« Le cédant a racheté des terres pour que je puisse reprendre la ferme »

Gwendal Sourdain jeune éleveur de vaches laitières
L’intervention du cédant puis de la Safer a sécurisé l'installation du jeune éleveur, au niveau foncier et économique. (©Cécile Julien)

Sans les 20 hectares que des propriétaires ne voulaient pas lui louer, le projet d’installation de Gwendal Sourdain n’était plus viable. Alors son cédant et la Safer se sont mobilisés pour racheter ces terres et les mettre en location au jeune éleveur laitier.

En 4e, Gwendal Sourdain choisit de partir en MFR parce qu’il envisage un métier dans les travaux publics. « Je n’ai pas trouvé de stage dans ce domaine. Alors, je suis allé dans une ferme, près de chez mes grands-parents, en espérant conduire des tracteurs, retrace-t-il. En 3e, j’ai changé d’exploitation et j’ai découvert la production laitière. »

L’éleveur voulait transmettre à un jeune

Le jeune homme prend goût à l’élevage. Son bac pro en poche, il est employé trois ans comme agent de pesée, spécialisé en robot, chez Eilyps, organisme de contrôle de performances basé en Ille-et-Vilaine. « Un éleveur de Noyal-sur-Vilaine, chez qui je passais, m’a fait savoir qu’il cherchait, avec un collègue, un salarié agricole. J’ai pensé pourquoi pas ». Pendant trois années, Gwendal va donc travailler dans ces deux élevages. « J’ai rencontré les agriculteurs de la commune par le biais de l’entraide, de la Cuma. L’entente entre eux m’a bien plu. »

La prime de cessation laitière peut pourtant être intéressante.

Quand il apprend qu’un des adhérents de la Cuma se pose la question d’arrêter le lait ou de céder son exploitation, Gwendal Sourdain le contacte rapidement. « Sa laiterie n’était plus intéressée par le lait conventionnel. Elle poussait les producteurs soit à passer en cahier des charges "sans OGM" ou en bio, soit à cesser la production laitière. Ça se comprend : quand tu approches de l’âge de la retraite, la prime de cessation peut être intéressante », reconnaît-il.

Tout s’est enchaîné très vite.

Mais l’éleveur a envie de transmettre sa ferme à un jeune. « Je suis venu le voir le vendredi. Le lundi, il avait prévu de se rendre à la chambre d’agriculture pour inscrire l’exploitation au RDI afin de trouver un repreneur. Tout s’est enchaîné », se souvient le jeune homme, qui prend toutefois le temps de valider son projet d’installation dans l’élevage avec son épouse. « On a pesé le pour et le contre, réfléchi à notre organisation familiale avec deux enfants en bas âge », précise-t-il.

La ferme qui correspondait au projet

« Je n’étais pas vraiment en recherche active d’une ferme, se rappelle le jeune éleveur. C’est vraiment l’opportunité d’avoir une structure fonctionnelle, à la bonne dimension pour moi, dans une commune où je connaissais des agriculteurs, qui m’a motivé à reprendre l’exploitation. Depuis que j’étais embauché chez Eilyps, je me disais que si je décidais de m’installer en élevage, c’était à Noyal et au sein de cette Cuma ».

Si je m’installais, c’était dans cette commune et cette Cuma.

La ferme a l’avantage de ne pas demander de gros investissements, tout en étant évolutive. Dans la stabulation, une partie pour le stockage peut être équipée de logettes. La salle de traite 2 x 6 en TPA est performante. « J’ai juste acheté un bol mélangeur pour l’alimentation », confirme le jeune producteur.

Pendant un an, il effectue un stage de pré-installation (ou parrainage) pour réaliser son parcours d’installation agricole, valider la faisabilité économique de la reprise de la ferme et se former. « Cette période m’a aussi permis de découvrir la structure et de voir si on s’entendait bien », met en avant le jeune exploitant, qui va officiellement devenir éleveur le 1er juin 2022.

Cette ferme est son bébé. Je ne vais pas le mettre à la porte,
mais il sait qu’il doit me laisser les rênes.

La bonne entente entre repreneur et cédant a facilité la transmission de l’élevage. « Cette ferme est son bébé, je n’avais aucune envie de le mettre à la porte », explique Gwendal Sourdain. De son côté, le futur retraité savait qu’il devait lui laisser les rênes. « Il ne s’impose pas mais vient me donner un coup de main quand je lui demande, apprécie le jeune agriculteur. Pour moi, avoir quelqu’un sur place est rassurant. Pour lui, c’est une transition en douceur. »

20 ha auraient pu empêcher l’installation

Concrétiser le projet n’a cependant pas été sans souci. « Des propriétaires ne voulaient pas me donner à bail certaines terres. Sans ces 20 ha accessibles, ce n’était plus viable », explique-t-il. Son cédant se mobilise pour que le futur éleveur puisse les exploiter. Il fait valoir son droit prioritaire en tant que fermier en place et les achète.

Sans cette surface, ce n’était plus viable.

« Puis, la Safer a utilisé son droit de préemption pour leur rachat, afin de me les louer via un portage foncier, poursuit Gwendal. Pendant cinq ans, je lui verse un fermage. Ce dispositif pourra soit être renouvelé, soit un investisseur pourra racheter les terres et me les mettre en location sous bail. » L’intervention du cédant puis de la Safer a sécurisé la situation du porteur de projet, lui permettant d’avoir suffisamment de surface accessible sans être obligé d’acheter le foncier.

Car économiquement, tout doit être calculé au plus juste. « J’ai juste acquis le bâtiment, le cheptel, du matériel et 1,2 ha. Le cédant a souhaité garder sa maison d’habitation. Cela ne me dérangeait pas car j’avais déjà la mienne et, pour bien séparer vie professionnelle et privée, je préférais ne pas habiter sur l’exploitation. En plus, je ne suis pas sûr que la banque aurait suivi dans ce cas. »

Suffisamment de surface accessible, sans devoir acheter.

Au final, 18 mois après son installation, Gwendal Sourdain est plutôt satisfait. La réalité, sur le terrain, « correspond bien à mes attentes », se réjouit-il, avant de conclure : « Et j’arrive à dégager un revenu. »

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