À peine nommée, la ministre de l'agriculture Annie Genevard a tenté jeudi, au sommet de l'élevage, de rassurer un monde agricole en plein questionnement face à la crise sanitaire qui touche les cheptels et en quête de réponses après les manifestations de l'hiver dernier.
L'ancienne députée du Doubs précède le Premier ministre Michel Barnier, qui fera le déplacement vendredi à Cournon-d'Auvergne pour préciser les mesures financières en direction des éleveurs.
Face à la demande des syndicats qui réclamaient une reprise de la Loi d'orientation agricole, Annie Genevard a annoncé sur France Bleu Auvergne que le texte, qui devait mettre en oeuvre les revendications exprimées lors des manifestations du début d'année, serait directement envoyé au Sénat.
Cette loi d'orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture (PLOA) avait été adoptée en première lecture à l'Assemblée en mai, avant d'être stoppée par la dissolution.
« Je veux le reprendre sans tarder parce que ce texte de loi contient des mesures qu'attendent les agriculteurs, ils me l'ont dit, je les ai entendus et je crois en effet que les évolutions que nous avons données à cette loi sont utiles », a dit la ministre.
« Bon courage »
Le texte place l'agriculture au rang d'intérêt général majeur, met en place un guichet unique pour l'installation de nouveaux agriculteurs, facilite la construction de bâtiments d'élevage ou de réserves d'eau. Michel Barnier avait annoncé qu'il serait repris « sans délai » par le gouvernement.
Dans les allées du Sommet de l'élevage, la ministre s'est frottée aux producteurs de viande bovine ou de lait et a été accueillie avec courtoisie, impatience, parfois méfiance. « C'est elle, la nouvelle ministre ? », dit une femme à son passage. « Bon courage » lui souhaite un éleveur. « On ne peut pas continuer comme ça, se lever le matin, travailler et savoir qu'on va perdre de l'argent, c'est inquiétant », lui dit un autre.
Sur le stand ovin, où elle goûte les fromages du terroir et repart avec un sac en laine, des éleveurs, dont les troupeaux sont touchés par la Fièvre catarrhale ovine (FCO), lui font part de leurs difficultés.
« Je suis éleveur depuis 2017 : aujourd'hui sur le troupeau en brebis allaitantes, on a perdu 20 %, je pense que l'année prochaine va être très compliquée en termes de volumes d'agneaux, moi je pars sur 40 % d'agneaux en moins l'année prochaine", explique l'un d'eux.
FCO et MHE
La ministre répond en promettant un fonds d'indemnisation dont les conditions financières seront précisées par le Premier ministre, le tout dans « un environnement budgétaire dont vous savez qu'il est extrêmement contraint ». Les bovins, quant à eux, sont touchés par la MHE (maladie hémorragique épizootique).
Pour ces maladies, la FNSEA, première organisation agricole, réclame 100 % de prise en charge par l'État des pertes directes (mortalité) et un engagement sur les pertes indirectes (perte de la valeur du petit en gestation, baisse de production laitière, perte de fertilité des taureaux).
La fédération avait estimé par la voix de son président Arnaud Rousseau que l'épizootie de FCO nécessiterait entre « 100 et 150 millions d'euros » d'indemnisations pour les éleveurs de brebis.
« Organiser la riposte »
Plus loin, la ministre a été interpellée au sujet de l'annonce du géant laitier Lactalis d'acheter moins de lait aux éleveurs français. Guillaume Faucogney, venu de Haute-Saône, lui a ainsi expliqué que la décision de Lactalis lui ferait perdre la moitié de sa production d'ici douze mois : « On demande un allongement des délais, pour voir comment on fait dans nos fermes, parce qu'en douze mois, c'est compliqué », dit-il à l'AFP.
« On doit vraiment organiser la riposte, ça montre aussi que la très grande dépendance à un groupe comme celui-là est un facteur de fragilité pour vos exploitations, il faut réfléchir à une stratégie qui vous mette à l'abri de cette forme de mépris qui vous a été opposée », répond la ministre, qui a aussi indiqué qu'elle rencontrerait le président du géant laitier.
Sur le stand bovin, elle admire Ringostar, le taureau vainqueur du concours de race charolaise, avant de caresser les vaches de race salers et Orange, la tête d'affiche du sommet.
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