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Mon projet mon avenirPour s'installer : remplacer 50 % du troupeau allaitant par des vaches laitières

Le troupeau va passer de 65 mères Aubrac à une trentaine de vaches allaitantes et une trentaine de laitières. (©Gaec du Parilou)
Le troupeau va passer de 65 mères Aubrac à une trentaine de vaches allaitantes et une trentaine de laitières. (©Gaec du Parilou)

Réduire la production de viande pour se lancer dans le lait et le transformer à la ferme : tel est le projet de ces deux copains de promo d'école d'ingénieurs. Non issu du milieu agricole, Romain s'est installé avec François sur son exploitation familiale. Face à l'évolution des normes bio, ils doivent construire un nouveau bâtiment et, pour cela, ont fait appel au financement participatif.

François Verdier et Romain Guilloret se sont connus pendant leurs études d'ingénieur en agronomie. L'un est « fils, petit-fils et arrière-petit-fils d'éleveur » dans le Cantal, et veut « s'installer sur l'élevage familial, mais pas seul » ; l'autre est parisien, « a toujours eu la fibre agricole et animale, et souhaite devenir agriculteur ».

« Sans ferme dans la famille », « ce n'est pas mission impossible mais presque », craint-il. Alors en 2021, les deux copains tentent « un deal gagnant » : reprendre ensemble la structure du père de François, en créant le Gaec du Parilou. « Ainsi commence l'aventure de diversification et fabrication à la ferme », précisent-ils.

Située à Paulhenc, à 900 m d'altitude en moyenne, l'exploitation, en agriculture biologique depuis 2014, compte 120 ha (104 ha de prairies naturelles, 10 ha de prairies artificielles, 6 ha de triticale et méteil), 65 mères Aubrac, 21 génisses de renouvellement et 3 taureaux, nourris uniquement à l'herbe (pâturage de mai à décembre, foin le reste de l'année).

« Vivre de notre métier d'éleveur »

Dans le système actuel, François ne se prélève que 600 €/mois depuis deux ans et Romain, qui touche mensuellement 850 € d'aide à l'installation hors cadre familial, rien du tout, pour « travailler chacun 70 h/semaine ». « Nous aimons ce que nous faisons, mais voulons vivre de notre métier d'éleveur », indiquent les jeunes installés.

Alors ils ont décidé « de modifier l'outil de production ». Objectif : « se diversifier, sur la même surface exploitée, en étant résilient ». Pour y parvenir, ils envisagent de « diminuer le cheptel bovin allaitant de moitié », et de « monter un troupeau de vaches laitières », d'une trentaine de femelles Abondance et Simmental. Une race « rustique, adaptée à la montagne et à la marche », et qui produit un lait aux qualités indéniables pour la transformation.

90 % de la production sera livrée à la coopérative des Monts du Cantal pour fabriquer du Cantal bio haut herbage (alimentation 100 % foin et herbe pâturée). 10 % sera transformée à la ferme en yaourts, fromages blancs et crème fraîche, vendus en circuits courts dans des collectivités, restaurants, GMS et magasins de proximité.

« Pérenniser projets professionnel et de vie »

Or, suite à la nouvelle législation européenne en AB, « nos animaux ne pourront plus être à l'attache durant la période des vêlages et nous ne pouvons pas faire évoluer nos bâtiments en conséquence », expliquent les deux jeunes éleveurs, obligés de construire une nouvelle stabulation pour la salle de traite, la laiterie et le laboratoire, l'aire paillée du troupeau allaitant.

Un investissement important non prévu initialement, surtout avec la hausse des prix des matériaux qui a fait grimper le budget de 15 %, à 70 000 € (9 000 € d'abreuvoirs, 10 000  € de tapis de logettes, 15 000 € de fosse pour les eaux usées du labo, 12 000 € pour les appareils de contrôle de la température, de l'hygrométrie, du pH...). Mais néanmoins « indispensable » pour conserver la certification, et qui permettra « d'améliorer le bien-être animal et les conditions de travail », reconnaissent-ils. Pour pouvoir le réaliser, ils ont donc sollicité un financement participatif sur la plateforme Miimosa.


Ces évolutions sont « essentielles » à la pérennité de l'élevage, donc à celle de « nos projets professionnel et de vie », partagés par « nos compagnes respectives qui nous ont suivis » et donnent un coup de main, appuient les producteurs. « Nous exerçons une profession certes éprouvante, avec des journées à rallonge et des week-ends d'astreinte, dépendante de la météo et des marchés mondiaux, mais que nous n'échangerions pour rien au monde car c'est une passion », très enrichissante puisqu'elle allie de multiples compétences : agronomie, zootechnie, mécanique, gestion d'entreprise, agroalimentaire, etc.

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