« NOUS CHERCHONS UN PRIX DU LAIT MAXIMAL »

Pierre-Louis Péran, Jean- Yves Nicolas et Michel Péran jouent sur les taux et la qualité pour maximiser le prix du lait.
Pierre-Louis Péran, Jean- Yves Nicolas et Michel Péran jouent sur les taux et la qualité pour maximiser le prix du lait. (©)

Le Gaec de Quinquis (Morbihan) obtient un prix du lait supérieur au prix de base de 40 €/1 000 l. Un résultat qui s'explique par la race du troupeau pie rouge mais aussi par une conduite vigilante.

SI LES ÉLEVEURS N'ONT PAS DE PRISE SUR LE PRIX DE BASE DU LAIT, ils ont en revanche les moyens d'améliorer le prix payé. L'incidence des taux et de la qualité est loin d'être négligeable, et résulte de la conduite du troupeau. Installés en 1979, Michel et Pierre-Louis Péran ont toujours cherché à produire un lait riche. Leur associé, Jean-Yves Nicolas, qui les a rejoints en 2008, partage cet objectif.

TIRER PROFIT DES ATOUTS DE LA PIE ROUGE

Les associés sont relativement spécialisés, tout en étant suffisamment polyvalents pour se remplacer. Jean-Yves et Michel s'occupent des animaux tandis que Pierre-Louis se charge du matériel et des cultures.

Le troupeau compte 130 vaches pie rouge. Un troupeau longuement sélectionné pour tirer profit de la rusticité et des taux qui caractérisent la race. Michel a été président de l'Uprapie rouge pendant douze ans. Mais au départ, le choix de cette race relève de l'histoire de l'exploitation. « Nos parents avaient des armoricaines dans les années soixante. Avec l'intensification laitière, ils ont fait partie de ceux qui sont allés acheter des génisses et des doses en Allemagne et aux Pays-Bas. », raconte Michel.

Selon les mois, l'incidence des taux sur la valorisation du lait varie de 19 à 62 €/1 000 l (voir ci-contre). Si la race compte, la ration est également calculée pour obtenir un lait riche. L'élevage travaille en ration semi-complète. En hiver, le troupeau reçoit chaque jour un mélange composé de 3,8 t de maïs ensilage, 700 kg d'ensilage d'herbe enrubanné, 400 kg de luzerne enrubannée, 450 kg de correcteur azoté, 100 kg de blé broyé et 30 kg de minéraux. Cette ration de base couvre une production de 25 à 26 kg de lait par jour. S'y rajoute un concentré de production distribué en salle de traite en fonction du niveau de production.

« Cette ration est riche en fibres et on peut voir que les vaches ruminent bien », souligne Michel. Elle permet aussi une bonne expression du potentiel génétique en production de lait et de protéine. Par rapport à la moyenne, le troupeau a un niveau génétique supérieur sur ces deux postes (respectivement 0,2 point et 66 kg). Et l'expression de ce potentiel est supérieure : 1 point et 1 117 kg.

TIRER PROFIT DU PÂTURAGE AVEC 130 VACHES

Au printemps, le troupeau continue de recevoir un peu de ce mélange, mais l'herbe pâturée devient majoritaire dans la ration. « Le silo reste ouvert pour les taurillons et nous distribuons environ 1,5 t/j de mélange aux laitières. » Pour lui, la taille du troupeau ne représente pas un obstacle au pâturage. Les taux baissent légèrement avec cette ration mais restent bons.

La ration permet aussi d'obtenir de bons résultats de reproduction. Le coefficient d'utilisation des paillettes s'établit à 1,73 contre 2,10 en moyenne dans le Morbihan. Quant au taux de réussite en première IA, il se monte à 82,4 % sur les génisses et 46,8 % pour les multipares. Ces chiffres se situent respectivement à 63,7 % et 40,8 % dans le département. Les éleveurs auraient pu jouer sur les périodes de vêlage pour optimiser encore leur prix du lait. Ils pensent qu'ils amélioreraient leurs résultats économiques en produisant plus en été. Mais ils préfèrent étaler les vêlages sur toute l'année. Pour eux, la gestion de la trésorerie est plus simple lorsque les recettes sont stables d'un mois sur l'autre. Et surtout, l'organisation du travail serait plus compliquée avec un groupement des vêlages. « Nous avons moins de pertes et une surveillance plus facile avec cette régularité. »

Enfin, la qualité du lait est au rendez-vous. L'an dernier, les éleveurs ont été pénalisés une fois sur les leucocytes et une autre fois sur les butyriques. Ces difficultés surviennent surtout en hiver, malgré les efforts réalisés sur l'hygiène. Les vaches à cellules ne font pas carrière ici.

GÉRER UNE HAUSSE DE QUOTA DE 25 %

Cette stratégie permet à l'exploitation de dégager du revenu, y compris sur le dernier exercice clos en septembre 2010. L'EBE est monté à 222 000 €. Pourtant, le prix de base du lait était resté faible sur cette période. Et surtout, l'élevage a dû gérer une augmentation de son droit à produire. « Jean-Yves s'est installé en juin 2008 en apportant 31 ha et 161 000 l de lait. Nous avons eu l'autorisation d'exploiter deux ans et demi plus tard ! ».

Cette hausse de production représente un quart des livraisons. Elle s'est faite sans achat d'animaux et la totalité du quota devrait être produite cette campagne. Les éleveurs vendaient habituellement une dizaine de génisses par an. Ils en ont gardé davantage ces dernières années pour se préparer. Mais surtout, ils ont moins réformé en 2010. Les vaches à cellules ou celles qui se reproduisent mal ont été conservées. Et puis, les éleveurs se sont montrés plus généreux en concentré pour assurer la production, ce qui a pénalisé le coût alimentaire. De même, la proportion plus élevée de primipares dans le troupeau a augmenté les besoins alimentaires.

La référence sera portée à 940 000 l au 1er avril, les éleveurs ayant demandé et obtenu 40 000 l de lait par le système de TSST. À ce volume livré se rajoutent les 100 000 l de lait nécessaires chaque année pour nourrir les veaux. Ceci n'est pas neutre sur le calcul du coût alimentaire, qui se base sur les livraisons.

Du fait de ces augmentations de la référence et de l'effectif, le troupeau n'est pas stabilisé. Il faudra trier les animaux en 2011, notamment pour éliminer les vaches à cellules. Une sélection plus dure qui devrait encore bénéficier au prix du lait. Mais avec une proportion de génisses plus faible et un effectif mieux adapté au quota, le coût alimentaire devrait redescendre.

PASCALE LE CANN

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

« L’IA ne remplace pas notre métier, elle le facilite »

Monitoring

Tapez un ou plusieurs mots-clés...