
Pour enrayer un problème de cryptosporidiose, il faut agir sur le milieu à différents niveaux et garder à l’esprit que le colostrum est le meilleur investissement en matière de GMQ des veaux.
La cryptosporidiose atteint près de 80 % des élevages laitiers et est identifiée comme responsable majeure ou secondaire des diarrhées dans un grand nombre de cas en allaitant. Elle peut aussi être transmise aux humains, notamment aux jeunes enfants.
Ce parasite cause des diarrhées plus ou moins déshydratantes et graves chez le veau âgé d’une dizaine de jours. Quand la contamination du milieu est très importante, les épisodes de diarrhées peuvent apparaître de plus en plus tôt, avant l’âge d’une semaine, la période incubatrice pouvant descendre à quatre jours. Dans ce cas, le taux de mortalité augmente rapidement si des mesures sérieuses ne sont pas prises.
Contamination très rapide
Il faut comprendre qu’un veau naïf (sans anticorps) se contamine en ingérant une centaine de cryptosporidies. Mais il va en excréter entre 1 et 10 millions par gramme de diarrhée, soit plus de 1 milliard pendant sa diarrhée : le milieu passe alors au rouge si rien n’est fait pour le décontaminer. Les bottes, notamment, ramènent des millions de crypto dans leurs crans, qui sont dispersés un peu partout dans la ferme. Les vaches se couchent dans un milieu infecté et les parasites présents sur la mamelle suffisent à contaminer un veau à la première buvée. Ensuite, en léchant ou en buvant de l’eau et des aliments souillés, il continue à s’infecter.
Si le veau consomme suffisamment de colostrum pendant ses premières heures de vie, et que ce colostrum est riche en immunoglobuline G anticrypto (anticorps), il n’aura pas de diarrhée. Malheureusement, les mesures de transfert colostral réalisées en clientèle montrent que dans la quasi-totalité des élevages où il y a des problèmes de diarrhées, ces transferts sont mauvais. L’acquisition des anticorps permise par le colostrum est évaluée à partir de prises de sang sur des veaux entre 24 heures et six jours. Il y a plusieurs raisons à cela :
- la ration de préparation vêlage n’est pas bonne : manque de protéines, de PDIA, d’oligo-éléments ou Baca trop haute, pénalisent la qualité du colostrum ;
- la quantité de colostrum ingérée est insuffisante dans les premières heures : c’est souvent le cas quand la prise colostrale n’est pas surveillée. Le veau tête un ou 2 litres d’un colostrum de qualité médiocre et n’aura pas assez d’anticorps pour passer la phase du creux immunitaire autour de 10 à 12 jours d’âge ;
- la prise colostrale est trop tardive : les anticorps passent moins la barrière intestinale pour aller dans le sang du veau et la quantité d’anticorps baisse ;
- les anticorps ne sont pas dirigés contre les pathogènes de l’élevage (crypto, rotavirus, colibacilles…) : dans ce cas, la vaccination va permettre d’orienter l’immunité de la vache pour mieux protéger le veau.
Un vaccin disponible
Contre la cryptosporidiose, les traitements mis en œuvre (lactate d’halofuginone et paromomycine) permettent principalement de diminuer l’excrétion et la contamination du milieu. Ils sont longs et coûteux et doivent s’accompagner d’une prise en charge globale au niveau de l’élevage. De plus, aucune désinfection efficace n’existe en présence des animaux et les ookystes des parasites sont très résistants dans le milieu extérieur. Or un vaccin vient d’être mis sur le marché (Bovilis Cryptium). En général, la vaccination des vaches gestantes peut être une solution pertinente en début de saison de vêlage face à des diarrhées en série. Dans un milieu très chargé, la transmission d’une immunité spécifique va alors permettre de soutenir les jeunes animaux, à condition bien sûr d’assurer la prise colostrale. Car croire que la seringue est la solution à tous les problèmes d’élevage est une erreur.
Donc, pour prévenir ou enrayer un problème de cryptosporidiose, il faut agir sur l’animal et les facteurs de risque.
- Tout d’abord, isoler les malades et les traiter : c’est-à-dire a minima réhydrater par voie orale, plâtrer avec de l’argile et utiliser des traitements spécifiques en fonction de la gravité. Un veau qui est déshydraté à 5 % (c’est-à-dire un pli de la peau de 2 secondes) a perdu 2,5 l de liquide, donc remplacer 4 l de lait par 4 l de réhydratant est insuffisant. Il est envisageable de conserver 2 l de lait et d’ajouter 6 l de réhydratant en 3 ou 4 repas. À défaut, il faut à tout prix laisser de l’eau à disposition. Au quotidien les malades sont soignés en dernier.
- Prévoir un nettoyage des bottes puis un passage dans un pédiluve avec un désinfectant actif contre la cryptosporidiose à la sortie des parcs de veaux malades. Puis, avant de remettre un nouveau veau, curer et passer les locaux au nettoyeur haute pression eau chaude (ou désinfection de type Kenocox ou Prophyl S plus concentré avec un temps de contact).
- Parmi les autres mesures préventives, nettoyer la mamelle avant de tirer le colostrum ou avant de faire téter le veau si vous êtes présent. Surveiller la qualité des colostrums et la buvée colostrale qui doit avoir lieu le plus rapidement possible après le vêlage et avec une quantité suffisante pour permettre la protection du veau (10 % du poids vif dans les six premières heures).
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