable pour l'animal.
- Agir rapidement. C'est d'abord savoir repérer les vaches qui souffrent sur leurs aplombs : petites enjambées, courbure du dos plus ou moins marquée quand elle marche, pied levé ou centre de gravité du corps décalé à l'arrêt... Il faut ensuite parer au plus vite et ne pas attendre que plusieurs vaches boitent pour contacter le pareur. Une solution est de se former aux techniques du parage.
LE POINT NOIR DES LOGETTES
- Nous dépassons ici la notion de douleur pour parler du bienêtre de l'animal. Le bien-être, concrètement, c'est quand la vache n'a pas à faire d'effort pour s'adapter à son milieu.
- Mal réglées, mal conçues. Nous pouvons estimer qu'une majorité des logettes sont encore inconfortables. L'animal se heurte en se couchant ou en se levant. Il n'est pas couché confortablement. Il se blesse au niveau du jarret, etc. On est loin du bien-être ressenti par l'animal dans la pâture.
- À surveiller. Des vaches qui se couchent dans le couloir, d'autres qui hésitent à entrer dans la logette et restent un certain temps debout, les pattes arrière dans le couloir, sont les signes de logettes inconfortables.
- À savoir. Une vache passe normalement une douzaine d'heures par jour en position couchée. Les heures passées debout à attendre fatiguent les onglons. Et cette pression permanente sur les onglons est d'autant plus douloureuse que l'animal est maigre, comme l'ont montré des résultats récents.
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