
Un éleveur de la région Normandie interroge : « La sécheresse de 2022 a fortement dégradé mes prairies. J’espérais que la bonne flore se remettrait en place au printemps. Ce n’est pas le cas. Comment la rétablir ? »
« Avant de reprendre une prairie, il faut déjà vérifier la réglementationqui est différente d’une région à une autre. Avec la dernière Pac, l’éleveur doit se rappeler ce qu’il a déclaré côté retournement (accès à l’écorégime versus interdiction de retournement des prairies selon le ratio de l’année passée). De plus, des inconnues existent encore quant à l’interprétation de la nouvelle réglementation. Ainsi, semer une prairie sous couvert d’un méteil ou d’une céréale, dans une prairie installée, sera-t-il considéré comme un retournement de prairie (voie des pratiques agricoles avec 10 à 20 % maximum de retournement possible selon le niveau d’aides et maintien du statut de prairie permanente, si elle en est une) ou comme une culture (passage en terre arable). Sur le plan technique, les éleveurs ont choisi différentes stratégies l’année dernière durant la sécheresse : parcelles parking, retour en stabulation des animaux ou maintien du pâturage. De fait, l’état actuel des prairies est le résultat de ces choix, tout comme de la sécheresse de l’an passé et des conditions météo de ce début d’année. En ce moment, les ensilages d’herbe ne sont pas simples car les créneaux de portance des sols sont très courts. Ce sera plutôt à l’automne probablement que nous aurons une meilleure vision de l’importance de la dégradation des prairies.
Les limites du ray-grass par fortes chaleurs
Avec ces chaleurs, nous voyons aussi les limites du ray-grass, pourtant facile d’exploitation en fauche et pâturage. Aujourd’hui, il faut réfléchir soit à rénover la prairie plus régulièrement (ray-grass + trèfles), soit à réintégrer de la fétuque élevée et du dactyle dont l’exploitation est plus complexe. Si la génétique a évolué sur ces deux espèces, elles ne sont pas si souples que cela en matière d’exploitation et il faut aller plus vite que pour un ray-grass (épiaison précoce) afin de garder une certaine appétence de la plante par les bovins (dureté des feuilles). Cela demande de changer un peu ses références côté hauteur de l’herbe. Dans le cas d’une prairie productive et de qualité, lorsqu’elle est dégradée, avec une perte des graminées de qualité que sont le ray-grass, la fétuque élevée, le dactyle, la fléole, par exemple, et un développement important de l’agrostis, du vulpin, de la houlque, du pâturin ou encore de la flouve odorante, il est intéressant de la rénover. Pour le sursemis, il faut avoir suffisamment d’espace de sol nu dans la prairie (10 %), a minima plus d’un tiers de bonnes graminées présentes et un taux d’agrostis stolonifère inférieur à 10 %, pour que cela soit pertinent. Il s’agit également de faire attention à la période (fin de printemps ou début d’été) car les conditions météo auront un impact sur le développement des jeunes pousses (gelée, sol chaud, pluie à venir, etc.). Il est nécessaire de dégrader encore plus la prairie, avec une fauche (hauteur d’herbe : 5 cm) ou un pâturage, pour que les semis d’espèces plutôt agressives puissent se développer, avec un minimum de compétition de la part des espèces déjà en place. Un travail du sol, en amont, avec des outils à dents ou à disques permet aussi d’ouvrir la prairie et de favoriser le contact des graines avec la terre. Un rappuyage reste indispensable.
Dans tous les cas, il est impératif de respecter une profondeur de semis ne dépassant pas un centimètre du fait de la petite taille des graines fourragères (faibles réserves nutritionnelles). Le sursemis est globalement technique avec des résultats aléatoires. Quand les bonnes graminées représentent moins d’un tiers de la flore, il est possible de retourner la prairie et de réensemencer classiquement ou encore de réintégrer la prairie dans une rotation, blé-maïs, par exemple. Pour autant, il ne faut pas mettre de côté la possibilité de rénover en faisant évoluer ses pratiques de fauche et de pâturage (chargement), avec un amendement bien pensé. Dans tous les cas, un diagnostic prairial en parallèle d’un diagnostic des pratiques est fondamental avant de décider d’une rénovation avec, à la clef, un changement des pratiques d’exploitation… Ou pas ! »
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