Avec 70 000 ha en déshydratation en 2022 (+ 1,5 % par rapport à l’année précédente), la filière luzerne maintient sa production, avec environ 755 000 tonnes. Si la guerre en Ukraine a eu des conséquences importantes sur le coût du gaz et de l'électricité, le secteur a limité la hausse à 15-20 % sur les coûts de l’énergie liés à la déshydratation, grâce à un plan de décarbonation amorcé en 2005 et accéléré ces dernières années, a expliqué Yann Martinet, directeur de la Coopération agricole Luzerne de France, le 14 février.
Une décarbonation bien avancée
Ainsi, deux nouvelles lignes ont été converties en 2022, et la baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES) atteint 90 % par rapport à 2005, pour des émissions aujourd’hui de 0,105 tonne équivalent CO2 pour une tonne de luzerne déshydratée, soit environ deux fois moins qu’en 2020. L’objectif est d’atteindre 0,078 tonne équivalent C02 d’ici 2025. Deux nouvelles lignes sont en cours de conversion pour 2023. Les résultats de ce travail de longue haleine « arrivent au bon moment face à l’augmentation du coût de l’énergie », salue Eric Masset, président de la Coopération Luzerne de France.
Reste encore à valoriser ces efforts lors de la commercialisation de l’aliment, ce qui nécessite une actualisation des bases de données, ainsi que la prise en compte des effets des reliquats azotés et du potentiel de stockage de carbone de la culture, cette dernière étant aujourd’hui considérée au même niveau qu’une prairie temporaire, regrettent les représentants de la filière.
Fermeté du marché et tensions sur les assolements
La guerre en Ukraine devrait continuer à peser sur la filière en 2023, en contribuant à tendre davantage le marché. La hausse des prix de l’énergie a pesé, en 2022, sur les productions espagnoles et italiennes, moins soutenues qu’en France où les producteurs bénéficient d’aides couplées. « On a dû sacrifier une partie du grand export pour se concentrer sur le marché européen », témoigne Pierre Bégoc, directeur de Désialis, premier opérateur européen des produits déshydratés. Alors que la sécheresse – la quatrième en cinq ans- a donné lieu à une production plus faible que prévu et fait considérablement baisser les stocks.
Dans ce contexte, l’année 2023 ne démarre pas forcément sous les meilleurs auspices du point de vue de la pluviométrie, d’autant qu’une partie des nappes phréatiques ne sont pas rechargées. En parallèle, la forte volatilité des céréales renforce les tensions sur les assolements. Pour Pierre Bégoc, le marché sera caractérisé cette année par « une plus grande fermeté », avec une inconnue, la demande chinoise.
La Pac 2023-2027, un encouragement à produire de la luzerne
La nouvelle Pac devrait néanmoins contribuer à maintenir des surfaces en luzerne, avec une aide couplée aux légumineuses déshydratées évoluant entre 100 et 140 €/ha (contre 112 €/ha hors fongibilité lors de la précédente programmation). En parallèle, la production de luzerne permet d’accéder au niveau supérieur des écorégimes par la voie de la diversification, donnant droit à 80-82 €/ha. 10 % de luzerne dans son assolement permet d’obtenir trois points sur cinq dans le calcul de ces éco-régimes. Enfin, l’introduction de légumineuses dans la rotation permet également de réduire le pourcentage de terres en jachères à 3 % au lieu de 4 %.
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