Est-il rentable en système allaitant de produire ses protéagineux au lieu d'acheter des concentrés protéiques ? Pas toujours. L'intérêt purement économique de produire ses protéagineux est justifié au dessus de 30 quintaux de rendement par hectare. Mais à 15-20 quintaux, mieux vaut acheter ses concentrés protéiques. A moins d'avoir des motivations autres que financières. Explications.
En système allaitant, la substitution des achats de concentrés protéiques extérieurs par une production fermière autoconsommée de protéagineux est sans incidence sur le résultat économique de l’exploitation. Ces résultats issus des simulations technico-économiques élaborées par l’Institut de l’élevage se vérifient sur les exploitations qui ont opté pour ce choix.
Sans incidence sur le résultat économique
Le remplacement du tourteau de soja par une culture de protéagineux ne permet pas de réaliser une économie substantielle avec les cours actuels du soja. « Si demain le cours du dollar venait à changer, ces données financières donneraient probablement un net avantage au système production fermière de protéagineux », souligne Jean-Louis Cazaubon, président de la Chambre régionale d’agriculture de Midi-Pyrénées (*). De plus, cette option permet de rendre le revenu moins dépendant des facteurs extérieurs. Le cours du soja lui-même est sous la dépendance des aléas climatiques américains. « La première fois que j’ai cultivé du lupin, il y a une vingtaine d’années, le cours du soja était monté à 3F40 », rappelle le président de Chambre régionale.
Crédité de 300 €/an
« Les analyses d’après les réseaux d’élevage d’Aquitaine situent à 30 quintaux/ha le rendement minimal de féverole nécessaire pour maintenir le résultat économique sur une exploitation de 60 vaches allaitantes avec une production de 50 veaux sevrés par an », détaille Jean Seegers, de l’Institut de l’élevage. Avec la féverole, le résultat à 30 q est crédité de 300 €/an.
« L’intérêt purement économique des protéagineux dépend directement du niveau de rendement de la culture », souligne Jean-Bernard Mis, conseiller à la Chambre d’agriculture du Tarn. « Les calculs de parité situent aussi l’intérêt économique de ce système de production fermière au-delà d’un rendement de 30 quintaux/ha. Pour un rendement de 15 à 20 quintaux, l’achat extérieur de concentrés protéiques se révèle plus intéressant au plan financier. »
Mais les deux grandes motivations actuelles à autoproduire les protéines se situent d’une part dans le désir de garantir l’origine fermière de l’alimentation des ruminants (pas de distribution de concentrés) et dans l’anticipation d’une demande alimentaire non OGM. « Or, demain, il est fort vraisemblable que 90 % du soja commercialisé au niveau mondial soit génétiquement modifié », prévoit Jean-Louis Cazaubon.
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