Les revenus reculent, malgré un prix du lait attractif

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Tendance. Alors que le prix du lait est à un niveau historiquement haut, le revenu des éleveurs français a baissé en 2023 et la collecte nationale recule pour la troisième année consécutive.

Après l’envolée de 2022, le prix du lait départ ferme enregistre, en 2023, une nouvelle progression de 5 %, à 460 € pour le lait standard 38/32, toutes qualités confondues. Pourtant, le revenu des éleveurs laitiers français a baissé. C’est ce que révèle l’analyse des résultats des exploitations du réseau Inosys, publiée par l’Idele. Rappelons qu’il s’agit d’estimations réalisées à partir des données de 350 exploitations choisies pour leurs performances, c’est-à-dire que leurs résultats sont supérieurs à la moyenne des fermes laitières françaises.

Des charges fixes qui plombent les éleveurs

L’évolution positive du prix du lait, associée à une stabilisation du coût des intrants, notamment des aliments, a permis de conserver une bonne marge : la Milc progresse pour la deuxième année consécutive. La baisse de revenu est en fait surtout imputable à l’évolution des charges fixes : salaires, fermages, électricité ou encore travaux par tiers. Il faut y ajouter l’impact des cotisations sociales des exploitants, calculées sur une moyenne triennale rehaussée par les revenus de 2022, ainsi que l’entrée en vigueur de la nouvelle Pac : à l’exception des élevages bio qui bénéficient d’une hausse à la faveur des écorégimes de niveau 3, la baisse des aides Pac est estimée, selon les systèmes, entre - 1,5 % et - 3,4 %. Enfin, bien que le prix du lait progresse, le produit lait est affecté par la baisse des volumes livrés (- 2,7 %), particulièrement marquée en systèmes herbagers, bio ou de montagne. Toutes les régions sont concernées à l’exception de la Normandie (-0,3 %) et des Hauts-de-France (-0,7 %), où le léger recul est à mettre en lien avec les intempéries de fin d’année.

Les éleveurs bio dans la tourmente

Dans le détail, la baisse de revenu en plaine est proportionnelle à la part de grandes cultures dans les assolements, compte tenu du retournement de conjoncture des céréales (- 30 %). Les systèmes lait et viande, malgré une surconsommation d’aliments pour compenser la qualité des fourrages 2022, bénéficient de la hausse continue des cours de la viande bovine (+ 4,7 %). En plaine, mais aussi dans les montagnes de l’Est (Franche-Comté et Savoie) grâce à la fermeté des AOP, les revenus moyens sont supérieurs à 40 000 €/UMO exploitant. Mais la situation des élevages laitiers dans les montagnes et piémonts du Sud (Massif central essentiellement) reste délicate, et même alarmante pour les bios, dont le revenu est seulement de 16 800 €/UMO. Si les bios spécialisés de plaine sont moins fragilisés, l’inquiétude est forte pour les revenus les plus bas : 25 % des éleveurs dégageraient moins de 10 000 €/UMO.

Grâce à des fourrages 2023 de qualité, à un ralentissement de l’érosion du cheptel et à un prix du lait qui reste attractif, la production française semble repartir depuis décembre. Prix qui pourraient rester au niveau de 2023 au regard du faible dynamisme de la production des grands bassins exportateurs.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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