
La certification Iso 14 001 concerne l'environnement des entreprises. L'association Terr'Avenir permet de s'y engager à plusieurs. Jean-Christophe Lepage et ses associés, éleveurs dans les Ardennes, en on fait l'expérience.
LA CERTIFICATION ISO EST UNE DÉMARCHE QUALITÉ reconnue internationalement. Elle atteste que l'entreprise qui s'en prévaut a été auditée par un organisme indépendant, et répond à un certain nombre de procédures et de normes. Elle se décline selon différents objectifs identifiés par des numéros : l'Iso 9 001 pour les services, l'Iso 14 001 pour la protection de l'environnement…
Dans le cas de Terr'Avenir, c'est de l'environnement qu'il est question. La certification est portée par un groupe, et non par des exploitations individuelles. C'est bien l'association régionale qui est certifiée, pour trois ans, à la condition que chaque année, un tiers de ses membres réussisse l'audit externe. Jean-Christophe Lepage, en Gaec avec son frère et sa mère, est l'un des trente deux membres – regroupant 5 000 ha – de l'association champenoise Terr'Avenir, certifiée le 1erLA CERTIFICATION ISO EST UNE DÉMARCHE QUALITÉ juin.
UNE VISION TRANSVERSALE
Autant que redorer l'image du métier, le but est, à terme, de sécuriser les débouchés par rapport aux contrats à venir dans la filière laitière (comme cela se fait déjà en pommes de terre). « Je suis producteur de denrées alimentaires. Il est normal de respecter l'évolution des normes. Qui accepterait que La certification Iso 14 001 concerne l'environnement des entreprises. L'association Terr'Avenir permet de s'y engager à plusieurs. Jean-Christophe Lepage et ses associés, éleveurs dans les Ardennes, en on fait l'expérience. ses enfants roulent dans un bus ou mangent dans une cantine répondant à celles de 1960 ? » La veille réglementaire, intégrée à la certification Iso 14 001, lui offre une certaine tranquillité d'esprit par rapport à d'éventuels contrôles, et transforme les contraintes en éléments du quotidien. Le coût de revient de cette démarche a été de 1 000 €/an net de subventions (Ademe et conseil régional) pour ces trois premières années. Le suivi de la certification sera facturé 1 200 € (quatre modules de formation, audit externe, logiciel informatique, cotisation à l'association…).
« L'Iso parle à tout le monde, ce n'est pas une démarche réservée à l'agriculture », souligne l'éleveur ardennais, qui soigne sa communication vis-à-vis du grand public depuis l'installation d'un robot de traite, en 2006. L'exploitation fait 330 ha, produit 800 000 l de lait et des bovins viande. La ferme de Turenne, dont le porche est classé monument historique, est située à Bazeilles, commune industrielle de 2 000 habitants aux portes de Sedan. Une partie des terres est en zone inondable, sur le périmètre de captage d'eau de la communauté de communes.
LES BONNES IDÉES DES AUTRES
L'environnement a donc toujours été un élément pris en compte par la famille Lepage (silos hors d'eau, capacité de la fosse à lisier pour six mois, cour bétonnée). Un autre argument de CER France, porteur de ce projet depuis 2002, l'a convaincu : « C'est une démarche transversale, centrée sur l'exploitant et sa façon de travailler, et non uniquement sur les produits d'une filière », confie Jean-Christophe. Une bonne façon de mettre en cohérence la charte des bonnes pratiques de la laiterie Ucanel, la transparence sur la conduite des cultures exigée par Champagne Céréales, et sur l'élevage pour le groupement viande Capeval. La démarche s'appuie sur un premier diagnostic environnemental par activité et par site, réalisé par l'animateur du groupe. Pour des questions de logistique et d'étendue géographique, le groupe est scindé en deux : un Nord-Champagne et un Sud-Champagne, avec chacun un animateur. Ensuite, chacun gère son plan d'actions. Les réunions ont toujours lieu chez l'un des membres de l'association. Y sont abordés la réglementation, les indicateurs de consommation d'énergie et d'eau, la biodiversité, la gestion des déchets, la communication… Le groupe compte des céréaliers, des producteurs d'oeillettes, de pommes de terre, des éleveurs de volailles hors sol, de moutons, deux laitiers dont le lycée de Rethel… « Une diversité fantastique » , apprécie Jean-Christophe, interpellé par la visite d'une des fermes, en système bio, pratiquant une rotation sur onze ans et le morcellement des parcelles pour réduire la pression des maladies et ravageurs. Avant l'intervention de l'organisme certificateur, il y a la phase des audits internes croisés. La première année, Estelle Delbar, l'animatrice du groupe Nord-Champagne, les a tous pilotés avec un agriculteur. Ensuite, à eux de s'organiser pour cet exercice formateur.
