
Après un an de travaux, la Ferme de la Demi-Lieue met en service un atelier de transformation avec deux installations à la clé, et l’ambition de créer jusqu’à dix emplois.
Après une phase de croissance laitière ayant porté la production de 1,7 Ml en 2015 à quelque 3 Ml de lait livrés vers la Belgique via le GIE de l’Avesnois, les associés de la Ferme de la Demi-Lieue ont fait le pari de la diversification. C’est ainsi qu’en 2021 a vu le jour une unité de méthanisation de 195 kW/heure avec cogénération, c’est-à-dire que le biogaz généré est utilisé pour produire à la fois de la chaleur et de l’électricité. Trois ans plus tard, c’est un atelier de transformation laitière, et plus précisément de fabrication de yaourts, qui a été mis en route courant avril. Cette stratégie s’inscrit dans le cadre de l’installation d’un, puis de deux jeunes associés sur la ferme familiale : Sébastien Blanc, son cousin Stéphane et Benjamin Mestdagh. « Je ne serais pas revenu à la ferme pour faire plus de lait, souligne Sébastien. Nous croyons fermement que cette diversification est la clé pour assurer l’avenir, pour dégager des revenus supplémentaires en étant moins soumis aux fluctuations du prix du lait sur le marché et vivre dignement de notre métier. »
Un atelier dimensionné pour 16 millions de yaourts
Pour ce passage à la transformation, les six associés n’ont pas hésité à voir grand : un investissement total de 1,20 M€ dans un atelier d’une superficie de 840 m², dimensionné et équipé pour transformer jusqu’à 2 Ml de lait par an, c’est-à-dire 16 millions de yaourts (1 litre = 8 yaourts). Les travaux de construction ont duré un an, bâtiment et gros œuvre ayant été réalisés par une entreprise belge, tandis que les éleveurs prenaient en charge tout l’aménagement intérieur, de la pose des cloisons à l’électricité : une économie tout de même estimée à près de 300 000 €. La main-d’œuvre disponible à la ferme a permis de se relayer sur le chantier pour assumer cette part d’autoconstruction.

Le projet a bénéficié d’un prêt à taux zéro d’un montant de 90 000 € de la Finorpa, organisme mandaté par la Région, en contrepartie de la création de sept emplois d’ici à trois ans. Loin d’être anecdotique, la conception des locaux prévoit l’intégration de deux locataires, deux artisans locaux qui disposeront chacun d’un local de 120 m² : la microlaiterie Jean-Jean, fromager et transformateur de produits laitiers frais bio, et La Bottega, spécialisée dans la fabrication de mozzarella et autres spécialités italiennes commercialisées dans son épicerie et ses neuf restaurants.
Création de la SAS la Laiterie de l’Avesnois
Cette collaboration doit permettre de s’appuyer sur leur savoir-faire, mais aussi de mutualiser l’utilisation des installations et les coûts logistiques. La gestion de cette nouvelle activité passe par la création d’une SAS, la Laiterie de l’Avesnois (LDA). « Tous les associés de l’exploitation ont pris le même nombre de parts de la société qui restera ouverte à d’autres adhésions, en fonction de l’évolution du projet. Concrètement, la SAS achètera le lait à la ferme en se basant sur les coûts de production publiés par l’APLI [NDLR : 5,60 €/litre]. C’est-à-dire un prix du lait permettant de couvrir les coûts de production du lait, mais aussi de se rémunérer et d’investir », rappelle Sébastien, en toute cohérence avec son engagement d’administrateur du Lait Équitable FaireFrance.

Dans un premier temps, le projet prévoit la commercialisation de yaourts brassés nature et sur lit de fruits (cerise et pomme). Des yaourts fabriqués avec le lait du jour, via un lactoduc de 150 mètres directement raccordé à la salle de traite. Un lait au préalable pasteurisé, écrémé et homogénéisé. Un associé s’est formé à la fabrication au lycée agricole du Quesnoy (Nord). Deux salariés ont d’ores et déjà été recrutés et formés : Laurence Lefèbvre et Romain Bercet. À 37 ans, cet ex-commercial d’Orange a voulu saisir l’opportunité d’une reconversion professionnelle. Fort de son expérience, il a pris part à l’étude de marché en amont et endossera le rôle de responsable commercial et marketing. Ainsi, des contacts ont déjà été établis auprès d’une clientèle des agglomérations valenciennoise et lilloise pour écouler les premières fabrications.
Des animations en magasin inspirées de FaireFrance
En effet, l’exploitation étant située dans un secteur peu passant, les associés misent sur les livraisons via un prestataire, même s’ils n’excluent pas à terme l’installation d’un distributeur automatique sur place. Concernant le produit issu de l’écrémage du lait, une demande de la part de transformateurs locaux et de cuisines centrales est identifiée pour de la crème liquide à 18 % conditionnée en seau.
Le lancement des fabrications est programmé mi-avril, après une phase de mise en route des équipements avec les techniciens des fournisseurs : Inoxpa pour tout le matériel de transformation du lait, Packinov pour les deux conditionneuses, chacune d’une capacité de 30 000 pots/jour. « Nous allons débuter par 500 litres/jour (4 000 yaourts) et monter en volume progressivement, avec l’objectif de transformer 2 millions de litres d’ici à cinq ans. Compte tenu du dimensionnement du projet, la commercialisation est davantage orientée vers la grande distribution et les grossistes, sans oublier les acteurs locaux de la RHF ni les commerces de proximité. Les vêlages étalés et les équipements doivent nous permettre de répondre à une demande de volumes importants et de régularité pour toucher un public le plus large possible avec un produit fermier à un tarif abordable. »
Le prix unitaire du pot de yaourts en sortie d’atelier est prévu à 30 centimes, auquel il faut ajouter 5 cts de coût de livraison et la marge du vendeur, ce qui porte le prix de vente consommateur à 50 cts. Le développement du projet impliquera de prospecter dans un périmètre bien plus large que le seul département. Là encore, sur le modèle de FaireFrance, dont il a été le premier président, Richard Blanc (le père de Sébastien) se veut résolument optimiste et envisage même des animations en magasin de manière à fidéliser la clientèle.
La chaleur issue de la méthanisation valorisée
« Il y a bien sûr toujours une part de risque lorsque l’on investit. L’expérience FaireFrance nous a permis de mieux comprendre comment fonctionne la distribution, explique-t-il. Il s’avère que le démarchage de cette clientèle est plus facile qu’il n’y paraît de prime abord. En tant qu’éleveurs, nous sommes écoutés car nous avons la légitimité pour vendre un produit fermier. À travers nous, c’est aussi une image que les enseignes peuvent mettre en avant. C’est une vraie force commerciale. »
Enfin, la mise en route de la laiterie correspond au raccordement du bâtiment avec la méthanisation pour valoriser la chaleur produite grâce à un moteur de cogénération de 250 kcal (70 000 €), soit l’équivalent d’une chaudière de 150 kW capable d’assurer l’autonomie en eau chaude des installations. Un modèle de production d’énergie alimenté par les effluents de l’élevage, complété par seulement 5 ha de seigle et les refus du troupeau qui permettra également de retraiter le petit-lait des artisans fromagers.
Ainsi, le projet s’inscrit dans un cercle vertueux non seulement d’un point de vue environnemental, mais aussi sociétal, puisque c’est dix équivalents temps plein qu’ambitionnent de créer les associés d’ici à cinq ans. « Ce projet n’est pas qu’un simple atelier de transformation. Il reflète notre volonté de vendre des produits de qualité avec le lait issu de nos vaches et de notre terroir du bocage de l’Avesnois. »
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