Comment réduire la facture ?

Si le système logettes avec tapis/matelas et caillebotis ne consomme pas de paille, il reste onéreux à l'investissement. (© Terre-net Média)

L’augmentation du prix de la paille a des conséquences importantes. Considérons deux types de logement possibles pour un troupeau de 50 VL à 8.000 litres : une aire paillée à 9 kg/VL/j et des logettes paillées à raison d’1 kg/VL/j. En passant d’un prix de la paille de 60 €/tonne à 120 €/t, le coût du paillage augmente de 24 €/1.000 l à 48,6 €/1.000 l pour l’aire paillée et de 2,7 €/1.000 l à "seulement" 5,4 €/1.000 l pour le système logettes. Faut-il pour autant changer de système de couchage sans réflexion ? Appréhende-t-on la totalité de la question et des coûts par ce calcul rapide ?

1) Passer des logettes paillées à des logettes sans paille

Zéro paille

Classement des litières selon leur capacité d'absorption des liquides. (© Arvalis)

Sans paille, les logettes bétonnées classiques doivent impérativement être équipées de matelas ou tapis. Ceux-ci sont de qualité variable et méritent d’être testés et vus en élevage par l’éleveur avant l’achat. Sur les tapis ou matelas, un apport de sciure sèche, d’asséchant, de paille de chanvre ou de paille hachée (0,5 kg/VL/j) est indispensable pour de bonnes conditions de couchage et d’hygiène.

La sciure

Les litières à base de déchets bruts de scieries présentent des risques de contamination microbienne lorsque la sciure n’est pas correctement stockée au sec. Attention à certaines sciures grossières pouvant blesser les animaux.

2) Quelle litière pour les logettes creuses ?

Chaux et paille

Le mélange de paille et de carbonate de chaux nécessite des logettes creuses. Toutes les pièces métalliques doivent être encastrées dans le béton ou en acier "V2A", pour résister à la corrosion. La litière est moins dure et moins froide que le béton, s’assèche rapidement et la chaux qui élève le pH exerce une action destructrice sur les bactéries pathogènes. La consommation de paille est également diminuée de 400 g à 1,3 kg /VL/j selon la fréquence d’entretien de la logette.

Cliquez sur le lien pour en savoir plus les logettes creuses et le mélange paille-chaux

Sable

Le sable est sans doute le mode de couchage en logettes creuses le plus confortable. Mais il faut disposer d’une source de sable abondante à proximité de l’exploitation. En outre, le sable a l’inconvénient d’être très agressif pour les matériels de broyage et de pompage du lisier.

Le compost issu de la partie solide d’un séparateur de phase

Le compost en logette creuse demande d’investir environ 40.000 euros dans un séparateur de phase. L’usage du compost comme litière donne des résultats très variables en termes de propreté des vaches et d’hygiène, avec parfois des problèmes d’exposition de taux cellulaire. Ce produit doit être très sec, ce qui implique un maximal des grilles du séparateur. Les séparateurs à tamis sont à éviter pour cet usage, le compost séparé n’étant pas suffisamment sec. La taille de la fosse peut être réduite de 15 à 30 % (variable selon les acceptations des Ddt/Dda), mais une petite fumière de stockage du compost est nécessaire.

Paille de chanvre, menue paille, copeaux de bois…

D’autres types de litières sont possibles pour remplacer la paille de céréales. Parmi les substituts classiques, la paille de colza et les cannes de maïs ont été utilisés couramment. La paille de colza rugueuse, absorbe un peu plus de liquide que les cannes de maïs. Pour les deux types de paille, il faut veiller à la récolter sèche, en particulier pour les cannes de maïs, afin d’éviter les moisissures et les échauffements. Elles peuvent convenir en mélange avec de la paille de céréales, pour des génisses en priorité. La menue paille apparaît peu convaincante, d’après un essai réalisé sur des taurillons à la ferme expérimentale de St-Hilaire-en-Woëvre (Meuse).

La paille de chanvre utilisée comme asséchant sur des tapis de logettes mérite une attention particulière. Hormis, leur capacité d’absorption des liquides, ces alternatives à la paille de céréales sont également à considérer sous l’angle de leur coût.

3 ) Passage aux logettes : envisager les conséquences

Les pattes en prennent un coup !

Sauf dans le cas d’une litière sable ou compost, les logettes accroîssent la fréquence des tarsites (blessure au jarret). Si les logettes sont mal réglées, on observe également des blessures sur le dos des animaux.

Enfin, la maladie de mortellaro, ou dermatite digitée connaît un développement qui s’affirme d’année en année, particulièrement en logettes au point de devenir un véritable fléau dans certains élevages. En effet, plus de boiteries c’est moins de déplacements, une ingestion pénalisée donc moins de lait.

Conséquences sur le calendrier et le plan d’épandage

Remplacer du fumier par du lisier représente plus de contraintes par rapport aux épandages. En effet, les périodes d’interdiction d’épandage sont plus longues pour le lisier que pour le fumier. Les distances d’épandage du lisier étant supérieures à celles du fumier (par rapport aux voisinages, cours d’eau,…), la surface potentiellement épandable (Spe) est diminuée.

Périodes minimales d'interdiction d'épandage des fertilisants azotés. Cliquez sur l'image pour l'agrandir. (© Btpl)

 

Capacité de stockage et besoin en paille pour 50 VL. (© Btpl)

Pour des logettes lisier, il faut remplacer l’absence d’achat de paille par l’annuité pour l’achat de tapis ou matelas de l’ordre de 1.250 € pour 50 places (150 €/place x 50 VL sur 7 ans à 4 %).

Environ 50 % des déjections sont stockées sur une aire paillée vidée tous les deux mois ; le passage d’aire paillée en logettes s’accompagne donc d’un besoin complémentaire de fosse (sauf éventuellement dans le cas d’une aire paillée avec raclage de lisier transformée en aire paillée) qu’il convient de chiffrer aussi. Pour des logettes paillées, il faut également prévoir une surface de fumière complémentaire.

Remplacer du fumier par du lisier modifie également les aspects agronomiques. La production d’humus est moindre et la vie du sol en est modifiée.

Une économie de temps discutable

L’économie de temps de travail au quotidien est généralement illusoire. Le temps consacré au paillage de l’aire paillée est en effet compensé par le nettoyage et le paillage des logettes qui doivent être faits avec soin. Le temps de travail économisé se situe essentiellement en été par la moindre quantité de paille à botteler, transporter, et stocker.

Pour supprimer le temps passé à chercher de la paille aux alentours, des éleveurs ont conclu des contrats de livraison pluriannuels. La fidélité accordée au fournisseur garantit une moindre volatilité du prix de la paille lors des périodes de tension et évite d’avoir d’importants hangars de stockage, la paille étant stockée en cours d’année par le fournisseur.

Automatisation du paillage et du nettoyage

Quelques exemples :

Pour en savoir plus, cliquez sur pailleuse suspendue (© Btpl)

Balayeuse à logette pour tracteur. (© Btpl)

Comptez 15.000 à 25.000 euros pour une balayeuse automotrice (© Btpl)

Godet spécial sable avec déversement latéral et organes protégés. (© Btpl)