Par votre parcours et vos engagements professionnels, quel regard portez vous sur la capacité d’adaptation des éleveurs ?
« Les agriculteurs en général, et plus particulièrement les éleveurs laitiers ont une grande capacité à s’adapter. Ils n’ont pas le choix. Ne pas évoluer, c’est condamner l’avenir de l’exploitation, voire disparaitre. Cette obligation est valable pour les autres secteurs d’activité. Les éleveurs s’adaptent consciemment ou inconsciemment. Pragmatiques, ils font évoluer leurs pratiques. »
En élevage laitier, quelles sont les principales difficultés à l’adaptation ?
« La première difficulté en élevage est le pas long dans lequel s’inscrit notre activité. On investit dans un bâtiment pour vingt à quarante ans. La terre fige les choses. L’idéal serait de pouvoir amortir rapidement les gros investissements, mais cela est difficile compte tenu de la faible rentabilité de nos systèmes laitiers. Privilégier des bâtiments évolutifs est également une voie, pas toujours évidente à concrétiser.
Les choix faits sur nos exploitations se télescopent par ailleurs avec des contraintes extérieures. Depuis 2000, la Pac nous demande de nous adapter au marché, mais en même temps des réglementations freinent notre réactivité. Dans les Hauts-de-France par exemple, la possibilité de retourner les prairies naturelles est limitée à quelques centaines d’hectare par an. De même, les écorégimes introduits dans la nouvelle Pac obligent à rallonger les rotations, alors que les débouchés pour ces nouvelles cultures ne sont pas forcément là.
Soumis à ces va-et-vient, l’agriculteur doit s’adapter au fur et à mesure. C’est une tâche d’autant plus complexe que les messages sont souvent contradictoires. Comme l’illustre l’effondrement du marché du bio. »
Quels sont selon vous les préalables et les limites de l’adaptation ?
"Pour être en capacité de s’adapter, il faut être souple et être capable de se remettre en cause régulièrement. Sans considérer pour autant qu’on le fait parce qu’on a mal travaillé ou parce qu’on n’a pas fait les bons choix à un moment donné. Être en veille est une nécessité. On ne peut plus considérer que ce qui était vrai hier ou aujourd’hui, le sera encore demain.
Les agriculteurs évoluent aussi au fil de leur carrière dans leurs envies propres (revenu, qualité de vie, passion des animaux et des nouvelles technologies, etc…) et leurs besoins personnels et familiaux.
Aujourd’hui dans nos villages, nous côtoyons de plus en plus de gens qui ne nous ressemblent pas. Mais nous avons envie de vivre comme eux.
Les exploitations laitières dont la taille et le capital sont extrêmement élevés sont confrontées à un enjeu de main-d’oeuvre et de reprise. Alors que le ratio capital investi sur revenu du travail n’est pas élevé, jusqu’où pourra-t-on avoir envie d’investir ? En cas d’appel à du capital extérieur, une réflexion sur le capital et la répartition du résultat s’impose.
Les exploitations de demain ne sont pas les grandes ou les petites, mais celles qui auront su s’adapter. »
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