« Pourquoi moi éleveur j'investis dans un stand au Simagena ? »

Tel était le thème d’un forum de discussion entre sept éleveurs bovins et ovins organisé sur le stand Cyber-Simagena Web-agri au Sima 2003. Promouvoir sa génétique, avoir des contacts commerciaux, s’exprimer en tant qu’éleveur sont leurs motivations principales. Passion et convivialité sont aussi de mise. Discussion débat.

1 – Aviez-vous déjà investi dans un stand sur un salon ?
2 – Quelles sont vos motivations ?
3 – Pour quelles retombées ?
4 – « C'est la grande famille. »
5 – « L'occasion de s'exprimer. »


1 – Aviez-vous déjà investi dans un stand sur un salon ?
 
« Nous n'avions jamais exposé au Sima car notre association est assez récente. Nous sommes là justement pour la faire connaître. » commence Angèle Barbaz, éleveuse de Blonde d'Aquitaine en Eure-et-Loir. Elle est responsable génétique d'Aseban, l'Association des éleveurs de Blonde d'Aquitaine de Normandie, qui regroupe « environ 200 éleveurs avec 1.600 vaches inscrites ». « Nous exposions à Farming Tours 2002 pour nous roder. Cela a plutôt bien marché donc nous avons décidé de venir exposer au Simagena. » Confirmation de Françoise Picard. Membre de la même association, elle élève de la Blonde d'Aquitaine dans l'Eure.
Même constat pour Pascal Guesnerie, qui élève 35 Prim'holstein en Mayenne : « C'est la première fois que nous investissons dans un stand sur un salon au sein de l'association Holstigo créée à l'automne 2002 dans le but de défendre les intérêts des éleveurs et la promotion de la race du département. » Mais « nous participons depuis 4 ans à Farming Tours. Nous y étions d'abord en tant qu'individuels, et c'est à Farming Tours que s'est créée l'idée de l'association, avec de la convivialité et une très bonne entente. » Lui aussi membre d'Holstigo, Bertrand Paillard élève 20 holsteins, 70 Charolaises  et 360 porcs à l'engrais en Mayenne : « C'est ma première participation à Simagena, et c'était ma première participation à Farming Tours fin novembre 2002. »
De leur côté, Isabelle et Michel Portal exposent pour la troisième fois à Simagena. Ils élèvent 45 vaches brunes dans le Tarn-et-Garonne.
« Nous avons exposé deux fois à Farming Tours, et nous exposons pour la deuxième fois à Simagena » précisent Yves Lemaire, chef du centre d'insémination artificielle de Verdilly (Aisne), et Didier Tallon, éleveur ovin Ile de France dans l'Oise. « Huit éleveurs du berceau de la race (l'Ile de France) et de l'Allier (noyau herbager de la race) sont présents sous l'égide de l'Upra » précise Yves Lemoine. « C'est l'Upra qui a investit dans le stand. »


2 – Quelles sont vos motivations ?

« Nous voulons faire connaître notre association et promouvoir notre génétique » résume Angèle Barbaz. « Nous avons un potentiel éleveurs, beaucoup d'éleveurs de chez nous s'en sortent très bien au niveau national. Dans le contexte actuel dificile, en génétique il faut faire sa place, il faut se faire connaître, faire savoir que notre association existe et qu'elle peut fournir des animaux et des embryons. Pour cela nous savions qu'au Sima nous toucherions un public de professionnels et que nous toucherions aussi des étrangers. Nous avons déjà exporté mais là c'est l'occasion d'aller plus loin. »
« Nous voulons nous faire connaître des pays étrangers » confirme Didier Tallon. Les éleveurs d'Holstigo y pensent aussi. Et dans ce cadre « d'avoir des adhérents anglais et néerlandais facilite les contacts avec les pays voisins » constate Pascal Guesnerie. Holstigo compte en effet « 15 membres éleveurs, tous en Mayenne, mais français, anglais et néerlandais ».
« Nous venons pour nous faire connaître avec un nom - un visage. » poursuit Pascal Guesnerie. « Se faire connaître par nom c'est bien, mais avec un visage c'est beaucoup mieux. Sinon il n'y aurait pas d'intérêt à venir exposer ici. Il s'agit aussi de participer au concours pour obtenir un palmarès de façon ensuite à obtenir des relations avec les éleveurs du département et d'autres départements voire de pays européens dans le but d'une commercialisation soit de l'animal soit de sa descendance. »
« Exposer c'est aussi une porte ouverte, même aux jeunes qui s'installent » ajoute Bertrand Paillard. « La porte leur est ouverte. Nous faisons de la génétique pour apporter quelque chose à nos jeunes. S'il n'y avait pas les jeunes nous ne ferions peut-être pas de génétique à cause de la charge de travail. »


3 – Pour quelles retombées ?