L'engagement des associés correspond à l'envie de ne plus subir mais d'anticiper les réglementations, en allant à son rythme. « Le système d'égouttage des bidons phytosanitaires, c'est de la récupération. Les panneaux de signalisation avec un bon poste à soudure et de la peinture n'ont pas dépassé 300 €… : en bricolant, les solutions ne sont pas forcément coûteuses », insiste le jeune homme. Le local atelier (voir photo), qu'il estime à 2 000 € maximum, apportera plus de confort de travail, ce qui est difficilement chiffrable.
MINIMISER LES COÛTS
« En travaillant sur la gestion des risques, il est possible d'aller rediscuter les contrats avec l'assureur », intervient Estelle Delbar. Les contrats collectifs se mettent en place pour les filières de récupération : avec Click Eco, dans l'Aube, pour les déchets souillés, avec le GDS pour les seringues de tarissement, une solution est en réflexion pour les pneus, pour le contrôle périodique des chariots télescopiques, des compresseurs et des installations électriques avec Veritas.
Désormais, sur la ferme de Turenne, le bois d'entretien des haies n'est plus brûlé mais vendu, ainsi que les palettes, à Unilin, une entreprise locale de panneaux d'aggloméré. Pour Jean-Christophe, le mieux serait de budgéter une enveloppe « environnement » – de 0,5 à 1 % du chiffre d'affaires – afin de se donner les moyens et de les « noyer » dans les investissements courants…
MIREILLE PINAULT
Supprimer les pneus - L'ingestion d'un corps étranger a causé la perte d'une vache : une partie métallique d'un pneu a traversé la bâche et s'est retrouvée dans l'ensilage. Dès la prochaine saison, des boudins remplis de gravier pour maintenir le filet de protection vont remplacer les pneus sur l'un des quatre silos. Les autres suivront au fur et à mesure. Investissement : 1 000 €/silo de 400 m2 pour des sacs traités anti-UV.
Réorganiser l'atelier - Le chemin de l'atelier passe par la laiterie et dans ce local exigu se côtoyaient poste à souder, bidons d'huile, cuve à fuel… Il a été vidé, rangé, et équipé d'une cuve de rétention pour les bidons d'huile, de poubelles dédiées. Les zones à risques (cuve à fuel, huiles) vont être délocalisées, à côté de l'aire de remplissage du pulvérisateur.
La rotation des cultures en question - Un tiers de la SAU est en pâture. Le maïs occupe 50 à 60 % de la Scop. Près de la moitié est cultivée depuis des années sur les mêmes parcelles et les variétés dédiées à l'ensilage ou au maïs-grain reviennent sur elles-mêmes. L'idée est de les faire tourner pour semer une dérobée derrière l'ensilage et d'intégrer de la luzerne dans la rotation blé/colza/escourgeon.
Revoir la signalisation des engins - Le diagnostic a pointé le défaut de signalisation de certains matériels. « On a souvent le sentiment que la route est à nous, reconnaît Jean-Christophe. Or, on traverse souvent le village avec des outils hors gabarit (semoir et herse rotative en 4 m). Olivier a bricolé des panneaux amovibles aimantés et on envisage de s'équiper d'un porte-engin. »
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