
Les légumineuses sont la solution pour améliorer l’autonomie protéique des exploitations. Mais utilisées à l’aveugle, elles peuvent être décevantes. À l’occasion du Salon de l’herbe, Jérémy Martinet de chez Semences de Provence donne quelques tuyaux pour trouver un trèfle adapté à chaque contexte pédoclimatique.
Fixation d’azote, valeurs alimentaires… Les vertus des trèfles ne sont plus à vanter, et pourtant, ils peinent parfois à s’installer en ferme. Il faut dire que la plante a la réputation d’être difficile à conduire. Sensibilité au piétinement, compétition avec les graminées, fertilisation spécifique : « on met parfois du trèfle sans trop se poser la question du contexte pédoclimatique, alors forcément, on est déçu » explique Jérémy Martinet, technico-commercial chez Semences de Provence.
« On entend parfois qu’il y a des parcelles à trèfles, et d’autres non » poursuit le conseiller, « c’est plus complexe que cela ». Le pH du sol est certainement le facteur le plus limitant pour l’implantation de la culture. Le trèfle aime le pH neutre. Le trèfle violet peut toutefois s’accommoder des sols acides. À défaut, du lotier pourra y être implanté. Dans les sols calcaires, mieux vaut miser sur d’autres légumineuses. « Si le pH est basique, on vise des luzernes ou des sainfoins » tranche Jérémy Martinet.
Une fois cet élément limitant passé, reste à trouver une espèce adaptée à la typicité du sol. Séchant, hydromorphe, pour fauche précoce ou tardive… Les options ne manquent pas.
Les modalités d’exploitation conditionnent également le choix des espèces. Pour du pluriannuel, les éleveurs se rabattent sur du trèfle violet, voire du trèfle blanc qui peut rester près de 5 ans sur les parcelles. Le trèfle fraise, moins connu, peut être adapté en conditions séchantes. Enfin, si la plupart des trèfles conviennent à la fauche, certains sont plus délicats à utiliser au pâturage du fait de la météorisation.
Le trèfle de Micheli pour les sols hydromorphes
Le trèfle de Micheli s’adapte globalement à tous les types de sols. Ce trèfle d’hiver, à semer en fin d’été peut supporter de courtes périodes d’inondations, voire une légère salinité. « Sa grosse qualité est d’avoir un rhizobium qui tolère les sols hydromorphes », détaille le technicien. Il est donc armé pour affronter les hivers humides.
Il se démarque aussi par sa précocité : « on est sur une espèce qui vient en fleur en sortie d’hiver » note le technicien. Cette caractéristique permet d’avoir une première coupe rapidement en saison, et dispose de bonnes capacités de repousse à condition d’être fauché avant floraison.
Le trèfle de Perse sur les sols séchant
« Les resupinatum ont longtemps été réservés aux couverts du fait de leur faible valeur alimentaire » explique Jérémy Martinet. Mais la famille des resupinatum est grande, et le Trèfle de Perse « présente des valeurs très intéressantes ». Si les conditions le permettent, il est possible de dépasser les 20 % de MAT avec une bonne digestibilité. Attention toutefois à la manière dont il est apporté aux bovins pour éviter la météorisation.
Il s’adapte assez bien aux différents types de sols, et supporte un peu mieux la sécheresse que le trèfle de Micheli. Sa pousse rapide permet ainsi d’obtenir plusieurs coupes avant sécheresse estivale. À l’inverse, il offre une résistance au froid un petit peu plus limité que le Micheli. Pour des semis d’automne, mieux vaut sélectionner les variétés les plus résistantes au gel, et avec un développement végétatif contenu en entrée d’hiver. Des semis de printemps peuvent également être envisagés.
Le trèfle d’Alexandrie pour la polyvalence
« C’est le plus utilisé » commente le technicien. Polyvalent, il est utilisé à la fois comme engrais vert, ou comme fourrage. « C’est un trèfle facile à produire pour les semenciers, donc il est assez courant, et abordable sur le plan financier ».