« Nous sommes éleveurs individuels. Il faut nous faire connaître et c'est long » prévient Isabelle Portal. « Il ne faut pas croire que l'on récolte dès la première année. Il a fallu attendre la quatrième année pour que les retombées économiques arrivent. Nous avons des contacts dès la première année mais au début c'est une approche où l'on fait connaissance et l'on explique aux gens. Ils sont contents de nous revoir un ou deux ans après. La troisième année ils commencent à acheter. Cette année pour la première fois nous avons eu des contacts individuels très intéressants, avec des gens qui demandent à venir visiter l'élevage. Ce sont des contacts plus commerciaux. »
L'édition 2003 semble en effet plus propice aux contacts commerciaux. « Nous avons eu des gens des Etats-Unis, des Lituaniens, des Grecs, etc, qui ne connaissent pas la Blonde... » ajoute Angèle Barbaz.
« Nous avons peu de retombées de Simagena » constate Isabelle Portal. « Nous en avons davantage de Farming Tours. » C'est l'inverse pour Yves Lemaire : « A Farming Tours nous n'avons pas encore de retombées. Ici au Simagena nous avons beaucoup de contacts, et beaucoup d'étrangers. » Même si pour lui il est encore « trop tôt pour conclure ».
« Nous avons fait des efforts pour amener des animaux mais cette année nous sommes séparés des bovins » regrette Didier Tallon. « Nous nous sentons isolés et nous perdons des retombées. » Françoise Picard et Bertrand Paillard confirment : « C'est vrai que nous ne savions pas qu'il y avait des moutons. » Ce qui n'empêche pas tout le monde se s'entendre sur « les efforts de l'organisation » et « la proximité et l'écoute de Maurice Perrot, le responsable du Simagena ».
Reste ensuite à bien gérer les contacts. L'après-salon est très important. « Il y a deux ans nous avions mal géré les contacts » raconte Didier Tallon. « C'était plus improvisé » confirme Yves Lemaire. « Oui nous étions sous la bannière de quelques éleveurs » poursuit Didier Tallon. « Du coup cette année nous nous sommes organisés, avec des cahiers pour noter les contacts, etc. »
Et puis on ne peut pas toujours faire face: « Un étranger voulait acheter 32 génisses prêtes à vêler mais en éleveur individuel je ne peux pas le fournir » témoigne par exemple Isabelle Portal. « Ce doit être plus facile quand on est un groupe d'éleveurs. » Effectivement, l'Aseban ou l'Upra Ile de France peuvent plus facilement enregistrer les demandes de ce type et approvisionner le marché grâce aux animaux des adhérents.
D'être en groupe vise aussi à minimiser le budget. « Cela permet de diminuer les frais de déplacements » cite Pascal Guesnerie. « Et cela facilite la demande de financements, publics par exemple. » Effectivement, « pour un individuel c'est un investissement qui grignotte le budget de certaines choses (comme les vacances...) » confie Isabelle Portal.


4 – « C'est la grande famille. »

Mais la passion joue aussi pour beaucoup. « La production laitière est pour moi une passion avant tout par la génétique. S'il n'y avait pas la génétique je ferai une autre production » affirme Pascal Guesnerie. L'esprit qui règne sur le salon est un point clé. Passionné et enthousiamé par « l'esprit de groupe, d'équipe », Bertrand Paillard voit dans le Simagena une prolongation à l'esprit de famille qu'il vise dans son élevage, avec son épouse et ses enfants. « Moi ça m'apporte beaucoup » insiste-t-il. « Je suis en génétique prim'holstein par passion. Les enfants sont autant passionnés que moi voire plus. L'un de mes enfants, Anthony, est présent ici et a préparé lui-même sa bête pour le concours. »

Isabelle Portal insiste sur la convivialité : « Ici nous sommes presque tous solidaires. » Tous acquiescent. « Eleveurs viande ou lait, bovins ou moutons, nous nous sommes retrouvés tous ensemble hier soir pour le repas des éleveurs » cite Françoise Picard. « Oui nous faisons la fête ensemble » renchérit Bertrand Paillard. « On s'aide, on s'entraide. On boit un coup ensemble. »
« C'est la grande famille » résume Françoise Picard. « Dans d'autres concours il y a plus de rivalité. » Sur ce point les opinions divergent. « Je ne suis pas d'accord » insiste Angèle Barbaz, « pour nous il n'y a pas de différence. Au Sia c'est aussi convivial » ajoute-t-elle de façon claire et catégorique.
 

5 – « L'occasion de s'exprimer. »

Tous se rejoignent quand Isabelle Portal explique « qu'investir dans un stand sur des salons comme Simagena et Farming Tours, ça donne à tout le monde l'ocasion de s'exprimer ». Angèle Barbaz, Françoise Picard et Bertrand Paillard confirment. « On peut faire le choix de nos animaux et on représente notre élevage. Nous ne sommes pas les pièces d'un puzzle » précise Isabelle Portal. « Nous nous exprimons en tant qu'éleveurs. »
Pourtant tous font aussi la promotion de la race. « Nous mettons en avant les qualités de la race » confirme Yves Lemaire. « Oui mais au travers notre élevage » précisent les six éleveurs.

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