Le Conseil national des appellations d'origine laitières (Cnaol) a tenu son assemblée générale les 28 et 29 septembre à Laguiole (Aveyron). Son président a insisté sur la nécessité de faire évoluer les cahiers des charges pour aller vers plus de durabilité et répondre à la demande des consommateurs.
« Il s’agit de remettre les pas dans les traces de nos ancêtres mais il n’y a pas d’obligation à porter des sabots de bois », s’est exclamé le légendaire Aveyronnais André Valadier, 90 ans, à l’origine de la Coopérative Jeune Montagne et de l’AOP laguiole. Il s’exprimait lors de l’assemblée générale du Cnaol, le 28 septembre, qui justement abordait la question de la révision des cahiers des charges. Des cahiers des charges à vivre comme « des cahiers des chances », selon Martial Marguet, président de l’Institut de l’élevage (Idele) et éleveur en zone de lait à Comté, ou encore appelés lors de cette AG « cahiers de ressources ». Et Hubert Dubien, président du Cnaol, de bien spécifier que pour cela, il ne faut pas que « ces cahiers soient des coquilles vides ». L’objectif du Cnaol aujourd’hui est alors de définir un cadre commun, dans un souci de durabilité économique, sociale et environnementale. Pour cela, après plus d’une trentaine de réunions, plus de soixante engagements de durabilité ont été définis au sein desquels chaque Organisme de défense et de gestion (ODG) doit en prélever dix-huit à respecter dans leurs nouveaux cahiers des charges.
« Pour préserver la diversité de nos AOP laitières, il faut laisser un cadre commun assez ouvert », explique Hubert Dubien. Un cadre commun qui pourrait aussi intégrer des chartes, des formations, des observatoires, etc. La difficulté, cependant, réside dans le fait que « pour entrer dans les cahiers des charges, les engagements doivent pouvoir être contrôlables et mesurables », continue-t-il, d’où l’importance de travailler avec l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao). Sébastien Breton, délégué général au Cnaol, cite pour exemple l’engagement économique « Valorisation du produit auprès des acteurs du marché ». Les ODG pourraient alors tenir un observatoire économique comme outil de pilotage, à l’image de ce qui se pratique déjà dans les AOP de Bourgogne, afin de justifier l’application de l’engagement. La question du changement climatique avec l’apparition de nouvelles techniques est également venue sur la table. Déjà dans la filière vin, les cahiers des charges ont vécu des adaptations sur le plan des pratiques culturales. Le Cnaol, dans la même lignée d’évolution, demande à l’Inao de pouvoir améliorer la mise en place de dispositifs d’innovations (essais de nouvelles espèces, par exemple), dans un cadre bien défini, avec des essais très encadrés. De plus, le conseil souhaite établir « des plages de valeurs cibles » sur certains critères du cahier des charges plutôt que de rester figer sur une valeur fixe, comme le nombre de jours de sortie au pâturage (de 130 à 150 jours au lieu de 150 jours).
Évidemment face à tous ces engagements, la question de fluidifier les contrôles arrive spontanément en lien avec la dématérialisation. De plus, « baisser le coût du contrôle est un vrai enjeu car il y a un écart très important entre les grandes et les petites AOP avec un coût de certification allant de 5 €/tonne à 310 €/tonne, au risque que certaines AOP ne puissent plus suivre », constate Hubert Dubien. Les représentants des AOP semblent plutôt satisfaits de la démarche car, selon leur président, 75% des ODG déclarent faire évoluer leur cahier des charges en ce moment. « Cette réflexion nous a fait énormément de bien », analyse l’éleveur Jean-Baptiste Decheppe, trésorier de l’ODG brie de Meaux et de Melun, « nous nous sommes rendu compte de tout ce que nous faisions très bien dans nos AOP sans le dire ! ». C’est d’ailleurs par cela qu’Hubert Dubien a conclu l’AG, soit avec la demande d’un grand plan de communication au ministère de l’Agriculture, « plutôt que des rustines de communication », quelques jours après l’annonce du renforcement des crédits accordés à la bio, afin « de ne pas se retrouver dans une situation similaire au bio ».
Les simmenthals du Gaec Miquel-Cervel avec quelques aubracs produisent à plus de 1000 m d'altitude du lait pour l'AOP laguiole.
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