Face aux aléas de production ou de marché rencontrés par les éleveurs laitiers, on parle souvent de capacité de résilience. D’un point de vue économique, quels sont les critères permettant de définir cette résilience ? Une étude réalisée par CERFrance Loire-Atlantique à l’aide d’une méthode spécifique y répond.
«La résilience économique d’une exploitation laitière est sa capacité à affronter les tempêtes pour assurer la pérennité de l’entreprise à long terme » : telle est la définition de François Lalloué, consultant à CERFrance Loire-Atlantique, proposée lors de la Journée laitière départementale du 22 février dernier sur le thème « Qui seront les éleveurs laitiers demain en Loire-Atlantique ? »
Depuis une dizaine d’années, le CERFrance Loire-Atlantique effectue une classification des « quart supérieur » et « quart inférieur » des exploitations, non plus sur le critère du revenu mais sur celui de la résilience. « Pour chaque exploitation, nous calculons la valeur ajoutée sur les produits, sur les UTH et sur les actifs du bilan, explique François Lalloué. Nous classons les exploitations selon ces trois ratios pour leur affecter des notes. Puis nous regardons les 25 % ayant les meilleures notes cumulées : ce sont les plus résilientes sur le plan économique. »
La marge brute déterminante
Selon cette méthode, le consultant a analysé les résultats des élevages laitiers du département pour 2021 et 2022, en conventionnel et en bio. « Il faut noter qu’il existe des exploitations résilientes dans tous les systèmes, souligne François Lalloué. Ce qui compte, c’est de rechercher la cohérence, et d’avoir un objectif de retour sur les investissements réalisés : ceux-ci doivent apporter de la productivité. »
En élevage conventionnel, l’exploitation moyenne de Loire-Atlantique compte 2,3 UTH, 143 ha (dont 33 ha de céréales), 91 vaches laitières pour 713 000 litres de lait vendu. En moyenne, sur 2021 et 2022, son revenu courant est de 37 000 €/UTH (3 100 €/mois). « Dans les exploitations considérées comme les plus résilientes, ce revenu atteint 59 000 €/UTH soit 60 % de plus que la moyenne », annonce François Lalloué.
Ces exploitations sont un peu plus grandes (+ 3 % de SAU, + 7 % de main-d’œuvre, + 14 % de lait vendu soit + 100 000 litres) et un peu plus productives (325 000 litres/UTH, soit + 20 000 litres). « Mais le principal facteur d’explication de la résilience est la marge brute qui est améliorée de 34 %, indique le consultant. En effet, l’évolution du revenu a la corrélation la plus forte avec celle de la marge brute. »
Ces exploitations génèrent un peu plus de produits : + 14 €/1 000 l, dont 9 € issus du lait et 5 € du produit viande. En face, les charges sont inférieures de 30 €/1 000 l en moyenne, dont 15 € de concentrés et 10 € de fourrages. « Un bon producteur de lait est d’abord un bon producteur de fourrages, déclare François Lalloué. Avec des fourrages de qualité, l’usage de concentrés est moindre. Les rendements sont également meilleurs, ainsi que l’autonomie en céréales. »
Au final, avec une marge par hectare de SFP supérieure de 37 %, une marge par vache supérieure de 17 % et une marge par UTH supérieure de 25 % par rapport à la moyenne des exploitations, on constate une meilleure productivité des surfaces, des vaches et des actifs, adaptée aux facteurs limitants de l’exploitation. Ces élevages possèdent davantage de capital mais les investissements sont bien dimensionnés et productifs. Et la ressource en main-d’œuvre plus importante permet de dégager du temps pour aller chercher des performances techniques en production laitière, élevage des génisses, production de fourrages et cultures. Du côté des producteurs bio, l’exploitation moyenne compte 2,8 UTH, 145 ha (dont 19 ha de céréales), 94 vaches laitières pour 571 000 litres de lait vendu. En moyenne, sur 2021 et 2022, son revenu courant est de 35 000 €/UTH (2 900 €/mois). Il atteint 54 000 €/UTH (+ 55 %) dans les exploitations considérées comme résilientes. Comme en production conventionnelle, celles-ci sont un peu plus grandes (+ 11 % de SAU, + 14 % de main-d’œuvre, + 20 % de lait vendu soit + 114 000 litres) et un peu plus productives (216 000 litres/UTH, soit + 10 000 litres).
Stratégie économe importante en bio
Leur marge brute est améliorée de 37 %, avec des produits supérieurs de 32 €/1 000 litres (9 € de lait et 23 € de viande) et des charges inférieures de 42 €/1 000 l (dont 25 € de concentrés et 12 € de fourrages). «Étant donné le coût des intrants en bio, la bonne productivité de la surface fourragère et la stratégie économe sont déterminantes », estime François Lalloué. En Loire-Atlantique, la marge par hectare de SFP est supérieure de 37 % dans les exploitations bio résilientes, exactement comme en production conventionnelle.
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