« Les études de l’Inrae visent à décrire, comprendre et analyser », rappelle Hervé Guyomard, chercheur à l’Inrae Bretagne-Normandie. Elles se bornent donc à fournir des outils aux décideurs. Celles qui ont été présentées lors du Space concernent la Pac 2023-2027 sous l’angle de sa capacité à inciter les agriculteurs à modifier leurs pratiques. Le résultat apparaît décevant. « On est dans un statu quo au nom de l’économie », poursuit le scientifique.
L’un des objectifs de la Pac 2023-2027 était pourtant de renforcer l’ambition climatique et environnementale. Dans ce but, le budget du premier pilier a été amputé de 25 % afin de créer les écorégimes. En se basant sur les données du Rica (1), on s’aperçoit que la quasi-totalité des exploitations françaises (99,85 %) a accès à l’écorégime de niveau standard, dont 85 % à son niveau supérieur. Ce pourcentage dépasse 90 % pour les éleveurs et se situe entre 66 et 69 % en grandes cultures. L’étude montre aussi que la subvention moyenne n’augmente que de 20 €/ha pour passer du niveau standard au supérieur. Or il faudrait plus de 90 € pour compenser la perte de revenu. En clair, la création des écorégimes échoue à faire évoluer les systèmes de production en France. Les pays voisins ne font guère mieux, en moyenne.
La difficulté rencontrée pour faire avancer les impératifs environnementaux vient du fait que le poids des aides est majeur dans les revenus agricoles. En moyenne sur douze ans (2010-2021), les aides directes représentent 75 % du revenu en France. Ce taux s’élève à 200 % pour les exploitations spécialisées en bovins viande, 84 % en lait et 58 % en grandes cultures. Dès lors, la perte de 25 % des aides du premier pilier peut avoir des conséquences dramatiques pour certains. Ce qui justifie, pour l’instant, un refus de réallouer vraiment ce budget vers ceux qui modifient leur système.
Il y aura des gagnants et des perdants
Les pratiques plus respectueuses de l’environnement et du climat sont généralement moins rentables pour les producteurs (pertes de rendements, surcoûts). Et les risques sont pris par eux seuls, au nom de l’intérêt commun. Il faut donc une compensation financière pour que les choses bougent. Car le consommateur n’est pas prêt à payer pour cela. Réallouer les aides de manière efficace implique donc, à budget constant, que les agriculteurs qui n’évoluent pas voient leurs aides baisser mécaniquement.
Inévitablement, les questions climatiques et environnementales vont revenir et s’imposer dans la prochaine Pac. Et cette fois, on peut parier qu’il y aura des gagnants et des perdants.
(1) Rica : réseau d’information comptable agricole (4 699 exploitations).
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