En quoi l’accélération du rythme des changements impacte-t-elle notre capacité d’adaptation ?
« Cette évolution demande au corps, à l’esprit, au cœur, d’intégrer de plus en plus vite, des changements de plus en plus nombreux. Tout le monde est amené à faire face aux aléas et accidents de la vie, à l’évolution de son environnement familial et professionnel, et au monde qui bouge de plus en plus vite (géopolitique, climat, épidémie, etc.)… Tous les corps de métiers, l’agriculture pas plus que les autres, sont concernés. Mais le rythme s’accélère. L’adaptation suppose un changement, parfois petit parfois gros, et des renoncements qui engendrent la perte d’une représentation, d’une idée, d’un point de vue côté pratique/technique, habitude, repère, croyance. Cela peut générer de la tristesse, de la colère voire de la peur : avec la traite robotisée serais-je à la hauteur ? Quelle image de moi vais-je donner ? C’est un processus émotionnel, pas seulement intellectuel, qui psychologiquement, correspond à un deuil. »
En quoi la question du sens de l’adaptation est-elle essentielle pour accepter le changement ?
« Si le sens n’est pas trouvé, alors la personne subit le changement et se démotive, ce qui engendre des résistances émotionnelles. Celles-ci peuvent être une source de souffrance destructrice, alors que l’énergie qui va vers l’adaptation et la construction (espérer un mieux) est positive. Alors que les agriculteurs ont une aptitude à intégrer les changements climatiques, pratiques, d’élevage, de matériel parce qu’ils parviennent à leur donner du sens (« ce nouvel équipement va me libérer du temps et réduire la pénibilité »), ils ont plus de mal face à certaines demandes administratives ou environnementales dont ils ne perçoivent pas l’intérêt. Devoir clôturer ses parcelles et y mettre plusieurs patous pour protéger les veaux du loup remet en cause la façon dont l’éleveur de plein air considérait son métier. On lui demande en fait de renoncer à la représentation qu’il avait de son activité. »
L’agriculteur est-il bien préparé à gérer tous ces changements ?
« L’adaptation exige des ressources techniques, économiques, relationnelles et humaines. Or en agriculture, les modules de formation continue restent axés à 75 % sur des sujets techniques. C’est utile mais insuffisant. Pour durer dans le métier, il faut aussi entretenir sa motivation, apprendre à identifier et gérer ses émotions. La nature et la qualité de son environnement professionnel et humain aident à s’adapter. Vivre avec des gens ouverts d’esprit et de cœur, est un facteur positif. À l'inverse, être entouré de gens conservateurs ou travailler dans une commune où les exploitations disparaissent n’aide pas. Chacun, au cours de sa vie, accumule une expérience en adaptation : passage de salarié à associé de Gaec, évolution des techniques de traite, etc. Plus on vit de changements positifs, plus on développe sa capacité d’adaptation. Le temps, la durée aide à s’adapter et à dépasser ses blocages. »
Y a-t-il des limites à l’adaptation ?
« Gérer l’adaptation ne signifie pas devoir s’adapter à tout et tout le temps. Chacun a ses limites. L’enjeu est de choisir de s’adapter en conscience pour ne pas subir l’adaptation. Nous ne sommes pas égaux dans la façon d’appréhender l’inconnu. Pas plus que par rapport à la flexibilité exigée par l’adaptation. Certaines personnes ont plus de facilité que d’autres. Pour autant chacun(e) peut apprendre à développer tout au long de sa vie sa flexibilité, et sa capacité à s’adapter positivement aux changements. »
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