
Au Gaec de Beauvert dans l'Ain, une partie des génisses est élevée pour l'export. Une façon d'accentuer la sélection et donc les performances du troupeau.
EN DÉCEMBRE 2013, LE GAEC DE BEAUVERT À CURTAFOND DANS L'AIN A VENDU CINQ de ses génisses montbéliardes pour le marché algérien. Âgées de 24 à 25 mois et gestantes de 4 mois, elles avaient été payées 1 450 € l'unité. « Une bonne valorisation », commente Didier Brevet, associé avec son frère Olivier, et à la tête d'un troupeau de 100 laitières. Le coût du génotypage des animaux avait été entièrement pris en charge dans le cadre du programme Optigénisse mis en place par les organisations d'élevage départementales (voir encadré). Chaque année, le Gaec élève une cinquantaine de veaux femelles, alors qu'une quarantaine seulement serait nécessaire au renouvellement du troupeau montbéliard. « Au cas où, il faut être prêt à produire plus », estime Didier Brevet. En quatre ans, la référence laitière du Gaec de Beauvert est passée de 600 000 à 810 000 litres (tout en A). « Pour accélérer le renouvellement, nous avons diminué l'âge au premier vêlage en passant de 3 ans à 2 ans et demi. Nous avons également rempli les bâtiments. Aujourd'hui, nous sommes en mesure de produire 950 000 litres, précise l'éleveur, mais nous ne monterons en production que si la conjoncture laitière est incitative. » Le lait livré en plus à la laiterie Bressor est en effet payé au prix B. À moins 140 € sur les troisième et quatrièmes trimestres 2014, le compte n'y est pas. Autant vendre quelques génisses. En particulier à l'export. « Sur le marché intérieur, c'est plus difficile, car beaucoup d'élevages sont en surplus comme nous. »
Vendre l'excédent de génisses permet d'accroître la pression de sélection. Dans l'élevage, les critères initiaux (lait et vitesse de traite) ont évolué depuis le passage en logettes creuses, il y a deux ans, et le développement de la référence laitière de l'exploitation.
« LE GÉNOTYPAGE PERMET DE TRIER PLUS FACILEMENT LES FEMELLES »
« Désormais, nous tenons compte davantage des aplombs, de la santé des mamelles et des cellules, de la longévité, explique Didier. En nous permettant de connaître précocement la valeur génétique des génisses, le génotypage nous permet de trier plus facilement les femelles. » Utilisé depuis trois ans dans l'élevage, il n'est pratiqué que sur la moitié des génisses, « celles qui appartiennent à la tranche intermédiaire sur laquelle nous avons des surprises. Des femelles que nous pensions bonnes et qui ne le sont pas, et vice versa. Nous ne faisons pas génotyper les filles issues de nos meilleures souches, ni de nos moins bonnes ».
« ELLES SONT GESTANTES DE 3 À 4 MOIS AU MINIMUM »
Optigénisse constitue une opportunité pour l'élevage, sans générer ni charges fixes ni contraintes supplémentaires. Pas question pour le Gaec d'investir dans un nouveau bâtiment pour en faire un atelier à part entière. Consacrer quelques places disponibles dans des bâtiments déjà bien pleins est par contre envisageable à certains moments de l'année. Compte tenu de la conduite d'élevage et de l'attention portée aux jeunes, le Gaec répond aux exigences du cahier des charges. Gestantes de 3 à 4 mois au minimum, les génisses exportées doivent être âgées de moins de 30 mois et indemnes d'IBR. Avec une mise à la reproduction à 21 mois en moyenne, voire un peu plus tôt selon le poids de l'animal (objectif 350 kg), le Gaec du Beauvert est dans les clous.
Dans le cadre du programme Optigénisse, le Gaec a bénéficié d'une remise de 15 % sur sa facture de semences sexées. « Cette remise incite à recourir à cet outil, bien que nous ayons un bon sex-ratio dans notre élevage. Mais la technique reste délicate. Sur notre troupeau, le pourcentage de réussite en première IA se limite à 40-50 %. Pourtant, nos vaches sont fécondes, avec plus de 60 % de réussite en première IA, moins de 15 % nécessitant trois IA ou plus. Nous inséminons en semences sexées les bonnes productrices. Peut-être sont-elles trop sollicitées ? »
Fin 2014, alors que les cours des génisses montbéliardes se situaient entre 1 350 et 1 400 €, les éleveurs de Curtafond ne savaient pas encore combien de leurs génisses partiraient à l'exportation. « La fermeture temporaire du marché algérien en raison de la fièvre aphteuse n'a pas perturbé plus que cela les marchés d'export des génisses, observe Alain Vuaillat, président des organisations d'élevage de l'Ain. L'embargo russe ne s'est pas appliqué aux animaux vivants. Afin de se prémunir contre les aléas de toute nature, les marchés approvisionnés par la coopérative Bovi-Coop, en partenariat avec Coopex Montbéliarde, ont été diversifiés, en particulier vers l'Europe occidentale (Angleterre et Roumanie). Les perspectives restent porteuses. »
ANNE BRÉHIER
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