
En Haute-Saône, Adrien Champenoux et Aurélien Drouhard se sont installés dans deux Gaec laitiers, membres d'une Cuma intégrale. Consacrer moins de 10 000 € chacun au matériel, en parts sociales de Cuma, a bien aidé leurs projets.
INSTALLÉS RÉCEMMENT AU SEIN DE GAEC en polyculture-élevage établis dans deux villages à cinq kilomètres de distance, Aurélien Drouhard et Adrien Champenoux sont voisins, et « collègues » de Cuma. Leurs deux Gaec appartiennent à la Cuma de la Haute Vallée du Durgeon depuis sa création, il y a près de vingt ans (lire encadré). Ils y sont engagés intégralement : leurs exploitations ne possèdent plus en propre que des tracteurs de ferme et le matériel d'alimentation du troupeau. « Ce fonctionnement en Cuma nous a permis d'économiser des charges, de créer un bon climat entre les exploitations membres, de partager beaucoup d'idées..., apprécient Michel Champenoux, père et associé d'Adrien, et Patrick Remond, associé d'Aurélien. Et elle vient de faciliter l'installation de ces deux jeunes agriculteurs sur nos exploitations ! »
En janvier 2012, Adrien Champenoux rejoint son père et son oncle Marc Champenoux au sein du Gaec Les Pâtis, en apportant 150 000 litres de lait. Il acquiert un tiers des parts du Gaec, constituées essentiellement de bâtiments et cheptel, pour un total de 76 000 €, ainsi qu'un tiers du capital social du Gaec dans la Cuma, soit 9 000 €. « Les parts du Gaec que j'ai acquises comprenaient comme seuls matériels en propre deux tracteurs et un télescopique, développe le jeune agriculteur de 23 ans. J'ai eu à investir bien moins que sur une exploitation propriétaire de tout son matériel ! » Sans Cuma, pour travailler avec le même niveau d'équipement, « il faudrait détenir un parc matériel de plus de 200 000 € par exploitation », estiment Michel Champenoux et Patrick Remond. Devoir reprendre un tiers d'un tel capital aurait de fait mobilisé l'essentiel de l'investissement consenti par Adrien Champenoux. Alors que ses 9 000 € de parts Cuma représentent seulement « un outil moyen parmi les trente au minimum que met en usage une exploitation de polyculture-élevage », souligne Philippe Mondelet, animateur de la FD Cuma de Haute-Saône.
« À ÉGALITÉ DANS LE GAEC, SANS CROULER SOUS LES EMPRUNTS »
Le jeune agriculteur apprécie de s'être trouvé « dès le départ à égalité avec [son] père et [son] oncle dans le Gaec, sans crouler sous les emprunts ». Il a financé sa reprise sur douze ans, dont neuf ans par prêts MTS-JA, complétés par des prêts Gaec sur les trois années restantes, et 10 000 € de dotation jeune agriculteur.
De plus, le projet a permis d'adapter les outils d'élevage au litrage supplémentaire. « Dans le cadre d'un plan de développement de l'exploitation, poursuit Adrien, nous avons investi 30 000 € dans l'agrandissement du bâtiment en aire paillée des vaches laitières, et 45 000 € dans une nursery pour une cinquantaine de veaux. » Le Dac a été équipé d'une vis autonome, et la salle de traite tandem 2 x 4 postes est passée en 2 x 5 « pour qu'un seul des associés puisse traire en une heure et demie ». En outre, le jeune agriculteur a pu financer des projets sur le plan personnel, notamment « acheter un terrain pour bâtir [sa] maison... ».
« AGRICULTEUR HORS CADRE FAMILIAL »
Petit-fils et neveu d'agriculteur, Aurélien Drouhard ne disposait pas de ferme familiale pour son projet. Après ses études agricoles, il a notamment travaillé quatre ans comme conseiller au Crédit agricole. « Le Gaec Saint-Léger faisait partie de mes clients et le courant passait bien avec Patrick Remond et son cousin Stéphane Lagondet. Une ferme laitière se libérait dans le village et tout s'est enchaîné, explique-t-il. J'ai commencé par un stage Proforea d'un an, avant d'entrer comme associé dans le Gaec en décembre 2013. »
Pour Aurélien, c'est évident : « Devenir agriculteur et me rémunérer correctement auraient carrément été impossibles sur une exploitation où il aurait fallu financer un parc matériel en propre, à même niveau d'équipement qu'ici ! » L'entrée dans le Gaec, avec la reprise de 55 ha et 200 000 litres de lait, a représenté pour lui un investissement total de 130 000 € constitué de cheptel, bâtiments et 8 000 € de parts Cuma. Aurélien Drouhard a lui aussi acquis dès son installation un tiers des parts de la société. Le financement des 130 000 € est assuré par des emprunts sur quinze ans. « C'est important d'être à parts égales, car on assure tous le même travail ! », souligne l'agriculteur de 27 ans.
Son arrivée au sein du Gaec Saint-Léger s'est aussi accompagnée d'investissements laitiers : 200 000 € ont été consacrés au réaménagement du bâtiment laitier et au remplacement de sa salle de traite 2 x 4 postes par un roto de 20 places. Ce nouvel équipement permet à un seul des associés de traire les 90 laitières en une heure.
Sur les deux exploitations, les éleveurs s'organisent pour se libérer du temps le week-end et prendre des congés, selon les mêmes modalités : « Nous sommes tous polyvalents sur les ateliers. Sauf en période de gros travaux, un seul des trois associés assure le travail du week-end : il trait toute une semaine, du lundi soir jusqu'au lundi matin suivant. C'est à tour de rôle, donc il ne traira ensuite plus pendant deux semaines et disposera de deux week-ends libres. »
« CELA PERMET DES ÉCHANGES ET L'ENTRAIDE »
Outre les aspects économiques, c'est aussi cette approche du travail que les deux jeunes agriculteurs apprécient : être en Cuma est aussi un avantage pour « l'entraide, les échanges, l'ouverture hors de sa propre ferme et l'organisation du travail que cela permet ». Ayant toujours connu ce mode de fonctionnement, il n'était pas question pour Adrien « de devenir agriculteur et travailler 80 heures par semaine, sans arrêt et sans vie de famille... ». Les échanges au sein de la Cuma ont également convaincu Aurélien. Il n'entendait pas devenir agriculteur autrement qu'avec « du lien social, du travail en collectif ». Sans compter que la Cuma sécurise l'aspect de la main-d'oeuvre. « Nos Gaec ne sont pas adhérents au service de remplacement, car nous savons qu'en cas de problème, nous pouvons compter les uns sur les autres ! »
CATHERINE REGNARD
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