
En 2013, Gaël Drouet s’est équipé d’un robot de traite pour ses 75 vaches. Disposant de 25 ha de prairies accessibles autour de la ferme, il a maintenu avec succès une forte part de pâturage, grâce à une organisation de circulation simple et efficace.
« Cela fait maintenant onze ans que le robot de traite Lely est arrivé sur l’exploitation, explique Gaël Drouet, éleveur à La Planche, en Loire-Atlantique. Dès le départ, j’ai voulu favoriser au maximum le pâturage et ne pas créer d’astreinte supplémentaire en gardant le troupeau dans le bâtiment. Le temps est en effet précieux, puisque je suis seul à la ferme avec un salarié et un apprenti. C’est le robot qui trie les vaches et les envoie à l’extérieur si elles sont autorisées à sortir. Celles qui doivent être soignées ou inséminées sont repérées par leur collier et retournent automatiquement vers la stabulation. Avec ce principe, les laitières doivent donc passer à la traite avant d’aller au pré. Pour maintenir de bons résultats et ne pas créer de nouvelles contraintes, il a fallu réfléchir à l’organisation quotidienne et au choix des équipements. »
La gestion des flux d’animaux est un point central, puisque les vaches doivent pouvoir circuler librement une à une quand elles vont à l’extérieur ou quand elles en reviennent. La stalle a donc été placée à une extrémité de la stabulation, au point de départ des chemins menant vers les pâtures. Juste après le robot, les vaches passent devant un abreuvoir, car elles n’ont pas de point d’eau dans le pré. Cela les oblige ainsi à revenir dans la stabulation pour boire, donc à repasser ensuite par la traite pour ressortir. Quand il avait encore sa salle de traite, l’éleveur fonctionnait déjà ainsi, sans abreuvement dans la prairie, mais avec uniquement de l’eau en libre accès au bâtiment.
Parcelle différente pour la nuit
Afin de valoriser au mieux l’herbe disponible, l’accès au pâturage est possible le jour et/ou la nuit, et parfois 24 heures sur 24 selon la période de l’année. Les premières sorties débutent généralement en février, dès que le temps le permet. Au départ, les vaches ne broutent qu’en journée, généralement de 7 à 19 heures. Vers la mi-avril, l’éleveur ouvre une parcelle différente accessible uniquement la nuit. Durant l’été, si les températures augmentent trop, le troupeau pâture seulement la nuit et reste à l’intérieur pendant la journée.
À partir du 15 septembre, les vaches ne retournent au pâturage que le jour, et ce, jusqu’en décembre. Enfin, en hiver, quand les sols portent moins et que l’herbe n’est plus assez abondante, le troupeau passe 100 % de son temps dans le bâtiment. « La zone de prairies accessible aux animaux est divisée en une vingtaine de paddocks, mesurant entre 1 et 1,5 ha chacun, explique l’éleveur. Pendant toute la période où les vaches pâturent en continu, il est indispensable d’avoir des parcelles différentes pour le jour et la nuit. Si je les renvoyais toujours dans le même paddock, il serait difficile de gérer celles qui sont déjà revenues à la traite et celles qui sont restées au champ. »
Un carrefour avec des barrières
Pour fluidifier les allers et retours, Gaël Drouet a donc prévu des parcours avec des sens de circulation. C’est indispensable pendant la période où les animaux pâturent jour et nuit et passent leur temps entre deux parcelles. Après le robot, les vaches autorisées à sortir arrivent donc dans un sas.
Grâce à une première porte que l’éleveur fait pivoter le soir et le matin, elles sont orientées vers la parcelle de jour ou vers celle de nuit. Mais le chemin du retour en fin de journée coupe obligatoirement celui qui mène à la parcelle de nuit. Pour obliger chaque vache à bien repasser par le robot, un système de barrières a été installé afin de créer un carrefour où les deux parcours se croisent à angle droit. Pour passer ce carrefour, chaque animal doit pousser une barrière pivotante qui l’empêche de bifurquer à droite ou à gauche.
La vache suit donc le chemin prévu et elle ne peut pas aller d’une parcelle à l’autre sans être traite. « Le principe est simple, souligne l’exploitant. Grâce aux barrières pivotantes, les vaches se croisent mais ne se mélangent pas. Une parcelle se vide quand l’autre se remplit, et nous n’avons pas à les déplacer d’un point à un autre. La seule contrainte concerne un parcours qui passe devant les silos. Il faut le fermer avec un fil électrique et le racler quand nous allons chercher de l’ensilage pour recharger la cuisine du robot d’alimentation.
Cela dure de vingt à trente minutes tous les trois jours environ. Les vaches qui passent par-là patientent derrière le fil, ce n’est pas très long. Ces questions autour de la circulation de la stabulation vers la prairie reviennent souvent dans les échanges avec les éleveurs qui se renseignent sur mon organisation. »
Économie de 2 €/vache/jour avec le pâturage
Si les zones de déplacement autour des bâtiments sont bétonnées, les chemins d’accès aux différents paddocks ne sont même pas empierrés. Les terres de l’exploitation sont drainées et, généralement, les vaches se déplacent une par une. Elles n’abîment donc pas le sol. Le changement de parcelle a lieu tous les deux à trois jours. Au printemps, Gaël Drouet suit la pousse avec un herbomètre. Quand la quantité d’herbe dépasse les besoins, il débraye un ou deux paddocks en les récoltant en enrubannage. « C’est une période délicate, car il ne faut pas se laisser déborder », explique-t-il.
Les vaches mangent de l’ensilage toute l’année, même quand elles sortent jour et nuit. Le volume de la ration distribuée est donc adapté à la quantité d’herbe disponible. Sur le plan technique, le troupeau atteint une moyenne de 37 kg/jour de lait produit par vache, ce qui est très performant. « En calculant le coût de l’alimentation à différentes périodes de l’année, le bilan montre que j’économise 2 € par vache et par jour lorsqu’elles sortent pâturer, comparé à une nourriture 100 % à l’auge. En termes de temps, le gain est également intéressant, puisque je passe environ un tiers de temps en moins pour recharger la cuisine du robot quand les vaches vont au pré. S’ajoutent à cela les économies réalisées en matériel et en main-d’œuvre sur le poste épandage des effluents. Le point le plus délicat est la phase d’apprentissage pour les génisses, car elles doivent s’adapter à la fois au robot et à la circulation pour aller au pré. Il faut être présent pour les pousser au départ, mais elles finissent toujours par comprendre. »
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