Dans le sud de l’Aisne, le Gaec Lefebvre conduit 120 laitières à 10 000 litres de niveau d’étable avec une ration à base de luzerne ensilée. Un choix qui a pour objectif de baisser la consommation de soja et d’être aussi autonome que possible.
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De la luzerne en plat principal. À l’origine, le Gaec Lefebvre nourrissait ses vaches avec de la pulpe de betterave surpressée et du soja. Mais les difficultés croissantes à trouver de la pulpe en quantité suffisante et l’envolée des prix du soja ont remis en cause l’intérêt de cette ration. C’est pourquoi, en 2012, les associés ont décidé de l’abandonner au profit d’une ration à base de luzerne.
3 kilos de soja en moins
Au menu des 120 laitières : 30 à 35 kilos de luzerne ensilée, soit 12 à 15 kilos de matière sèche. Une base complémentée avec 1,5 à 2 kg de paille, 600 g de tourteaux de colza, 1,5 kg d’avoine aplatie, 5 kg de maïs grain humide et 6 kg d’épis de maïs humides broyés. La luzerne ensilée affiche 0,85 UF par kilo et 18 à 20 points de MAT. La complémentation en maïs porte le mélange à une UF par kilo.
En plus de cette ration, les vaches reçoivent une complémentation variable au Dac du robot, plafonnée à 1,2 kg pour le soja et 2,5 kg pour la VL. Ce système permet un niveau d’étable de 10 000 litres.
« Intégrer l’épi de maïs dans sa totalité, et non pas seulement le grain, c’est profiter de l’hémicellulose qui se trouve dans la rafle. Elle remplace celle qui se trouvait dans la pulpe de betterave », précise Guy Lefebvre. D’après ses calculs, il « économise 3 kg de soja par vache et par jour grâce à cette ration. Ce qui signifie plus de 100 tonnes par an et donc, à raison de 600 € la tonne, 60 000 € par an ».
Une conservation en boudin
La luzerne et le maïs épis sont conservés en silos-boudins. La luzerne est fauchée et préfanée durant une demi-journée ou une journée. Elle est ensuite récoltée à l’autochargeuse et mise en boudin. Les épis de maïs sont récoltés, broyés et pressés immédiatement. Les conservateurs ne sont pas nécessaires, sauf pour le maïs humide, auquel de l’acide propionique est ajouté.
Guy Lefebvre se dit très satisfait de ce mode de conservation. En particulier parce que l’avancée dans le silo-boudin est rapide : 1,5 mètre par jour. C’est un avantage indéniable en été. « Pas de moisissure sur le front d’attaque, c’est moins de fourrage gaspillé », commente-t-il.
Le choix du boudin, plutôt que du silo classique, a été fait parce qu’à ce moment-là de la vie de l’exploitation, les silos étaient très anciens. Il fallait donc soit en construire d’autres, soit changer de système. Le changement a nécessité d’acquérir une faucheuse avec groupeur d’andain, une autochargeuse et une boudineuse. Au total, 100 000 € d’investissement spécifique. « Il a quand même fallu créer une plateforme pour les boudins, afin de ne pas créer d’ornières pendant l’hiver, précise-t-il. Mais au final, cette option ne revient pas plus cher ».
Seul inconvénient d’un système fondé sur la luzerne, d’après Guy Lefebvre : « La récolte prend du temps ; six jours pour la première coupe, par exemple ». Il vante cependant « l’autonomie qu’elle apporte à l’exploitation, ainsi que la souplesse des chantiers ».
12 à 16 tonnes à l’hectare
En termes de surface, pour nourrir les 120 laitières et la suite, 40 ha sont nécessaires pour la luzerne et autant pour le maïs épi.
Dans ces sols superficiels argilo-calcaires, typiques de la vallée du petit Morin, la luzerne est conduite en semis direct et affiche un rendement de 12 à 16 tonnes de matière sèche par hectare. Celui du maïs atteint 100 quintaux par hectare ; 88 en 2022, année très défavorable.
D’un point de vue agronomique, elle constitue une tête de rotation très satisfaisante, pour Guy Lefebvre. « Dans notre système sans labour, elle permet de contenir les ray-grass, qui sont les principales adventices des céréales », explique-t-il. Exploitée pendant trois ans, avec trois ou quatre coupes par an selon les besoins fourragers, la luzerne laisse ensuite place aux céréales. L’exploitation est gagnante sur tous les tableaux.
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