Des intérêts du pâturage, Antoine Pannard, éleveur à Parné-sur-Roc (53), pourrait en parler pendant des heures. « J’ai augmenté la part de prairies jusqu’à arriver à 55 ares par vache, retrace l’éleveur. En basant au maximum la production laitière sur l’herbe, j’ai retrouvé un sens à ma façon de produire. J’ai redonné un lien entre les animaux et le sol tout en améliorant l’autonomie alimentaire. Avant j’achetais 200 tonnes d’aliments, maintenant je n’en ai plus besoin que de 25. »
Moins d'herbe pâturée avec la taille des troupeaux qui augmente.
Si Antoine Pannard a remis le pâturage au cœur de son système fourrager, ce n’est pas le cas de tous les éleveurs : bien que 90 % des exploitations laitières pratiquent le pâturage, c'est avec une part dans la ration très variable et une tendance à la diminution du nombre d’ares par vache. « Il y a une tendance à avoir moins d’herbe pâturée car sa gestion peut être plus compliquée qu’une ration à base de fourrages conservés, surtout quand la taille du troupeau augmente, analyse Jean-Louis Peyraud, directeur de recherches à l’Inrae, lors d’un colloque organisé par les GTV des Pays de la Loire et le laboratoire Ceva. La gestion de l’herbe reste plus variable selon les conditions météo. Le changement climatique augmente cette variabilité. »
L’herbe pâturée, un fourrage économique et écologique
Pourtant, le pâturage a bien des atouts. Dont le premier est d’être économique : « l’herbe pâturée revient 4 fois moins chère que du maïs », chiffre Fabienne Launay, de l’Idele. Elle demande aussi moins d’engrais minéraux.
Côté environnemental, les bovins participent à l’entretien du paysage, tout en valorisant des surfaces qui, pour la plupart, ne seraient pas utilisables pour l’alimentation humaine. Il contribue aussi au stockage du carbone. « Ramené au litre de lait, la plupart des systèmes ont le même niveau d’émissions de gaz à effet de serre, explique Catherine Brocas, de l’Idele. En système intensif, il y a une dilution des émissions sur plus de litres de lait par vache. En système pâturant, la moindre productivité par vache est compensée un niveau plus faible d’intrants et du stockage de carbone dans les haies et les prairies. »
Nourrir une vache à l’herbe fait aussi une différence sur la qualité des produits avec moins d’acides gras saturés, plus d’Oméga 3, plus de vitamines. « La démarche Bleu Blanc Cœur est partie du constat de la qualité des produits lorsque les vaches étaient au pâturage, retrace la présidente de l’association, Nathalie Kerhoas. Une récente étude a montré qu’une alimentation avec des produits Bleu Blanc Cœur pour des femmes enceintes et allaitantes a des bénéfices sur la qualité du lait maternel, notamment un meilleur profil en acides gras, pour un surcoût de 5 %. »
Lever des freins
Consommateurs et scientifiques s’accordent sur les intérêts du pâturage. D’ailleurs, 70 % des emballages de lait liquide affichent un visuel de pâturage. Reste à lever les freins qui compliquent sa mise en œuvre. Avec l’augmentation de la taille des troupeaux, le premier est souvent l’accessibilité. « Pourtant, en Nouvelle-Zélande, des troupeaux de 1 000 vaches pâturent, remarque Jean-Louis Peyraud. En France, le morcellement du foncier peut compliquer le pâturage. »
La gestion de l’herbe demande de la technicité et une adaptation aux changements climatiques, avec plus de pousse précoce et automnale et un creux plus marqué en été.
Les éleveurs ont aussi besoin d’une reconnaissance économique des externalités positives du pâturage. Quelques filières jouent le jeu. « Dans notre cahier des charges "C’est qui le patron", nous avons repris la recommandation du Cniel avec un minimum de 20 ares/vache et 120 jours/an. Nos éleveurs font pâturer en moyenne 180 jours, affiche Philippe Leseure, directeur filières de la Laiterie Saint-Denis-de-l’Hôtel. Nous leur assurons une rémunération complémentaire, qui a motivé 20 % de nos éleveurs à refaire pâturer. »
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