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« Rien n'est jamais acquis ! » C'est ce que répond Mickaël Coursière lorsqu'on l'interroge sur son troupeau laitier. L'éleveur normand, discret et absent des rings est pourtant reconnu des passionnés de génétique grâce à ses belles vaches La Croisière, dont certaines se sont vendues à plus de 10 000 €. L'éleveur se qualifie plutôt de naisseur : « Ce qui m'intéresse c'est de travailler dans mon troupeau. Je préfère voir mes vaches menées en concours par ceux qui savent faire. »
Parmi les vaches marquantes du troupeau, Mickaël cite volontiers :
- La Croisière Atwood Imerina EX92, réserve grande championne du Space 2016 et vendue en Suisse à La Waebera ;
- La Croisière Goldwyn Golydna EX91, première au Space 2016 et vendue à La Jugletiere (deux de ses filles dans le troupeau constituent la 10e génération EX consécutive issue de la famille américaine Golden Oaks Mark Prudence) ;
- Et plus récemment La Croisière Doorman Magie EX90, petite fille de Regancrest Chassity, la célèbre vache américaine à 1 million de dollars dont est issue une grande part du troupeau aujourd'hui.
Atteindre les 100 000 kg de lait
Le Gaec de la Croisière, c'est 20 ans de sélection ardue. « On cherche la conformation parce que c'est par ce biais-là qu'on peut réussir à garder les vaches le plus longtemps possible, avec en toile de fond l'idée d'atteindre les 100 000 kg de lait dans leur carrière. » Pour cela, Mickaël choisit plutôt des taureaux nord-américains, reconnus pour leur productivité.
Depuis trois ans, l'élevage se classe premier de la race en nombre de vaches classées excellentes (27 sur 100 en 2021, le reste du troupeau classé "très bon"). Il est aussi cinquième en note globale de troupeau (88,1 points).
Un bâtiment, deux types de logements
Au Gaec de la Croisière lorsqu'on entre dans la stabulation des vaches laitières, dans le couloir d'alimentation central, on est entre deux camps : celui des logettes et celui de l'aire paillée. Pas de jaloux : le bâtiment dispose des deux !
En stabulation logettes depuis les années 90, l'aire paillée est arrivée après (lors d'un agrandissement) : elle a été conçue en couvrant les silos bétonnés en face du bâtiment. Et depuis Mickaël constatait un écart : « Les logettes ont toujours été moins confortables que l'aire paillée. On a déjà changé deux fois les tapis mais le problème persistait : les vaches restaient debout longtemps et quand elles se couchaient, elles y restaient vraiment longtemps car le lever devait être douloureux ou glissant. En fait, les logettes étaient devenues trop exiguës par rapport à la taille des vaches. »
Une aire paillée et des logettes... confortables !
En 2019, Mickaël décide de prendre plus de recul sur l'existant : « On a regardé ce qui se faisait sur le marché pour améliorer le confort, mais tous les tapis se ressemblaient et il fallait ajouter de la paille par dessus. On a donc opté pour un matelas qui est beaucoup plus épais et dans lequel les vaches ont un vrai point d'appui pour se relever. » L'éleveur s'est tourné vers la marque Cow House dont le commercial a porté un regard neuf sur l'installation : « Par des vidéos, on a d'abord regardé le comportement des vaches dans les logettes, puis on a recalculé les dimensionnements en fonction de leur gabarit. »
Les associés ont donc rallongé les dalles bétonnées de 25 cm, puis ils ont fait plusieurs essais quant aux réglages des logettes : 132 cm pour la hauteur de barre au garrot, 116 cm de largeur, et 280 cm de longueur total du bout de la logette au mur. « En les rallongeant de la sorte, on a raccourcit la largeur des couloirs à 2m10 mais le bâtiment n'étant pas surchargé, ça reste correct. » Coût total de l'opération : 23 000 € pour 50 places logettes + matelas. « On ne s'en rend pas toujours compte mais c'est un poste sur lequel il ne faut pas faire d'économies. Et puis, remis dans l'atelier et la durée, ça ne représente pas tant que ça. »
« On aurait pu tout casser du côté des logettes pour faire une aire paillée comme en face et comme pour les élèves, mais avec les fosses sous les caillebotis c'était compliqué, explique l'éleveur. Et il aurait fallu rallonger le bâtiment pour garder le même cheptel. »
Deux ans que les nouvelles logettes et leurs matelas sont installés et Mickaël voit clairement la différence : les vaches ne dérapent plus sur les logettes, elles se couchent et se lèvent bien. Sur les matelas, il met un peu de sciure à la main chaque jour. « J'en ai toujours mis, c'est une habitude. Mais vu la qualité des matelas, je me demande si je ne vais pas arrêter, car ça nous coûte quand même 1 500 €/an. »
« Avant, on mettait les meilleures vaches sur l'aire paillée mais maintenant on aurait tendance à faire l'inverse. On est content des deux systèmes et on a les mêmes résultats sur les deux robots de traite avec une bonne qualité du lait (en moyenne 173 000 cellules sur les 12 derniers mois). On constate juste un peu plus de dermatites du côté des logettes mais c'est à cause des caillebotis. »