« L'outil de production était là et fonctionnait bien » pour s'installer en lait

Rémi Chaudey est installé depuis le 1er janvier 2023 sur l'élevage familial de 120 vaches laitières. (©Cap'lait)
Rémi Chaudey est installé depuis le 1er janvier 2023 sur l'élevage familial de 120 vaches laitières. (©Cap'lait)

L'installation en production bovine laitière est encore possible, comme l'illustre le témoignage de Rémi Chaudey, en Haute-Saône. « J'ai eu la chance d'arriver sur une structure performante », reconnaît-il même si le Gaec projette de réorganiser le travail. Objectif : « qu'une seule personne puisse s'occuper des vaches ».

« S'installer en lait de plaine (autrement dit standard), ça en vaut la peine » encore, malgré les difficultés que traverse la filière ! C'est ce que veut montrer le projet Cap'lait baptisé de cette manière, mené en Bourgogne-Franche-Comté et dont les résultats ont été présentés lors d'un webinaire sur Youtube il y a quelques semaines. 

Un état des lieux de l'installation bovine laitière dans la région a d'abord été dressé par la chambre d'agriculture : profils des candidats, type de transmission d'exploitation, montant des reprises... Et comme la dynamique régionale semble plutôt bonne, avec un jeune installé dans 40 % des élevages, le CER France BFC a cherché à l'expliquer, détaillant les résultats de cette recherche lors de cette conférence.

Mais quelle meilleure preuve que celle qu'apportent eux-mêmes les jeunes éleveurs laitiers, comme Rémi Chaudey qui a rejoint son père et son cousin sur l'exploitation familiale le 1er janvier 2023. Ils élèvent 120 vaches à Colombier (Haute-Saône) et produisent 1,2 Ml de lait, livrés chez Sodiaal. À cela, s'ajoutent un atelier allaitant de 50 mères et un deuxième d'engraissement de taurillons. Le tout sur 300 ha de SAU, dont 250 ha pour l'alimentation du troupeau et 50 ha de cultures de vente, du blé essentiellement.

« Nous nous sommes mis autour de la table »

« Après mon Bac STAV et mon BTS production animale en alternance, je devais reprendre une autre ferme mais ça ne s'est pas fait », raconte Rémi. Alors quand son oncle est parti à la retraite, il l'a remplacé, sans augmentation de surface, en rachetant juste les parts sociales.

Même en famille, il faut s'adapter.

« Dans le cadre familial, c'est souvent plus simple. Nous nous sommes mis autour de la table et nous avons fait les estimations », relate-t-il. Les producteurs ont tout de même fait appel au centre de gestion pour qu'il estime, lui aussi, les parts sociales et réalise les montages financiers avec les banques.

« Un outil dimensionné pour plus de lait »

En tant que jeune agriculteur, Rémi Chaudey a bénéficié d'une attribution de 200 000 l supplémentaires. « Nous avions anticipé et avons pu faire ce volume dès la première année », fait-il remarquer. Il faut dire que « l'outil de travail était là et était dimensionné pour produire plus de lait, et la structure fonctionnait bien » « Une vraie chance », reconnaît-il.  Malgré tout, « il faut s'adapter » même en famille. Les associés déjà en place autant que le nouveau venu ! « Progressivement » cependant car « on ne peut pas tout révolutionner du jour au lendemain ».

On signe avec la banque pour 20-25 ans !

Raison de plus, dans le cas d'une installation hors cadre familial, de travailler quelque temps ensemble auparavant. « On ne peut pas arriver un matin en claquant des doigts. Faut pas oublier qu'on signe avec la banque pour 20-25 ans ! » Le Gaec Chaudey envisage, en effet, une réorganisation du travail pour « qu'une personne seule puisse s'occuper des vaches », sachant que la traite est robotisée. Salarié agricole durant 10 ans dans un autre élevage, Rémi n'était d'astreinte qu'un week-end par mois. Son objectif : avoir un dimanche libre sur trois.

« S'ouvrir sur l'extérieur »

Néanmoins, il faut en être conscient, souligne-t-il : « S'il y a un coup de bourre ou un problème sur une vache, faudra être présent. » « Aujourd'hui, j'ai un peu moins de temps libre mais je le savais avant de m'installer », poursuit le jeune homme. Revenant sur son parcours d'installation agricole, « il y a eu de bons moments et d'autres plus difficiles », mentionne-t-il. Toutefois, « le positif l'emporte ». « Faut aller de l'avant, penser que ça va le faire », conseille Rémi.

Faut  aller de l'avant, penser que ça va le faire !

Il insiste sur l'intérêt d'être passé avant par le salariat en exploitation. « Mon patron me laissait pas mal d'autonomie, ce qui m'a permis d'acquérir de la maturité. Ceux, qui restent chez papa maman dès la sortie de l'école, ont tendance à reproduire ce que leurs parents font. Là j'ai pu voir autre chose, rencontrer d'autres personnes et j'essaie de partager, petit à petit, l'expérience que j'ai pu développer. »

Une ouverture sur l'extérieur que le jeune éleveur entend conserver : il est président des JA du canton de Vesoul/Saulx/Port et fait partie du GIEE autonomie alimentaire. « Cela permet de sortir de la ferme et de découvrir des pratiques différentes », met-il en avant. Il envisage d'ailleurs de s'équiper de panneaux photovoltaïques en autoconsommation.

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