La production laitière française ne doit plus reculer. Elle doit retrouver son niveau historique correspondant à sa référence quota. Nous devons dès aujourd'hui préparer 2015 et la fin des quotas en libérant du volume pour ceux qui veulent entreprendre. Il ne serait pas incohérent de produire entre 8 000 et 10 000 l de lait par ha de SAU sans pour autant forcer tout le monde à marcher du même pas. Le développement de certains permettrait de garantir la collecte de tous, car il renforcerait la valeur économique de la zone de production. Quant à la gestion de ces volumes, elle doit se faire à l'échelle de l'entreprise, en partenariat avec une OP regroupant l'ensemble des producteurs la livrant. Le prix du lait doit être défini à l'intérieur du périmètre de l'entreprise en s'appuyant sur des critères élaborés par l'interprofession et s'appliquant à tous. Là sera le rôle de l'État en contrôlant l'application des décisions interprofessionnelles. Les pouvoirs publics n'ont pas vocation à fixer le prix du lait qui doit suivre l'évolution du marché. Toute entreprise ou organisation qui voudrait s'affranchir du marché dans lequel elle évolue, irait droit à l'échec et entraînerait les producteurs et les transformateurs avec elle. C'est inacceptable car nous avons la responsabilité de nos entreprises de production mais aussi celle des emplois de toute la filière. Cela est particulièrement vrai dans l'ouest, où l'agroalimentaire est indispensable. Contrairement à d'autres régions, la Bretagne n'a pas d'autres industries générant autant d'emplois.
Ce qui m'amène à m'interroger sur la reprise d'Entremont par Sodiaal. Comment les producteurs pourront-ils choisir alors que tout a été fait pour qu'il n'y ait qu'un candidat. Personnellement, j'étais favorable à une solution Lactalis. Elle avait le mérite d'être claire et aurait permis à la France d'avoir le leader mondial de la transformation laitière sur son territoire. Mais le véritable but que je m'étais fixé était de donner le choix aux éleveurs entre deux solutions : une coop et un privé. Voyant que cette position n'était pas retenue par la majorité des intervenants dans ce dossier, j'ai préféré quitter mes responsabilités au sein de l'Aebea plutôt que de subir cet exercice de démocratie organisée. Maintenant, il appartient au nouvel ensemble, s'il se concrétise, de donner satisfaction à tous les producteurs Entremont-Alliance en étant leader en terme de valorisation du lait afin de rémunérer les producteurs au-dessus de la concurrence dès maintenant et sur le long terme. C'est à cette condition que cette fusion sera ou ne sera pas une réussite.
RONAN JACQUES, PRODUCTEUR DE LAIT, MEMBRE FONDATEUR DE L'AEBEA
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