Afin d'allonger la durée de pâturage au début du printemps et à l'automne, il est important d'avoir des chemins d'accès de qualité qui résistent à toutes les conditions météo et aux passages réguliers du troupeau.
En cette fin d'été, Sébastien Courtois, éleveur laitier en bio dans le Rhône, s'attelle à ce travail :
En ce moment c'est confection de chemins pour le pâturage des ????
— Sébastien Courtois (@SbastienCourto1) August 26, 2020
Pour augmenter le temps de présence notamment en début de printemps et en fin d'année pour compenser la période sèche en été de + en + marquée ! pic.twitter.com/x6ocOorj6l
Il explique comment il s'y prend : « Avec une vingtaine de centimètres de 0/40 en dessous et 10/15 cm de sable 0/0.20 mélangé à sec avec 3 à 5 % de ciment en surface pour ne pas blesser les sabots des vaches et limiter l'érosion par la pluie dans la pente, pour 2 m de large environ »
Des tests en Normandie
La ferme expérimentale régionale de Normandie à La Blanche Maison, s'est intéressée à cette question des chemins d'accès aux pâtures. Elle rappelle d'abord que « chaque parcelle doit être desservie par un chemin d’accès dont la largeur varie en fonction du type d’usage. En sortie de bâtiment et début de parcours, les chemins doivent être assez larges (4 à 5 m) pour assurer une bonne fluidité de circulation. En position terminale, le chemin peut se réduire jusqu’à un mètre de large notamment s’il est bétonné. »
Quant au choix des matériaux, la ferme expérimentale recommande de privilégier les matériaux locaux afin d'éviter un coût de transport trop élevé. Elle a testé quatre solutions :
- Le caillebotis : elle disposait de vieux caillebotis qu'elle a réutilisés dans les chemins. Pour caler les dalles, elle a mis du sable.
- Le calcaire qui s’installe sur une hauteur de 20 cm.
- La galette minérale, issue du lavage des granulats. « Techniquement, il ne faut pas dépasser une épaisseur de 7 cm, sur une base en 0-120 de 20 cm. »
- Le sable de carrière : il correspond à la couche de finition de 3 cm installée sur une base en 0-120 de 20 cm. Pour une bonne tenue dans le temps, il est primordial de bien cylindrer le chemin.
Résultat : le calcaire a été la solution recommandée pour sa stabilité, comme l'explique cette vidéo :
Cliquez sur la vidéo pour la lancer
En termes de coût, voici les prix indicatifs des matériaux au m2:
Romain, éleveur en Bretagne, partage également sa recette sur Twitter :
Pour notre part réalisation d'un chemin de 300 m en sortie de salle de traite + réseau abreuvement souterrain cette année super content et les vache aussi ! Notre recette n'est pas dans la liste : 30 à 40 cm de 40/70 et finition 0-12 sur 10 à 15 cm ! pic.twitter.com/qW4oq6xDWH
— Romain M. (@RomainMrq) June 27, 2020
Favoriser l’écoulement d’eau
Pour Lucie Morin responsable de la ferme expérimentale de la Blanche Maison, « Peu importe la couche de finition, ce qui compte avant tout c’est la conception du chemin. Ce qui abîme le plus, c’est l’eau. Plus l’eau reste sur le chemin, plus les besoins en entretien seront grands ». Il est conseillé de créer un profil de chemin qui permette l’écoulement des eaux. Préférez ainsi un chemin bombé en son centre à un remblais plat. Creuser des fossés de part et d’autre du chemin facilite l’évacuation de l’eau, et permet d’éviter que les accotements restent humides. Choisir des zones ensoleillées pour s’assurer d’un assèchement rapide aide également. « Lorsqu’on fait un chemin, on a souvent tendance à décaisser, et à remblayer jusqu’à hauteur du sol. Au contraire, il ne fait pas hésiter à surélever le chemin, quitte à garder la terre, installer un géotextile et faire le chemin par-dessus ». Pour éviter le tassement, il est grandement conseillé de séparer les chemins des tracteurs des chemins de pâturage. Si les deux voies d’accès se confondent, mieux vaut alors utiliser des matériaux beaucoup résistants.
Pour le choix des matériaux, « autant privilégier le local », c’est bien souvent ce qui reviendra le moins cher. Si l’on dispose de cailloux ou de remblais, seule la couche de finition reste à acquérir. Les chemins doivent être assez larges pour faciliter la circulation du troupeau, idéalement autour de 4 à 5 m en sortie de bâtiment. Il peut ensuite se réduire, surtout s’il est bétonné.
Ca n'est pas agréable de voir son troupeau patauger
« Mettre en place de bons chemins de pâturage, c’est un investissement rentable sur le long terme, soutiens Lucie Morin. Ça n’est pas agréable de voir son troupeau patauger et ça prend du temps de conduire ses bêtes en file indienne. Sur le plan économique, cela permet surtout d’augmenter ses périodes de pâturage, et donc de diminuer son coût alimentaire. L’entretien des chemins aide également à la gestion des problèmes de boiterie. » En bref, le chemin de pâturage fait partie intégrante des infrastructures nécessaires à un élevage pâturant.
Pour assurer la longévité des installations, un entretien régulier est nécessaire, et ce quels que soient les matériaux choisis. Un passage rapide en début d'hiver est conseillé pour boucher les trous formés durant la saison de pâturage, et redessiner le profil du chemin.