Ce trèfle d’été est relativement tolérant à la chaleur, et souvent associé à des espèces estivales, comme le sorgho, le moha, le millet ou encore le teff-grass. « Ce n’est pas vraiment le trèfle qu’on sème avec un ray-grass italien » résume Jérémy Martinet.
Le trèfle d’Alexandrie est gélif, il faudra donc l’implanter au printemps. Et s’il tolère plutôt bien le sec, il affiche également de valeurs alimentaires inférieures à celles d’un trèfle de Perse.
Le trèfle Incarnat pour en association avec un RGI
L’Incarnat est plus rustique que l’Alexandrie avec une meilleure tolérance au froid qui lui permet d’être associé à ray-grass italien par exemple. « Côté qualité, attention à le valoriser avant floraison pour bénéficier de meilleures valeurs alimentaires, même s’il faut admettre que les fleurs sont plutôt jolies » sourit le conseiller. Il présente également l’avantage de ne pas être météorisant.
Sa sensibilité aux gelées tardives et à la sécheresse impose une gestion précise du calendrier de semis. Monocoupe, il permet toutefois de viser les 20 % de MAT.
Le trèfle Squarrosum pour une floraison tardive
L’intérêt de l’espèce réside dans son côté tardif. « Le Squarrosum a une croissance lente, avec une floraison plus tardive qui offre de la souplesse dans les dates de fauche » résume Jérémy Martinet. Autrement dit, il est possible d’avoir un fourrage de qualité sur une large plage de récolte.
Il a l’inconvénient de présenter des valeurs alimentaires un petit peu moins intéressantes que les trèfles plus précoces, et est souvent utilisé en monocoupe.
Il est un petit peu sensible au froid, mais surtout plus résistant que d’autres trèfles annuels aux périodes sèches.
Le trèfle Vésiculé, une espèce riche en tanin
Également appelé trèfle flèche, il se démarque par sa richesse en tanin. « Cela lui donne des propriétés anti parasitaires, et limite la météorisation » décrypte le conseiller.
Autre avantage, « il s’adapte bien aux sols séchants », et son côté tardif permet une certaine souplesse dans le choix des périodes de fauche. Il est très riche en protéine, et s’associe bien aux graminées estivales comme le Millet, le Moha…
Le trèfle Violet, bisannuel et riche en protéine
« Il passe deux hivers sans trop de peine, avec des rendements et une valeur alimentaire honorable ». Il se prête bien au renouvellement de prairies, en association avec des ray-grass anglais pour des cycles de deux ou trois ans, pour de la fauche, de l’ensilage comme du pâturage. « C’est un petit peu l’opposé de la luzerne » résume le conseiller. Autrement dit, il permet de produire des protéines sur plusieurs années dans des sols légèrement acides, alors que la luzerne s’accommode davantage des sols basiques.
Pour son implantation, l’idéal est de miser sur des semis de printemps : « avec des jours plus courts, l’automne favorise davantage les graminées que les trèfles qui aiment la lumière et la chaleur ».
Le trèfle Blanc pour sa longévité
« C’est le plus utilisé en prairie ». Sa longévité séduit les éleveurs : il peut rester en place 5 ans sur la parcelle à condition d’avoir un sol et une fertilisation adaptée. « Le trèfle blanc, associé au ray-grass anglais, c’est l’archétype de la prairie normande », sourit Jérémy Martinet. Peu météorisant, il se prête tout à fait au pâturage.
Son principal défaut est peut-être d’être moins productif que le trèfle violet. Et pour s’implanter dans la durée, il devra éviter les sols hydromorphes, ainsi que les coups de chaud prolongés l’été.
Le trèfle Fraise pour sa persistance en sol séchant
Peu connu, il peut être intéressant pour les pâtures séchantes du Sud, avec une meilleure persistance en début d’été. « On est typiquement sur un trèfle qui tolère mieux le sec que l’excès d’eau ». Sa résistance a un prix, avec un moindre potentiel que le trèfle blanc. « C’est une option au changement climatique » résume le conseiller.
D’origine méditerranéenne, il peut rester en place 4 ou 5 ans, et est une option pour faire persister les trèfles sur des sols séchant.
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